En salle

Sur le rivage du monde

28 mars 2013

Résumé
Quelques personnes, des exilés qui attendent de pouvoir repartir ou de régulariser leur statut, vivent dans une maison en ruine, au coeur de Bamako. Ce documentaire leur donne la parole que notre planète mondialisée rejette.

En quelques mots
★★★
1/2
La parole a toujours été importante dans l’œuvre de L’Espérance. C’est aussi le cas de Sur le rivage du monde, de multiples façons. Au-delà de la parole en soi, celle des protagonistes, le cinéaste s’attarde aussi à la prise de parole qui ajoute un geste politique, social à la simple pensée prononcée. Une troisième dimension langagière chapeaute le tout : celle de la création artistique, le théâtre, la poésie et la chanson étant les véhicules choisis par les protagonistes pour exprimer leur désarroi, leur colère, leurs espoirs.

Le pouvoir du verbe artistique se révèle d’une cruciale vivacité dans l’expression des idées et la prise de parole de ces protagonistes. Et de quoi nous parlent-ils, ces laissés-pour-compte, ces oubliés, ces égarés du grand système économique mondial ? De mondialisme, justement, mais depuis leur perspective éminemment personnelle, animée par leur expérience d’une interminable errance. En cela, Sur le rivage du monde rejoint l’ensemble de l’œuvre de L’Espérance. Le collègue Philippe Gendreau, dans une entrevue avec le cinéaste dans Hors Champ, parlait en ces mots de la place de la parole dans Le Temps qu’il fait (1997) : « Tu construis davantage une géographie des discours que le tracé d’un territoire.1 » Si cela était vrai de son portrait d’un certain Montréal, il y a plus de 15 ans, cela semble aujourd’hui tout aussi pertinent au sujet de ces Africains sans attaches.

En effet, sans jamais identifier les lieux clairement, L’Espérance semble créer un espace physique qui tient plus d’un intangible no man’s land métaphorique que d’un lieu géographique concret. Pourtant, ces lieux filmés en longs plans calmes et répétitifs, presque figés, sont bien ancrés physiquement dans un territoire défini (Bamako). Seulement, comme il n’y existe aucune définition pour les errants, les migrants qui n’appartiennent pas audit territoire, ils y apparaissent en suspens, eux aussi figés dans le temps et dans l’espace. >> Claire Valade

Sortie : vendredi 29 mars 2013
v.o. : français

DOCUMENTAIRE | Origine : Canada [Québec] – Année : 2012 – Durée : 1 h 45  – Réal. : Sylvain L’Espérance – Dist. / Contact : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★
Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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