14 octobre 2016
C’est premièrement par son aspect documentaire et anthropologique que ce film nous interpelle. Il rappelle le cas de Nojoob Ali qui divorça à cet âge au Yémen, en 2008. La réalisatrice s’inspire de ce cas relaté entre autres dans un live écrit avec la journaliste française Delphine Minoui. Khadija Al-Salami introduit des éléments autobiographiques puisqu’elle et des femmes de sa famille ont connu des situations semblables de mariages forcés et de divorces avec opprobres pour les plaignantes.
Le scénario, écrit par la réalisatrice, se construit sur un double flashback. Le premier nous raconte l’histoire de Nojoob (« Caché »), appelée ainsi par son père parce que c’est encore une fille, à sa-naissance, suivie d’une vie heureuse dans un village retiré où elle connaît les joies de l’enfance.
La direction photo de Victor Credi montre bien l’ébahissement et le choc de l’arrivée de la gamine à Sanaa, la capitale. La cinéaste, également documentariste, oppose habilement les villages escarpés, bastides contrôlées par un cheikh, et la grande ville et ses boulevards et écoles. Le spectateur est ainsi amené par la forte interprétation de la jeune Reham Mohammed à comprendre et à ressentir les diverses émotions qui l’assaillent devant ce bouleversement de situation.
Les danses et d’autres éléments de la culture yéménite sont intégrés dans ce voyage à l’intérieur d’une culture où certaines traditions se basent sur de faux principes. Le deuxième retour en arrière permet de mieux comprendre les raisons de ce mariage forcé sans les excuser et de rappeler la place de la pauvreté et du servage des garçons autant que des filles. Nojoob, dans son affirmation, prend le prénom Nojoom (« Étoile »). Après Wadjda de la Saoudienne Haifaa Al-Mansour, voici un autre film essentiel sur la prise de parole des jeunes filles et leur avancée vers la lumière.
Genre : DRAME – Origine : Yémen / France / Émirats Arabes Unis – Année : 2014 – Durée : 1 h 40 – Réal. : Khadija Al-Salami – Int. : Reham Mohammed, Ibrahim Al Ashmori, Sawadi Al Kainai, Adnan Alkhader, Munirach Al Atas, Rana Mohammed – Dist./Contact : Axia.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Au risque de me faire accuser d’hérétique, je me permets d’avancer que Dany Boon, l’homme aux mille tics, frôle ici par moments le Louis de Funès de l’âge d’or : son rythme, sa dégaine, sa détermination, son antipathie que nous savourons délicatement à toutes les sauces.
Et puis, sans nous avertir, il s’en aperçoit et très vitre reprend son rôle en livrant une de ses meilleures performances depuis des lustres. De ce personnage d’avare exacerbé, de radin confirmé, émane une détresse émotionnelle, une tendresse de tous les instants, une façon de se comporter, certes atroce, mais qui nous pousse à compatir avec lui.
Son François Gauthier souffre, tient à changer, mais se trouve constamment bloquer par ce monde de consommation où rien n’est gratuit et se paie davantage (sur ce point, la scène au restaurant est magnfiquement chorégraphié). Mais le problème n’est pas là puisque Cavayé ne tient pas à aller plus loin sur la critique de la sociale.
Cela, c’est la force du scénario de Nicolas Cuche et Laurent Turner, un duo dynamique qui a le sens de la répartie et tout particulièrement des transitions. Il est important que les critiques n’aient pas peur des comédies populaires, de ces films qui n’ont que le seul besoin de divertir, car derrière certains de ces personnages, se cachent des âmes en peine. Et puis, nous sommes devant un film qui respire une certaine France, un endroit qu’on ne retrouve plus. Cet élan de nostalgie, voire même de mélancolie nous ravit et nous sortons de la salle, le cœur gros comme ças. Non habitué à la comédie, Fred Cavayé prend le risque de l’aborder, prouvant sans peine jusqu’à quel point il peut être à l’aise.
Le film lance de nombreuses zones grises, s’appuyant fort probablement sur une idée béhavioriste de l’individu, d’où l’accumulation de scènes magnifiquement réussies où le genre comique s’impose comme s’il fallait le prendre au sérieux.
C’est à la fois drôle, triste, surprenant, délicat et menée par une pléïade de vedettes totalement ancrés dans leurs personnages. Jusqu’à date, une des plus surprenantes comédies françaises de l’année. Et s’il demeure aussi versatile dans son registre, Dany Boon mérite sans nul doute notre grand respect.
Genre : COMÉDIE – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 30 – Réal. : Fred Cavayé – Int. : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidth, Patrick Ridremont, Karina Marimon, Christophe Favre – Dist./Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : SUSPENSE – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 2 h 08 – Réal. : Gavin O’Connor – Int. : Ben Affleck, Anna Kendrick, J.K. Simmons, John Lithgow, Jon Bernthal, Jeffrey Tambor – Dist./Contact : Warner.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)
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