En salle

Dancing Arabs

14 mai 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Admis dans une prestigieuse école de Jérusalem, un jeune Palestinien se lie d’amitié avec un étudiant juif et tombe amoureux d’une collègue, elle aussi juive.

L’UTOPIE DES POSSIBLES

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★ ½

Surtout connu pour La Fiancée syrienne (Ha-Kala H-Surit, 2004) et Les Citronniers (Etz Limon / Shajarat limon, 2008), l’Israélien Eran Riklis semble s’être donné comme objectif de remettre en question une certaine politique israélienne à l’égard des Palestiniens, notamment ceux déjà installés en Israël. Mais contrairement à un Amos Gitaï qui, lui, n’y va pas de main morte dans ses dénonciations démonstratives, le plus souvent justifiées par une politique locale socialement hostile, Riklis opte pour l’humour noir, la comédie acerbe mêlée adroitement aux codes dramatiques de la fiction.

LE FILM DE LA SEMAINE

Dancing Arabs_En salle

Si Gitaï filme par impulsion, engagement politique et sens moral, laissant les faits et les événements se prononcer, ajoutant même à l’occasion quelques mouvements de caméra qui obtempèrent à un parti pris, le réalisateur de Dancing Arabs (Aravim rokdim) adoucit les situations, laissant les plus dramatiques se résoudre par elles-mêmes. Ce récit d’amitié profonde entre deux amis, l’un Israélien, l’autre Palestinien, qui se retrouvent dans la même école de prestige israélienne à Jérusalem n’est pas exempt de petits et grands drames.

Avec Dancing Arabs, malgré sa forme candide,
sereine et à la limite, ludique, Eran Riklis a sans
doute réalisé, malgré sa simplicité, un de ses
films politiques les plus engagés, mais également
atteint d’un élan de romantisme naïf qui rend
la réconciliation voulue quasi inatteignable.

Mais derrière ce qui ressemble à une comédie dramatique douce-amère, se glissent des séquences où la transgression des codes du comportement se dessine à gros traits, soit du côté palestien que de l’israélien, assez pour que le message prenne un caractère politique (le jeune Palestinien et la jeune fille Israélienne entretiennent une relation amoureuses quasi ouverte). Sur ce point, une des séquences finales, au cimetière musulman, nous sommes les témoins d’un fait aussi déroutant qu’humainement solidaire, et qui nous paraît d’une force d’expression extraordinaire. Riklis n’a jamais été aussi loin dans sa propositon, dans son ouverture à un possible dialogue, jusqu’ici, de sourds.

C’est par l’émotion, la sensibilité du spectateur et le rapport de celui-ci à l’écran que le cinéaste se permet un tel revirement de situation. Il le fait avec courage, sans arrière-pensée, laissant à chaque geste et mouvement le soin de sublimer le moment. Car au fond, Riklis est un tendre, un amoureux du manichéisme utopique auquel il croit profondément. Pessimiste dans l’âme, tout le contraire de Gitaï, plus porté par la tentation de l’affrontement et de la confrontation, même s’il croit aux forces fragiles et tendancieuses de la négociation.

Avec Dancing Arabs, malgré sa forme candide, sereine et à la limite, ludique, Eran Riklis a sans doute réalisé, malgré sa simplicité, un de ses films politiques les plus engagés, mais également atteint d’un élan de romantisme naïf qui rend la réconciliation voulue quasi inatteignable. Il peut, par contre, compter sur un casting exceptionnel dominé par les jeunes Tawfeek Barhom et Michael Moshonov, tous les deux remarquables de conviction et qui rendent le propos encore plus consistant.

revuesequences.org
Sortie : Vendredi 15 mai 2015

VO : arabe, hébreu
STA > Aravim rokdim / Mon fils / A Borrowed Identity

Genre : Drame – Origine :  Israël / Allemagne / France – Année : 2014 – Durée : 1 h 44 – Réal. : Eran Riklis – Int. : Tawfeek Barhom, Ali Suliman, Laëtitia Edio, Daniel Kitsis, Yaël Abecassis, Michael Moshonov – Dist./Contact : Métropole.
Horaires : Cineplex

CLASSIFICATION
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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