En couverture

Semaine du 9 au 15 décembre 2011

8 décembre 2011

LE FILM DE LA SEMAINE …

THE ARTIST
(L’Artiste)

COMÉDIE DRAMATIQUE | Origine : France / Belgique – Année : 2011 – Durée : 100 minutes – Réal. : Michel Hazanavicius – Int. : Jean Dujardin, Bérénic Bejo, John Goodman, Penelope Ann Miller, James Cromwell, Missi Pyle – Dist. : Alliance | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement Cinéma Beaubien (dès le 25 décembre 2011) – Excentris (dès le 25 décembre 2011)

Résumé
À Hollywood, en 1929, l’arrivée du cinéma parlant bouleverse une industrie ancrée dans ses habitudes. Un acteur vedette du muet refuse pourtant de croire à cette invention et tente de continuer sa carrière en défiant la réalité.

En quelques mots
Michel Hazanavicius a eu la bonne idée de nous montrer dès les premières images comment se ressentait le cinéma muet. On y voit la star, pensive, derrière le grand écran alors que de  l’autre côté la foule des grandes premières hollywoodiennes s’émeut ou rigole à l’unisson tandis qu’un orchestre de dizaines de musiciens donne le pouls de l’action sous la houlette d’un chef en smoking. Le réalisateur nous plonge ainsi dans ce qui fut la force du cinéma sans parole : un contact direct et puissant avec l’émotion.  Ce contact était si fort que même Charlie Chaplin est demeuré perplexe devant l’arrivée des talkies et ne s’y est résolu que pour son dernier film. Que Le Dictateur (The Great Dictator / 1940) ait connu le succès ne fait que prouver, s’il en est encore besoin, l’étendu de son génie.  Beaucoup, dont l’humour physique animait les écrans du muet, n’y ont pas survécu. Imaginerait-on les Laurel et Hardy qui faisaient le bonheur des 40 ans et plus durant les intermèdes télévisés, faisant des blagues à la Seinfeld? Dans le monde du cinéma actuel, The Artist apparaît un peu comme une météorite sur la banquise. Mais ce bizarre objet charbonneux est, en vérité, un diamant.  >> Anne-Christine Loranger

AUTRES SORTIES EN SALLE …

THE ADVENTURES OF TINTIN
(Les Aventures de Tintin)

AVENTURES | Origine : États-Unis  – Année : 2011 – Durée : 107 minutes – Réal. : Steven Spielberg – Int. : Jamie Bell, Daniel Craig, Nick Frost, Simon Pegg, Andy Serkis – Dist. : Paramount | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement

Résumé
L’achat d’une maquette d’un voilier du XVIIIe siècle entraîne Tintin et son chien Milou dans une chasse au trésor pleine de rebondissements au cours de laquelle ils font la connaissance du capitaine Haddock.

En quelques mots
Fidèle à l’esprit plus qu’à la forme des albums, le réalisateur s’est octroyé d’autres libertés, étoffant la personnalité de ses héros (Tintin, plus opportuniste, n’oublie jamais qu’il a un reportage à boucler, Haddock révèle un humour insoupçonné et Milou s’avère être un allié athlétique et décisif dans de nombreuses situations), créant un méchant de toute pièce (le cynique Sakharine, descendant du sanguinaire Rackam le Rouge) et truffant son récit de scènes d’action explosives. Finalement, c’est ce rythme fou, presque oppressant parfois, qui rend le meilleur des hommages à l’œuvre d’Hergé, dont les albums n’étaient qu’action. Le monde n’est plus que mouvement, vitesse, mirages, reflets, apparitions, disparitions… Une apparence modulable à l’infini que Spielberg s’amuse à filmer à travers tous les prismes possibles (miroir, vitre, flaque d’eau…). Les aventures de Tintin est un film excessif mais pas fourre-tout. Ingénieux, étourdissant, porteur du même cocktail humour / aventure qui fit le succès de la série des Indiana Jones. Morale de l’histoire : en cinéma la fidélité n’est pas toujours une qualité.  >> Pamela Pianezza

CHARTRAND LE MALCOMMODE
DOCUMENTAIRE BIOGRAPHIQUE | Origine : Canada [Québec] – Année : 2011 – Durée : 86 minutes – Réal. : Manuel Foglia – Avec : Michel Chartrand, Yvon Deschamps, Amir Khadir, Luc Picard, Gilles Vigneault –Dist. : PVP | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc

Résumé
Par le biais de témoignages et de séquences d’archives, portrait de Michel Chartrand, celui qui a fait de la justice sociale le combat de toute une vie.

