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Semaine du 9 au 15 mars 2012

9 mars 2012

LE FILM DE LA SEMAINE …

IL ÉTAIT UNE FOIS EN ANATOLIE
(Once Upon a Time in Anatolia / Bir Zamanler Anadolu’da)

DRAME | Origine : Turquie / Bosnie-Herzégovie – Année : 2011 – Durée : 150 minutes  – Réal. : Nuri Bilge Ceylan – Int. : Muhammet Uzuner, Yilmaz Erdogan, Taner Birsel, Mümtaz Taylan, Firat Tanis, Ercan Kesal – Dist. : Kinosmith | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc

Résumé
Trois hommes, un commissaire, un médecin légiste et un procureur se rendent dans le lieu d’un crime en compagnie du présumé meurtrier. Ce voyage poussera chacun d’eux à réfléchir sur le sens de la vie.

En quelques mots
Le film de Ceylan se divise en deux parties. La première est très brève (environ 10 minutes), puis la seconde, qui représente donc l’essentiel du film, fait 145 minutes. Cette disproportion est déjà très révélatrice des intentions de Ceylan. Dans le premier segment, nous faisons irruption, à travers une vitre salie et dépolie, au milieu d’une beuverie de trois hommes. On a donc vu quelque chose, ou presque, mais cela en cache-il davantage ? La suite du film consiste à percer ce mystère; 145 minutes sont nécessaires pour tenter de retrouver le cadavre d’un de ces trois hommes et d’essayer alors de comprendre ce qui a bien pu se passer entre eux. L’ensemble demeure opaque. Cela peut nous rappeler aussi bien Les Climats (pour une ballade qui nous fait ressentir un univers physiologique) que Les Trois Singes (où il y avait aussi des morts qui n’étaient jamais montrés). Ceylan, dans son portrait de la futilité d’une poursuite, des désespoirs qui se pointent, nous donne ici encore une grande leçon de cinéma. Ce film a eu ses nombreux détracteurs (comme Théorème ou Antichrist dans le passé), mais il s’agit encore ici d’une œuvre majeure.  >> Pierre Pageau

AUTRES SORTIES EN SALLE …

A THOUSAND WORDS
COMÉDIE | Origine : États-Unis – Année : 2011 – Durée : 96 minutes  – Réal. : Brian Robbins – Int. : Eddie Murphy, Clark Duke, Allison Janney, Cliff Curtis, Kerry Washington, Ariel Winter – Dist. : Paramount | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement

Résumé
Un homme apprend qu’il va bientôt mourir et qu’il ne lui reste plus que 1 000 mots à prononcer avant l’heure fatidique.

En quelques mots
SANS COMMENTAIRES.

FRIENDS WITH KIDS
COMÉDIE SENTIMENTALE | Origine : États-Unis – Année : 2012– Durée : 107 minutes  – Réal. : Jennifer Westfeldt – Int. : Jennifer Westfeldt, Adam Scott, Maya Rudolph, Kristen Wiig, Chris O’Dowd, Jon Hamm – Dist. : VVS Films | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Observant autour d’eux les effets négatifs du modèle familial traditionnel, un homme et une femme, amis de longue date, choisissent d’avoir un enfant ensemble sans s’engager sur le plan amoureux.

En quelques mots
On retrouve dans ce film plusieurs des qualités de Kissing Jessica Stein scénarisé aussi par Westfeldt mais aussi le sentiment qu’il parle surtout à une certaine classe de bobos newyorkais. Pourtant la trame de comédie romantique, prévisible malgré sa prémisse assez différente, enrobe quelques moments plus grincheux où les couples amis s’envoient à qui mieux mieux des vérités blessantes. L’interprétation d’ensemble venant d’un groupe d’amis de la scénariste et réalisatrice permet ainsi aussi de passer un bon moment.  >> Luc Chaput

JOHN CARTER
AVENTURES / SCIENCE-FICTION | Origine : États-Unis – Année : 2012 – Durée : 132 minutes  – Réal. : Andrew Stanton – Int. : Taylor Kitsch, Lynn Collins, Willem Dafoe, Samantha Morton, Mark Strong, Dominic West, Ciarán Hinds – Dist. : Buena Vista | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement

Résumé
Un vétéran de la Guerre civile américaine se retrouve sur la planète Mars habitée par trois peuples. Il doit convaincre les Tarks, une peuplade de géants à quatre bras, de l’aider à sauver une princesse promise par son père à un rival.

