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Fences

22 décembre 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
Pittsburgh, fin des années 1950. Troy, quinquagénaire afro-américain, gagne sa vie comme éboueur. Marié à Rose depuis dix-huit ans, il souhaite voir son garçon Cory transcender sa condition et l’oblige à travailler après les heures de classe, en dépit des aspirations sportives de celui-ci. L’adolescent aimerait suivre les traces de son père, jadis promis à une carrière de baseballeur, interrompue par un sombre incident.

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CRITIQUE
★★★★
Texte : Élie Castiel

MIRAGES DE LA VIE

Fences, qui veut dire « clôtures » est un titre d’autant
plus approprié qu’il met en scène des protagonistes marqués
par les barrières psychologiques et mentales qui
parfois nous séparent, même de nos êtres les plus chers.

En adaptant adroitement pour le cinéma sa propre pièce de théâtre, August Wilson tire parti de la forte présence de Denzel Washington comme réalisateur et principal comédien – il tenait d’ailleurs le même rôle à Broadway, lui valant un Tony Award. Les origines théâtrales se font sentir, certes, notamment dû à des espaces restreints, ce qui n’empêche pas que la teneur des propos est d’une telle facture humaine, que nous oublions cette approche formelle.

Les comédiens, tous investis dans des rôles magistraux, se donnent entiers à cette magnifique retransposition cinématographique qui vise l’être plus que tout autre chose. Si Washington est plus sobre ici que d’habitude, donnant à son personnage diverses impulsions, passant du romantique au plus cruel, il est cependant entouré d’un groupe d’acteurs aussi amoureux de leurs rôles.

Mais c’est l’attachante personnalité de Viola Davis qui émeut le plus, jouant étonnamment la femme au foyer dans une Amérique ouvrière des années 50 et 60. Elle vit les tournements de la vie avec une grâce incomparable. Fences, qui veut dire « clôtures » est un titre d’autant plus approprié qu’il met en scène des protagonistes marqués par les barrières psychologiques et mentales qui parfois nous séparent, même de nos êtres les plus chers.

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Déjà, avec Antwone Fisher, Denzel Washinton signait une premier long métrage splendide et maîtrisé. Avec ce troisième opus, il est au sommet de son art, prouvant qu’il est aussi habile derrière que devant la caméra. Le cinéma afro-américain non seulement s’enrichit de plus en plus d’exemples remarquables, Moonlight, de Barry Jenkins, se démarquant cette année, mais donne également à cette importante composante américaine un actuel  transcendant.

Fences est surtout un film d’acteurs, et Washington, tout en solidifiant la mise en scène par doses de subtilités, de correspondances, de miroirs affectifs et de paroles équilibrées, rend un émouvant hommage à l’art d’interprétation, parfois omis par la critique. Entre le formel et le réel, existent aussi des liens abstraits qui ont pour fonction de rendre l’ensemble cohérent. Denzel Washington l’a compris dans ce film émouvant d’une immense chaleur humaine.

Ce qui est certain, c’est bel et bien que la courses aux Oscars en février prochain sera étroitement  serrée.

Sortie :  dimanche 25 décembre 2016
V.o. :  anglais

Genre :  DRAME FAMILIAL – Origine : États-Unis  – Année :  2016 – Durée :  2 h 19  – Réal. : Denzel Washington – Int. : Denzel Washington, Viola Davis, Jovan Adepo, Russell Hornsby, Stephen Henderson, Mykelti Williamson – Dist./Contact :  Paramount.
Horaires :  @  Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Jackie

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1963, dans sa résidence privée à Hyannis Port, Jackie Kennedy accorde une entrevue à un journaliste. La veuve du président assassiné John F. Kennedy évoque des souvenirs de son séjour à la Maison-Blanche et des événements qui ont suivi la fin tragique de son mari.

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EN QUELQUES MOTS
★★★★
Texte : Luc Chaput

Jacqueline Bouvier Kennedy, dite Jackie, est devenue plus célèbre encore par son White House Tour de 1961 réalisé par Franklin J. Schaffner (Planet of the Apes), alors réalisateur de documentaires télé. Elle y présente les transformations qu’elle a effectuées dans la résidence du président des États-Unis pour en souligner le caractère historique par la présence d’artefacts appartenant à des personnalités y ayant vécu, spécialement ceux de la famille d’Abraham Lincoln.

Le réalisateur chilien Pablo Larraín (No) filme cette longue séquence utilisant des caméras et des supports vidéos compatibles avec le début des années 1960 et les intègre subtilement à des fragments de l’émission originale. Le scénario de Noah Oppenheim, se concentrant surtout sur le 22 novembre 1963 et les jours suivants l’assassinat du président, montre également les divers états psychologiques qui sont le lot de Jackie. Celle-ci,  tout  en s’occupant du bien-être  de leurs deux enfants,  prend le contrôle du déroulement des funérailles et les incruste à tout jamais dans la mémoire américaine, assurant également la place de son mari dans cette histoire mouvementée.

