En salle

Deprogrammed

16 juin 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
Le parcours que l’américain Ted Patrick a mené contre les sectes à partir des années soixante-dix. En devenant le pionner du « deprogramming », Patrick a contribué a extirper des centaines de jeunes gens embrigadés dans des sectes en tout genres, en usant de mesure souvent très controversées, et parfois à la limite de l’illégalité

Deprogrammed

CRITIQUE
★★★  ½
Texte : Charles-Henri Ramond

QUI CONTRÔLE QUI ?

Abondamment illustré de documents d’archives inédits, Deprogrammed de Mia Donovan (Inside Lara Roxx, 2011) est un film passionnant et savamment construit qui dévoile un fait méconnu dans l’histoire américaine : la croisade menée dans les années 70 par Ted Patrick, un « PhD du bon sens » comme il se nomme lui-même et qui s’était donné comme mission d’extirper les jeunes de l’emprise des sectes. Rapidement surnommé « l’Éclair Noir » ou « père de la déprogrammation », Patrick clame ainsi plus de 1600 « sauvetages ».

Grâce à un nécessaire retour historique sur la naissance des groupes religieux sur la côte ouest des États-Unis à la fin des années 60, Donovan nous permet de mieux saisir quelles étaient les motivations de leurs adeptes, tout en analysant leur rapport intime face à l’emprise de ces leaders de pensée et autres gourous charismatiques. Le film met ainsi en avant la totale liberté de ces êtres « psychologiquement intoxiqués » selon Patrick, mais qui, rétrospectivement, semblaient tous volontaires dans leur expérience de vie conduite en dehors d’un système qu’ils rejetaient.

Sans porter de jugement, Donovan met en lumière la
complexité de son sujet, laissant ainsi transparaître
des questionnements majeurs aux enjeux
moraux personnels à chacun d’entre nous.

Au cours d’une enquête de deux ans, Donovan filmera plusieurs anciens adeptes, dont certains laissent entendre que même si les coups d’éclat de Patrick semblaient justes, ses actes ont peut-être eu eux aussi des conséquences néfastes sur leur vie, en dehors du fait d’être illégaux. Enlèvement et séquestration perpétrée à l’insu du principal intéressé, entre autres moyens coercitifs. L’emploi de ces méthodes musclées, et les conséquences judiciaires que Patrick devra affronter durant toute sa carrière, marquent le film d’une constante notion d’ambigüité.

Sans porter de jugement, Donovan met en lumière la complexité de son sujet, laissant ainsi transparaître des questionnements majeurs aux enjeux moraux personnels à chacun d’entre nous. Entre autres, l’épineuse problématique du droit des parents à soustraire leur enfant de ce genre d’« intoxication » se pose, de même que celle du choix de tout être à vivre en dehors du système, quitte à en souffrir. Autant de doutes qui résonnent au présent avec l’évocation à plusieurs reprises des combattants de l’EI, soldats armés d’une puissance religieuse à qui ils ont voué leur vie. Allant bien au-delà du fait historique étudié, Deprogrammed n’offre au spectateur aucune réponse aux interrogations qu’il pose. Et c’est ce qui le rend d’une force incroyable.

Sortie : vendredi 17 juin 2016
V.o. : anglais
Sous-titres : français
Déprogrammé

Genre :  DOCUMENTAIRE – Origine :  États-Unis / Canada  –  Année :  2015 – Durée :  1 h 25  – Réal. : Mia Donovan – Dist. / Contact : EyeSteelFilm.
Horaires :  @  Cinémathèque québécoise

CLASSEMENT
Non classé

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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