En quelques mots
Au départ, se trouve la volonté de Disney d’adapter le cycle de Mars de l’auteur de Tarzan Edgar Rice Burroughs et d’en donner la gouverne à un réalisateur d’animation (Wall-E) Andrew Stanton. De ce roman d’heroic fantasy qui a des rapports étonnants avec l’idéologie de la destinée manifeste qui prend plus de place, alors il y a cent ans, aux États-Unis, l’équipe n’a malheureusement réussi à donner qu’une pléthore d’effets spéciaux qui se greffent à une construction narrative trop complexe qui perd plusieurs spectateurs dans ses méandres. De plus la ressemblance entre ces aventures anciennes et Star Wars jouera pour plusieurs au détriment de ce nouveau film car Lucas sera vu comme un meilleur créateur de mythes que son inspirateur Burroughs.  >> Luc Chaput

KAHAANI
(Story)

DRAME | Origine : Inde – Année : 2012 – Durée : 120 minutes  – Réal. : Sujoy Ghosh – Int. : Vidya Balan, Parambrata Chatterjee, Nawazuddin Siddiqui, Saswata Chatterjee, Indraneil Sengupta – Dist. : Sana Boutique | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Enceinte de sept mois, Vidya se rend à Calcutta afin de retrouver son mari, apparemment disparu. Mais au cours de ses recherches, certains indices prouvent que cet homme n’a peut-être jamais existé.

En quelques mots
Un scénario intelligent, une intrigue percutante, une solide prestation de la part de tous les comédiens (particulièrement Vydia Balan, d’un naturel exceptionnel), ainsi qu’une riche technique visuelle et une finale inattendue font de ce Kahaani une excitante réussite. C’est du nouveau Bollywood, engagé, sans chants ni danses ou autres fioritures, s’ouvrant au reste du monde avec audace et détermination. En deux mots : hautement efficace.  >> Élie Castiel

ROMÉO ONZE
(Romeo Eleven)

DRAME | Origine : Canada [Québec] – Année : 2011 – Durée : 89 minutes  – Réal. : Ivan Grbovic – Int. : Ali Ammar, Joseph Bou Nassar, Sanda Bouremane, Ziad Ghanem, Caline Habib, May Hilal –  Dist. : Métropole  | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cinéma Beaubien [dès le 12 mars] – Excentris

Résumé
Souffrant d’une atrophie aux jambes, un jeune Montréalais d’origine libanaise cherche à s’épanouir en entretenant une relation avec une inconnue sur Internet. Lorsqu’il décide enfin de la rencontrer, il doit affronter ses propres démons.

En quelques mots
Ne passons pas par quatre chemins : Roméo Onze est une totale réussite et un des plus beaux poèmes adressés à la différence. Le film tient tout d’abord d’un pari avec ce que doit être un scénario de fiction. Aucune parole de trop, aucun temps mort, aucun artifice, nulle trivialité. Ivan Grbovic et Sara Mishara ont construit un récit d’une grande originalité, perspicace, osant se faufiler avec éclat, classe et sensibilité dans l’univers à la fois fragile et hasardeux de l’émotion et de la mélancolie. Et c’est justement cette sensation de langueur irréversible qui envahit l’écran. Pour la situer, des plans émouvants, des éclairages à la fois acceuillants et réservés, un ton grave et translucide, une caméra-témoin douce et discrète. Et pour l’incarner, un personnage hors du commun, une présence à l’écran sublime qui a pour nom Ali Ammar. En quelques mots, une révélation. Et pour le cinéma québécois, une des rares (et nécessaires) incursions dans l’autre Montréal, celui qu’on voit rarement à l’écran. Il était grandement temps.  >> Élie Castiel

