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The Taming of the Shrew

4 mars 2016

CRITIQUE
★★★ ½

TÉLÉTHÉÂTRE MODERNISÉ
texte : Luc Chaput

Depuis plusieurs années, les salles de cinéma ont dû diversifier leurs offres. Après les présentations de combats en circuit fermé, l’opéra du Metropolitan de New York ou d’ailleurs suscite un intérêt au moins constant. L’arrivée de la technologie numérique de haute définition en 2k puis maintenant 4k permet une captation plus poussée des évènements. Dans ce contexte, des producteurs canadiens après leurs confrères européen, proposent aussi maintenant des pièces de théâtre jouées par les grandes troupes Ainsi Antoni Cimolino le directeur artistique de ce festival de théâtre de Stratford en Ontario s’est associé avec le producteur-réalisateur Barry Avrich en vue de présentations au cinéma de pièces du répertoire shakespearien jouées dans ce théâtre pendant la saison d’été-automne. Des moyens techniques importants sont donc employés pour tourner avec l’accord du public présent et averti à l’avance dans ce lieu où la scène s’avance vers les spectateurs qui l’entourent donc de trois cotés. L’interaction y est différente et le quatrième mur y est souvent brisé.

The Taming of the Shrew

Ainsi, dans l’introduction, un spectateur est pris à partie par des membres du personnel et des acteurs. Le spectateur turbulent se dit blogueur et insulte divers aspects de la production se basant sur la publication en vente à l’entrée. Chris Abraham renouvelle donc de cette manière le début de la pièce de William Shakespeare et accentue par ce moyen le côté commedia del arte qu’il imprime à sa relecture. Tout au long des réparties des acteurs comiques secondaires, des termes italiens culinaires sont rajoutés comme babil permettant aussi des changements d’accessoires plus harmonieux.

Dans les rôles de Katherina et de Petruchio, le metteur en scène a un couple de comédiens soudé de diverses manières. Ben Carlson et Deborah Hay complexifient habilement par petites touches ou grands effets de manche pour le Capitaine Fracasse qu’est Petruchio ces dialogues et monologues qui sont le vif-argent de cette pièce ayant connu de nombreuses attaques, surtout dans les derniers deux cents ans. La force de caractère que Deborah et Ben mettent dans leur jeu, mène le texte vers une conclusion plus limpide. Katherina, par ses changements de ton dans son dernier monologue, montre bien que les deux ont trouvé chaussure à leur pied et que l’apprivoisement continuera après aussi par les deux nouveaux mariés.

Ben Carlson et Deborah Hay complexifient habilement
par petites touches ou grands effets de manche pour
le Capitaine Fracasse qu’est Petruchio ces dialogues et
monologues qui sont le vif-argent de cette pièce…

Les protagonistes secondaires sont servis par des acteurs également pour la plupart de très bonne tenue et la musique aux accents de la Renaissance accompagne cette cavalcade dans un endroit restreint où un monde nous est recréé par la magie d’artistes contents de croquer dans un si beau texte. Cette production de l’été dernier, bientôt visible dans des salles de cinéma, trouve facilement sa place aux côtés de celle cinématographique de Franco Zeffirelli en 1966 mettant en scène ElizabethTaylor et Richard Burton et de la version de Cole Porter en comédie musicale Kiss Me Kate réalisée par George Sidney, où l’on voit entre autres un jeune Bob Fosse.

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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