Nathalie Portman porte ce film de toutes les fibres de son être, étant présente dans toutes les scènes. Larraín et son équipe, par cet éclairage, permettent de mieux comprendre les nouvelles réalités de l’image et donnent ainsi une nouvelle lecture à ce lien mythique entre la comédie musicale Camelot, sur les Chevaliers de la Table ronde, et la présidence de John F. Kennedy.

 

 

Pré-sortie :  mercredi 21 décembre 2016
V.o. :  anglais

Genre :  DRAME BIOGRAPHIQUE – Origine : États-Unis / Chine / France – Année :  2016 – Durée :  1 h 40  – Réal. : Pablo Larraín – Int. : Natalie Portman, Peter Sarsgaard, Billy Crudup, Greta Gerwig, John Heard, Richard Grant – Dist./Contact : Fox Searchlight.
Horaires :  @  Cineplex

CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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La La Land

RÉSUMÉ SUCCINCT
En Californie, Mia travaille dans un café des studios Warner en attendant de décrocher une audition pour un second rôle. De son côté, Sebastian, pianiste de jazz fervent admirateur de Miles Davis, aspire à ouvrir sa propre boîte de nuit. Une relation naît entre eux…

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LE FILM DE LA SEMAINE
CRITIQUE
★★★★★
Texte : Élie Castiel

LA NOSTALGIE DEMEURE
TOUJOURS CE QU’ELLE ÉTAIT

… effectivement, puisque le nouveau film du jeune Damien Chazelle, à peine 31 ans, de mère américaine et de père français, et dont l’étonnant Whiplash a séduit catégoriquement la critique et le public, signe une oeuvre souveraine, non seulement hommage digne et inconditionnel à la comédie musicale, mais aussi et particulièrement une ode à l’audace et à l’imagination.

Lorsqu’on sait qu’il est un des coscénaristes de 10 Cloverfield Lane (2011), de Dan Trachtenberg, on ne peut que se réjouir, prouvant du même coup qu’il a le cinéma dans la peau. Quoi qu’il en soit, Chazelle fait partie de ces nouveaux talents hollywoodiens qui s’atellent à construire un nouveau cinéma américain où propositions formelles et axiomes narratifs se conjuguent avec pugnacité, détermination et un profond respect pour le 7e art.

« People’s Choice Award  / Prix du public »
Toronto International Film Festival 2016

Dans La La Land, autre façon de parler d’Hollywood, la parole et le chant se juxtaposent pour offrir un étincelant jeux de miroirs, de correspondances et notamment de motifs aussi bariolés qu’uniformes. La comédie musicale est ici au service du cadre, du plan, des personnages, du récit, une histoire simple de séduction, d’amour, au tout début, improbable, et pourtant si souhaitée, entre deux individus tout à fait différents. Elle, qui croit au pouvoir lumineux de l’affection et de la réussite (elle veut percer dans le milieu du cinéma) ; lui, rêvant d’ouvrir une boîte de jazz, ce qui explique son admiration pour Miles Davis.

Des personnages en quelque sorte nostalgiques d’une certaine époque du cinéma américain. Face à des temps présents malmenés par l’égocentrisme, l’indifférence et l’incohérent, La La Land ressemble à une planche de salut qui réanimerait notre âme engourdie et notre léthargie généralisée. Car le film de Chazelle est un rendez-vous avec le miracle du cinéma et sa véritable fonction.

La La Land est un merveilleux travail d’équipe,
un groupe de rebelles sophistiqués qui
croient au pouvoir des images en mouvement.

La première séquence, qu’on ne révélera pas, donne déjà le ton, transformant la réalité en une fantaisie surréaliste, faisant du quotidien une convocation à la liberté et à l’étonnement. Mouvements de caméra, montage, musique, autant d’éléments formels qui contribuent à rendre le film aussi volubile que majestueux. À la direction photo, Linus Sandgren (American Hustle), au montage, Tom Cross, et à la musique originale, Justin Hurwitz, tous deux de Whiplash, affichent leurs particularités avec autant d’enthousiasme que le cinéaste.

La La Land est un merveilleux travail d’équipe, un groupe de rebelles sophistiqués qui croient au pouvoir des images en mouvement. C’est grand public, certes, mais il y a tant de fascination et de frénésie que nous sommes totalement conquis. Chez Damien Chazelle, la nostalgie, celle d’un cinéma d’évasion parsemé de trouvailles cinématographiques, est toujours ce qu’elle était.

Et pour rendre les personnages crédibles, deux comédiens d’exception, Ryan Gosling, séduisant visage d’une autre époque rescucité dans le monde d’aujourd’hui, et Emma Stone, jouant au jeu de la séduction avec une grâce inégalée. Et pourtant tous deux conservent leur rêve intact, offrant ainsi une finale d’une irréprochable finesse et d’émerveillement transcendant.

Sortie : dimanche 25 décembre 2016
V.o. :  anglais  / s.-t.f. ; version française
Pour l’amour d’Hollywood

Genre :  COMÉDIE MUSICALE  – Origine : États-Unis  –  Année :  2016 – Durée :  2 h 07  – Réal. :  Damien Chazelle – Int. : Emma Watson, Ryan Gosling, John Legend, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, Fin Wittrock – Dist./Contact :  Séville.
Horaires : @  Cinéma du ParcCineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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