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Scientific Americans

12 février 2012

LA SCIENCE DES MOTS

Carol, programmeuse travaillant dans le domaine de l’intelligence artificielle, et Jim, assurant un emploi à la Défense nationale, forment un couple, en apparence, bien assortis. De le travail de Jim l’oblige à remettre en question sa propre intégrité.

En 2000, Robert Lepage signait une brillante adaptation cinématographique de Possible Worlds de John Mighton. Avec Scientific Americans, la pièce, l’homme de théâtre Andrew Shaver organise une mise en scène autour du discours amoureux et professionnel d’un couple formé de scientifiques. À première vue, l’idée de discourir sur les liens qui existent entre le privé et le professionnel est bonne en soi et sujette à maintes interprétations. Mais au théâtre, comme au cinéma d’ailleurs, il y a aussi une mise en situation, une proposition qui doit tenir debout, un rapport harmonieux entre le metteur en scène et les comédiens, une complicité réciproque entre ces derniers, une correspondance avec les spectateurs et finalement, émanant des auteurs, un regard sur le monde et la vie. Si d’une part Scientific Americans est rempli de bonnes intentions, elle ne livre pas tout à fait la marchandise. Est-ce dû aux dialogues, parfois superflus? Ou bien peut-être à une direction d’acteurs, par moments gauche et imprécise? Ou plutôt parce que concilier science et théâtre, à l’opposé de science et cinéma, risque de former un couple explosif, à la limite de l’utopique? Il aurait fallu dans ce cas ramener la science au rang du commun des mortels, la rendre accessible, lui donner un semblant d’humanité, lui attribuer ce côté vulnérable qui fait qu’on continue à l’admirer et à suivre ses progrès. Rien de cela ici, sauf la brillante direction artistique de James Lavoie qui a réussi un décor science-fictionnel d’une rare beauté, à la fois glacial, perturbant et, justement par sa simplicité, hautement sophistiqué.  >> Élie Castiel

COMÉDIE DRAMATIQUE | Auteur : John Mighton – Mise en scène : Andrew Shaver – Comédiens : Susan Bain (Betty), Michael Blake (Berger), Daniel Brochu (Crutchfield), Julia Course (Carol), Graham Cuthbertson (Bill), Trent Pardy (Jim) – Musique : Jesse Ash – Décors : James Lavoie – Costumes : James Lavoie – Éclairages : Sarah Yaffe – | Représentations : Jusqu’au 26 février 2012 – Centre Segal

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