En quelques mots
Portrait d’un homme vieilli mais qui a gardé sa fougue en réponse aux anecdotes d’amis connus ou non et  qui offre de nombreux exemples de ses talents de tribun qui cultivait le sens de la formule, ce film  amicalement revendicateur  du réalisateur de Chers électeurs montre bien que le Québec a changé et que donc il est nécessaire de voir ou  revoir aussi les films de  Gilles Groulx ou Alain Chartrand dans lesquels cet homme démontre sa force de caractère et l’étendue de ses convictions.  >> Luc Chaput

LADIES vs  RICKY BAHL
COMÉDIE ROMANTIQUE | Origine : Inde – Année : 2011 – Durée : 140 minutes – Réal. : Maneesh Sharma – Int. : Ranveer Singh, Anushka Sharma, Parineeta Chopra, Aditi Sharma, Shireesh Sharma – Dist. : Sana Boutique | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Ricky Bahl, fraudeur plutôt charismatique et charmant, gagne sa vie en escroquant toutes les belles filles qu’il trouve sur son passage. Mais trois d’entre elles décident de se venger en utilisant les services d’une jeune vendeuse de magasin grande surface.

En quelques mots
L’idée de départ est bonne : porter une regard critique sur les liens pervers qui unissent l’individu indien du XXIe siècle aux valeurs de l’argent. C’est ce qui explique que l’action se passe à Mumbai et à Delhi, centres névralgiques nationaux de la mouvance économique. Et lorsque le héros principal est un escroc de la pire espèce, la satire est d’autant plus dévastratice qu’elle s’appuie sur des rapports de force où se mêlent séduction, appât facile du gain et irresponsabilité sociale. Mais il est dommage de constater qu’afin d’alléger le propos, le réalisateur cède également aux codes rigides de la comédie selon le système bollywoodien. N’empêche que les comédiens s’en tirent à merveille, tout à fait investis dans des rôles de composition qui leur vont comme un gant. Et cela malgré une finale moralisatrice plutôt équivoque.  >> Élie Castiel

LES NEIGES DU KILIMANDJARO
(The Snows of Kilimanjaro)

COMÉDIE DRAMATIQUE | Origine : France – Année : 2011 – Durée : 107 minutes  – Réal. : Robert Guériguian – Int. : Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Anais Demonstier, Grégoire Leprince-Ringuet, Gérard Meylan – Dist. : Métropole | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement – Excentris

Résumé
Pour sauver l’usine où il travaille, un chef syndical accepte d’être licencié avec 19 de ses collègues. Parmi eux, un jeune homme qu’une situation précaire pousse à chercher vengeance viendra bouleverser ses certitudes et celles de ses proches.

En quelques mots
À la toute fin, une scène d’une grâce et d’une sobriété bouleversantes résume à elle seule tous les fils du récit et les attache au cœur de celui-ci. À la plage, Marie-Claire révèle à Michel qu’elle a déjà prévu accueillir les petits frères abandonnés de leur voleur chez eux, mais qu’elle n’a pas pris la peine de lui en parler parce qu’elle connaissait déjà sa réponse. Michel ne dit rien. Les enfants arrivent de la baignade. Elle leur offre quelque chose à grignoter. La vie suit son cours. Rares sont les œuvres cohérentes et réalistes sur les gens heureux, généralement considérés peu intéressants. Voilà donc bien le signe d’un grand réalisateur, celui qui parvient à maintenir la crédibilité du bonheur d’un couple au-delà des doutes et de la colère passagère. Encore plus remarquable est celui qui parvient à le faire avec une émotion qui ne perd rien de son engagement social.  >> Claire Valade

NEW YEAR’S EVE
(La Veille du Nouvel An)

COMÉDIE | Origine : États-Unis – Année : 2011 – Durée : 120 minutes – Réal. : Garry Marshall Int. : Sarah Jessica-Parker, Halle Berry, Bon Jovi, Robert De Niro, Josh Duhamel, Zac Efron, Katherine Heigl, Ashton Kutcher, Michelle Pfeigger, Hillary Swank – Dist. : Warner | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement

Résumé
La veille du Nouvel An, à New York, des passants font leurs derniers achats. Des problèmes familiaux surgissent, des amours se nouent, des souhaits sont comblés. Vie et mort se rencontrent au seuil de la nouvelle année.

En quelques mots
SANS COMMENTAIRES.