SALMON FISHING IN THE YEMEN
COMÉDIE SENTIMENTALE | Origine : Grande-Bretagne – Année : 2011 – Durée : 107 minutes – Réal. : Lasse Hallström – Int. : Emily Blunt, Ewan McGregor, Kristin Scott Thomas, Amr Waked – Dist. : Alliance | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Un scientifique britannique, spécialisé dans la pisciculture, est contraint d’aider un cheik yéménite qui veut construire une rivière à saumon dans son pays. La vie banale de l’homme bascule pendant la réalisation de l’ambitieux projet.

En quelques mots
Le mélange de comédie romantique et de comédie satirique sur la puissance de l’argent et des conseillers politiques ne fonctionne pas car les deux termes se contredisent au lieu de s’additionner. Cela est en partie dû au scénariste et adaptateur Simon Beaufoy qui a rajouté des terroristes islamistes et des soldats en péril à un contexte déjà assez complexe mais aussi au réalisateur Halström déjà bien meilleur (The Cider House Rules) qui ne contrôle pas bien les scènes d’action. Toutefois la mise est presque sauvée par l’interprétation des deux comédiens principaux dans les rôles de personnes qui n’auraient pas dû se rencontrer et se plaire mais surtout par celle de Kristin Scott Thomas qui fait de cet attaché de presse un personnage presqu’aussi cynique que son modèle plausible. >> Luc Chaput

SILENT HOUSE
DRAME D’HORREUR | Origine : États-Unis – Année : 2011 – Durée : 85 minutes  – Réal. : Chris Kentis, Laura Lau – Int. : Elizabeth Olsen, Adam Trese, Eric Sheffer Stevens, Julia Taylor Ross – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement

Résumé
Une jeune femme est terrorisée alors qu’elle se trouve emprisonnée dans la maison de campagne de sa famille.

En quelques mots
La caméra le plus souvent subjective donne l’impression que le film a été tourné en un seul plan, sans aucune coupure, rappelant le célèbre Blair Witch Project (1999) de Daniel Myrick, et Eduardo Sánchez. Grâce à leur approche, les réalisateurs situaient le film d’horreur dans une nouvelle sphère narrative. Ici, peine perdue car même si Silent House bénéficie de la présence envoûtante d’Elizabeth Olsen, très grande comédienne en devenir, il n’en demeure pas moins que les invraisemblances, les nombreux clichés associés au genre et un scénario tiré par les cheveux contribuent à nous désamorcer et à vite susciter notre indignation.  >> Élie Castiel

TERRITORIES
(Territoires)

DRAME D’HORREUR | Origine : Canada / France – Année : 2010 – Durée : 70 minutes  – Réal. : Olivier Abbou – Int. : Roc Lafortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando, Alex Weiner – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Rentrant en voiture aux États-Unis, cinq amis se font arrêter en pleine forêt par deux membres de la police des frontières. Alors qu’ils n’ont rien à se reprocher, les policiers les accusent d’être des terroristes et leur font subir les pires atrocités.

En quelques mots
Le premier long métrage d’Olivier Abbou est avant tout une aventure risquée, une incursion impulsive dans le glissant univers du film de genre. Malgré les apparences, Territories tient la route grâce surtout à un mélange d’effets propres aux films d’horreur et de discours sociopolitique engagé. Mais le film est également réussi grâce à la direction photo de Karim Hussain (Hobo with a Shotgun). Chez ce chef opérateur (également réalisateur dans d’autres productions), il y a un rapport étrange et inquiétant entre lui et le filmé. Son objectif capte les personnages pour mieux les happer, saisissant chaque moment pour se laisser aller et se perdre dans quelque chose qui subsiste entre le délire et le subversif. Car en fin de compte, Abbou semble dire que la ligne de démarcation entre l’humain et le bourreau ne tient qu’à un mince fil.  Jolie proposition pour un premier film fait avec un instinct viscéral.  >> Élie Castiel

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