17 novembre 2016
Autant qu’il peut déconcerter, Loving émeut aussi par moments ; par la sérénité de la mise en scène malgré un sujet crucial, par son refus de misérabilisme ou d’excès larmoyants, par son minimalisme devant une situation complexe. Tout ici ne semble que beauté, sincérité et humanité; malgré les confrontations avec un État de l’Amérique profonde en perdition, cultivant le racisme ordinaire avec une volonté de fer, sans remords ni rachat.
1958, aux États-Unis, époque pas si lointaine des revendications sociales en matière d’égalité des races. Pour Jeff Nichols, dont on avait largement apprécié son sublime Take Shelter (2011) et l’éclectique Mud (2012), il s’agit dans Loving d’une version filtrée du mélodrame traditionnel. Les arguments sont solides, l’interprétation adéquate, la transposition d’une époque trouble de l’Amérique bien instaurée, et l’ellipse, malgré les deux heures de projection, s’impose comme par défaut. Mais il manque quelque chose d’essentiel à tout film : l’émotion.
Entre Ruth Negga (Mildred) et Joel Edgerton (Richard), une symbiose, un amour inconditionel, mais en même temps une passivité qui rend les personnages froids, distants, presque désincarnés. C’est sans doute dû à la sérénité de la mise en scène d’un genre traité pour la première fois par un cinéaste intéressant et ambitieux de qui on s’attend à mieux.
Genre : DRAME – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 2 h 03 – Réal. : Jeff Nichols – Int. : Joel Edgerton, Ruth Negga, Morton Csokas, Nick Kroll, Terri Abney, Alano Miller – Dist./Contact : Universal.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Une discussion entendue dans la salle du Palais Montcalm de Québec après la projection de Pays en ouverture du FCVQ est amusante : « On dirait quand même un peu un téléfilm… C’est vrai que visuellement, c’est un peu plate. »
Nous ne savons pas si cette réflexion reflète l’opinion de la majorité des spectateurs, mais elle est intéressante car Pays nous apparaît tout le contraire ! L’attention constante portée au cadre, incluant la quasi-obsession pour les lignes droites à l’intérieur de l’image dont fait preuve Robichaud, est si aveuglante qu’elle attire presque trop l’attention du spectateur amateur d’image et de composition. D’un encadrement de fenêtre à une arête d’immeuble, en passant par un mur de briques ou un poteau dans le paysage, tout semble faire du visionnement de Pays un jeu pour cinéphile que l’on pourrait nommer « chercher la ligne droite » (même un rocher sur une plage est fendu en deux de manière rectiligne !). Le décalage entre la remarque restituée en début d’article et notre perception graphique du film est saisissant… et il n’est peut-être pas totalement anodin…
Texte intégral
Séquences
Nº 305 (Novembre-Décembre 2016)
p. 4-5
En kiosque
Genre : DRAME – Origine : Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 41 – Réal. : Chloé Robichaud – Int. : Macha Grenon, Nathalie Doummar, Emily VanCamp, Alexandre Landry, Serge Houde, Rémy Girard– Dist./Contact : Séville.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : COMÉDIE DRAMATIQUE – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 1 h 41 – Réal. : Kelly Fremon Craig – Int. : Hailee Stanfield, Haley Lu Richardson, Blake Jenner, Kyra Sedgwick, Wood Harrelson, Hayden Szeto, Alexander Calvert – Dist./Contact : V V S Films.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
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