En couverture

Michael Cacoyannis | 1922-2011

12 août 2011

Avant l’arrivée de Theo Angelopoulos, au début des années 70, Michael Cacoyannis (en grec, Mihalis Kakogiannis) est considéré comme l’un des cinéastes grecs les plus importants de sa génération.  Si  Zorba le Grec (Zorba the Greek, 1964) devient à l’époque un véritable phénomène de société, c’est davantage pour la musique de Mikis Theodorakis et la présence époustouflante du plus grec des comédiens américanos-mexicains, Anthony Quinn. Car la vraie consécration de Cacoyannis se confirme avec des œuvres comme Électre (Electra, 1962) et Iphigénie (Ifigenia,1977), alors que le cinéaste d’origine cypriote réussit à évoquer les thèmes issus de la tragédie antique comme la famille, l’honneur, le destin, la vengeance et la mort, grâce aussi à la présence de sa muse, la grande comédienne grecque Irène Papas. Entre ses deux productions, une adaptation des Troyennes (The Trojan Women)  viscérale et enracinée avec une Katharine Hepburn et une Geneviève Bujold magnifiques.

Et pourtant, le jeune Cacoyannis n’était pas initialement destiné à une carrière cinématographique. Alors qu’il commence par étudier le droit en Angleterre, il préfère bifurquer vers l’art dramatique en entrant au Old Vic de Londres. Il devient ainsi comédien et metteur en scène de théâtre et travaille ensuite pour le BBC (British Broadcasting Corporation) au Service d’outre-mer, entre 1941 et 1950. Il retourne ensuite en Grèce et tout en menant une carrière parallèle au théâtre, se laisse influencer par le néoréalisme italien en tournant ses œuvres les plus poignantes.

Qu’il s’agisse du Réveil du dimanche (Kyriatiko xypnima), de Stella (1955), ou bien encore de La Fille en noir (To koritsi me ta mavra) ou de Fin de crédit (To telefteo psema), le cinéaste montre un savoir-faire indéniable, fait preuve d’une direction d’acteurs impeccable et propose un regard sur la vie et le cinéma d’une profond altruisme et d’un sens de l’observation percutant. Les quelques faux mouvements que représentent Le jour où les poissons sont sortis de l’eau (The Day the Fish Came Out, 1967), pochade politico-sociale plutôt manquée, et le confus Sweet Country (1986), sur la prise de pouvoir de 1973 par l’armée chilienne, et qui seront oubliés grâce à Cherry Orchard (La Cerisaie, 1993), nous font croire avec conviction qu’en une quinzaine de films, Cacoyannis demeure l’un des grands humanistes du cinéma grec.  >> Élie Castiel

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.