En couverture

11e Sommets du cinéma d’animation de Montréal

30 novembre 2012

VISIONS PARALLÈLES

À Montréal, dans cette ville où Norman McLaren entre autres créa de grandes œuvres, pour la onzième fois, Marco De Blois, responsable de ce secteur à la Cinémathèque, a organisé début décembre les Sommets du cinéma d’animation, cinq journées bien remplies à saveur de festival qui montrent l’étendue des préoccupations, des sujets et la variété des moyens et des visions qui forment la palette de ce mode d’expression sérieux ou ludique.

>> Luc Chaput

Ainsi le programme d’ouverture, ayant pour thème la liberté d’expression, allie un court par le Suisse Georges Schwisgebel de la série proposée et dirigée par Marcel Jean « Libérez Jafar Panahi » avec la première québécoise du dernier gagnant du César du film d’animation de Joann Sfar et Antoine Delesvaux, Le Chat du rabbin.  Adaptation de trois des volumes de la série de bandes dessinées éponyme de Sfar, le long métrage met en scène un chat qui a l’usage de la parole et émet des opinions sur les personnes et les événements dans son quartier de la ville d’Alger avant la Deuxième Guerre mondiale.

On y croise dans un environnement ensoleillé des gens de diverses religions enfermés dans leurs principes ou échangeant de manière ironiquement posée sur des sujets difficiles. Les Le dialogues sont très nombreux et l’histoire, en se déplaçant dans un périple terrestre mouvementé vers l’Éthiopie, se perd quelque peu dans les sables et finit de manière assez abrupte. Sfar et Delesvaux, avec l’aide de leurs interprètes vocaux dont François Morel, dans une animation précise et ensoleillée réussissent à soutenir l’intérêt dans ce conte nord-africain sur la tolérance.

D’un point de vue historique, en plus d’un programme de Norman McLaren à Steven Woloshen sur la pellicule gravée, les Sommets ont encore invité les Archives françaises du film pour nous présenter cette fois la version de 1949 d’Alice in Wonderland (Alice au pays des merveilles), du marionnettiste américain Lou Bunin. Cette coproduction entre la France, la Grande-Bretagne et le États-Unis, réalisée par Dallas Bower, a été rarement vu depuis sa sortie à cause des conflits avec la production contemporaine de Disney et semble-t-il de sa représentation iconoclaste de la reine Victoria.

Dans les œuvres étudiantes, The Making of Longbird du Britannique Will Anderson a gagné avec raison le prix du film étudiant à Annecy pour sa présentation joyeuse des embûches d’une reconstitution d’une œuvre ancienne spécialement quand le sujet, inanimé par définition, émet des critiques vocales virulentes sur le processus choisi. Franck Dion donnera une classe de maître sur la scénarisation et Edmond est un âne, sa dernière production, en est un exemple frappant par la subtilité par laquelle la vie d’un homme est déréglée et ce de manière graduelle par une mauvaise blague. Avec Kali the Little Vampire, Regina Pessoa poursuit son exploration des peurs de l’enfance et un très beau noir et blanc où surgit le rouge s’allie aux modulations de la voix enveloppante de Christopher Plummer pour créer un conte délicatement pénétrant sur la différence.

Voilà quelques-uns des nombreux films présentés en plus d’une rencontre avec l’animateur irlandais David O’Reilly et de deux programme belges à ces festifs sommets.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.