THE SECOND TIMES OF TROUBLES
COMÉDIE DRAMATIQUE | Origine : Canada [Québec] – Année : 2011 – Durée : 115 minutes – Réal. : Erik Anderson – Int. : Erick Anderson, Mark Beach, Melissa Paulson – Dist. : 1st of July Films | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Johnny, étudiant d’histoire russe à l’université, voit sa vie chamboulée en apprenant la mort d’une ancienne flamme.

En quelques mots
Belle surprise que ce petit film qui nous arrive à l’improviste, sans s’annoncer, après un passage dans quelques festivals. L’originalité de ce premier long métrage réside justement dans son refus d’épater. C’est sincère, franc, sans prétention. De Truffaut, Erik Anderson a hérité la richesse des  dialogues et la spontanéité des situations; de Godard, la fougue de filmer coûte que coûte et l’anarchie des plans. Le jeune réalisateur se donne le rôle principal, savoure chaque instant où il se trouve devant la caméra, soigne ses protagonistes avec un sens déontologique dans la direction d’acteurs et se permet par-ci par-là des petites trouvailles scénaristiques. C’est filmé caméra à l’épaule, tremblante, hystérique parfois, sans aucun souci de l’image parfaite. À raison, car la position formelle du film ne fait qu’épouser un récit porté sur l’absence de l’autre, les inconvénients et les difficultés de la paternité et les rapports affectifs rudement mis en épreuve par les hasards de la vie. En fin de compte, The Second Times of Troubles est sans doute l’une des plus belles surprises cette année du côté cinéma québécois de langue anglaise. Mais aucun signe d’une présence française dans ce film pourtant tourné à Montréal et dans ses environs. Comme quoi les deux solitudes linguisitiques n’ont jamais été aussi isolées l’une de l’autre.  >> Élie Castiel

THE SITTER
(Le Gardien d’enfants)

COMÉDIE | Origine : États-Unis – Année : 2011 – Durée : 81 minutes – Réal. : David Gordon Green – Int. : Jonah Hill, Landry Bender, Kylie Bunbury, Ari Graynor, Kevin Hernandez, Sam Rockwell – Dist. : Fox | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement

Résumé
Chargé de garder les enfants d’une amie de sa mère, un jeune homme les entraîne dans une folle virée nocturne lorsqu’il accepte de trouver de la drogue pour sa copine en échange de faveurs sexuelles.

En quelques mots
Il est difficile de comprendre l’engouement que manifeste David Gordon Green auprès d’un certain milieu critique. Car de sa dizaine de films, seul Pineapple Express (2008) demeure son plus concluant. L’an dernier, Your Highness nous avait déçu et la sortie de The Sitter cette année a été retardée à quelques reprises, ce qui nous laissait présager le pire. Le résultat : cette comédie vitriolique se présente comme une satire sur l’urbanité et sur les différentes couches sociales plutôt bancale. Un petit film donc sans prétention qui affiche ses couleurs dès le départ, notamment en ce qui a trait aux interdits. Tout y passe : sexe, drogue, sacres, stéréotypes sexuels, provocations. C’est libre et jouissif, drôle pour ceux qui aiment ce genre d’humour et irritant pour plusieurs. Et Jonah Hill est à la fois cynique, égocentrique, tendre et émouvant. Une curiosité qui vaut sans doute le détour pour son côté bordéliquement iconoclaste.   >> Élie Castiel

SLEEPING BEAUTY
DRAME PSYCHOLOGIQUE | Origine : Australie – Année : 2011 – Durée : 102 minutes – Réal. : Julia Leigh – Int. : Emily Browning, Ewen Leslie, Rachael Blake – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc

Résumé
Une étudiante qui multiplie les petits boulots afin de boucler ses fins de mois est recrutée par un réseau de prostitution de luxe. Endormie grâce à de puissants sédatifs, elle prête son corps au désir des hommes durant la nuit.

En quelques mots
Premier film signé Julia Leigh, Sleeping Beauty est le récit peu conventionnel d’une jeune étudiante, Lucy, campé par la fascinante Emily Browning, qui pour arrondir ses fins de mois s’offre comme cobaye humain à des tests médicaux dont le spectateur en saisira jamais les enjeux, et qui en dernier recours accepte d’offrir son corps endormi entre les mains d’hommes âgés. Seule règle à ne pas contrevenir et formulée par l’hôtesse des cérémonies « Il n’y pas de pénétration,  votre vagin sera un temple». De ce personnage dont on ne saura très peu de choses, Leigh offre un portrait froid et distancé.  Au début on est intrigué, mais, après  une heure, on se lasse de ce film sans âme, pris au piège par son propre formalisme.  >> Sami Gnaba

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.