En salle

Jeremiah Tower: The Last Magnificent

15 juin 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1972, Jeremiah Tower a débuté au restaurant Chez Panisse, à Berkeley. Des circonstances le poussent à fonder Stars, à San Francisco. Et puis, après un succès instantané, il disparaît, pour revenir vingt ans plus tard. L’histoire d’une énigme.

CRITIQUE
★★★ ½

OSCAR WILDE AUX CUISINES
ANNE-CHRISTINE LORANGER

Imaginez Oscar Wilde, dandy suprême, prince du style, amoureux de l’élégance et ennemi juré de la vulgarité. Mettez-lui une toque, une enfance passée en première classe sur les paquebots sillonnant les sept mers et dans les restaurants des plus grands hôtels du monde et envoyez-le dernière les fourneaux d’un restaurant hippy de Berkeley durant les années 70. Le résultat ? Jeremiah Tower, chef sublime qui révolutionna la gastronomie aux États-Unis en valorisant ses produits indigènes, ses vins, ses fruits et légumes bio. La prolifération des marchés fermiers qu’on peut observer aujourd’hui partout en Amérique, ses fromages traditionnels, ses fruits et légumes du terroir, a beaucoup à voir avec la révolution qui démarra au petit restaurant Chez Panisse (nom par ailleurs emprunté à un célèbre restaurant situé sur la Croisette à Nice). Emballée par l’ambiance et la nourriture des petits bistros du sud de la France, Alice Waters décida de créer un petit restaurant sympa et pas cher pour ses amis, hippies, étudiants à Berkeley et artistes.

Jeremiah Tower. The Last Magnificent

Elle  engagea le beau, l’audacieux Jeremiah, dépourvu de formation classique mais riche d’une vie entière passée à cuisiner pour sa famille et ses amis à partir d’ingrédients venu des quatre coins du monde. La chimie entre ces deux individus opérera le début d’une révolution, où les noms des fermiers feront apparition sur le menu, où les chefs en cuisine boiront du champagne en écoutant Verdi à plein volume. « Si une chose mérite d’être effectuée, elle doit l’être avec style » disait le journaliste Lucious Beebe, maître à penser de Tower, qui adoptera son mode de vie et son amour du champagne en toutes occasions. Après une discorde devenue légendaire avec Waters, Tower fondera Stars à San Francisco et deviendra le premier Star chef au États-Unis, y transformant totalement l’expérience d’une soirée au restaurant.

Un beau portrait, subtil et attentif, d’un artiste des fourneaux,
pionnier d’une révolution culinaire et environnementale.

La documentariste Lydia Teraglia a eu l’inspiration de montrer, au début, Jeremiah Tower déambulant seul au milieu d’un temple au Mexique, puis en plongée dans la mer avec une raie manta à la fin du film. Ces métaphores visuelles ne manquent pas de profondeur et permettent de saisir cet homme solitaire, épris d’élégance et de grandeur et pour qui la médiocrité constituait le plus grand vice. Entrecoupées d’images d’archives et d’entrevues avec les amis, la famille et les collègues de Tower, les très belles images du directeur photo Morgan Fallon sont montées selon un style très classique, quoique dans une optique de cohésion entre la jeunesse de Tower, sa fulgurante montée et les raisons objectives de sa chute, tant avec Stars qu’avec Tavern on the Green à New York en 2015.

Un beau portrait, subtil et attentif, d’un artiste des fourneaux, pionnier d’une révolution culinaire et environnementale.

Sortie :  vendredi 16 juin 2017
V.o. :  anglais , mixte / s.-t.a.

Genre :  Documentaire  – Origine : États-Unis / Mexique – Année :  2017 – Durée :  1 h 43  – Réal. :  Lydia Tenaglia – Dist. :  Eye Steel Inc.

Horaires
@
  Cinéma du Parc

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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