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La La Land

22 décembre 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
En Californie, Mia travaille dans un café des studios Warner en attendant de décrocher une audition pour un second rôle. De son côté, Sebastian, pianiste de jazz fervent admirateur de Miles Davis, aspire à ouvrir sa propre boîte de nuit. Une relation naît entre eux…

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LE FILM DE LA SEMAINE
CRITIQUE
★★★★★
Texte : Élie Castiel

LA NOSTALGIE DEMEURE
TOUJOURS CE QU’ELLE ÉTAIT

… effectivement, puisque le nouveau film du jeune Damien Chazelle, à peine 31 ans, de mère américaine et de père français, et dont l’étonnant Whiplash a séduit catégoriquement la critique et le public, signe une oeuvre souveraine, non seulement hommage digne et inconditionnel à la comédie musicale, mais aussi et particulièrement une ode à l’audace et à l’imagination.

Lorsqu’on sait qu’il est un des coscénaristes de 10 Cloverfield Lane (2011), de Dan Trachtenberg, on ne peut que se réjouir, prouvant du même coup qu’il a le cinéma dans la peau. Quoi qu’il en soit, Chazelle fait partie de ces nouveaux talents hollywoodiens qui s’atellent à construire un nouveau cinéma américain où propositions formelles et axiomes narratifs se conjuguent avec pugnacité, détermination et un profond respect pour le 7e art.

« People’s Choice Award  / Prix du public »
Toronto International Film Festival 2016

Dans La La Land, autre façon de parler d’Hollywood, la parole et le chant se juxtaposent pour offrir un étincelant jeux de miroirs, de correspondances et notamment de motifs aussi bariolés qu’uniformes. La comédie musicale est ici au service du cadre, du plan, des personnages, du récit, une histoire simple de séduction, d’amour, au tout début, improbable, et pourtant si souhaitée, entre deux individus tout à fait différents. Elle, qui croit au pouvoir lumineux de l’affection et de la réussite (elle veut percer dans le milieu du cinéma) ; lui, rêvant d’ouvrir une boîte de jazz, ce qui explique son admiration pour Miles Davis.

Des personnages en quelque sorte nostalgiques d’une certaine époque du cinéma américain. Face à des temps présents malmenés par l’égocentrisme, l’indifférence et l’incohérent, La La Land ressemble à une planche de salut qui réanimerait notre âme engourdie et notre léthargie généralisée. Car le film de Chazelle est un rendez-vous avec le miracle du cinéma et sa véritable fonction.

La La Land est un merveilleux travail d’équipe,
un groupe de rebelles sophistiqués qui
croient au pouvoir des images en mouvement.

La première séquence, qu’on ne révélera pas, donne déjà le ton, transformant la réalité en une fantaisie surréaliste, faisant du quotidien une convocation à la liberté et à l’étonnement. Mouvements de caméra, montage, musique, autant d’éléments formels qui contribuent à rendre le film aussi volubile que majestueux. À la direction photo, Linus Sandgren (American Hustle), au montage, Tom Cross, et à la musique originale, Justin Hurwitz, tous deux de Whiplash, affichent leurs particularités avec autant d’enthousiasme que le cinéaste.

La La Land est un merveilleux travail d’équipe, un groupe de rebelles sophistiqués qui croient au pouvoir des images en mouvement. C’est grand public, certes, mais il y a tant de fascination et de frénésie que nous sommes totalement conquis. Chez Damien Chazelle, la nostalgie, celle d’un cinéma d’évasion parsemé de trouvailles cinématographiques, est toujours ce qu’elle était.

Et pour rendre les personnages crédibles, deux comédiens d’exception, Ryan Gosling, séduisant visage d’une autre époque rescucité dans le monde d’aujourd’hui, et Emma Stone, jouant au jeu de la séduction avec une grâce inégalée. Et pourtant tous deux conservent leur rêve intact, offrant ainsi une finale d’une irréprochable finesse et d’émerveillement transcendant.

Sortie : dimanche 25 décembre 2016
V.o. :  anglais  / s.-t.f. ; version française
Pour l’amour d’Hollywood

Genre :  COMÉDIE MUSICALE  – Origine : États-Unis  –  Année :  2016 – Durée :  2 h 07  – Réal. :  Damien Chazelle – Int. : Emma Watson, Ryan Gosling, John Legend, J.K. Simmons, Rosemarie DeWitt, Fin Wittrock – Dist./Contact :  Séville.
Horaires : @  Cinéma du ParcCineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Le fils de Jean

RÉSUMÉ SUCCINCT
Un véritable choc frappe Mathieu lorsqu’un certain Pierre lui annonce au téléphone la mort de Jean, son père dont il ignorait tout. Du même coup, il apprend qu’il a deux frères qui vivent à 6000 kilomètres de chez lui. Poussé par l’envie de les rencontrer, Mathieu part aussitôt pour Montréal.

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CRITIQUE
★★★★
Texte : Denis Desjardins

PÈRE INCONNU

Les personnages de Philippe Lioret sont souvent égarés dans un espace inconnu. Dans Tombés du ciel, en 1994, des voyageurs errent dans un aéroport, victimes d’un imbroglio juridique (idée reprise plus tard par Steven Spielberg dans The Terminal). Dans Je vais bien, ne t’en fais pas, une jeune fille cherche à travers la France son frère disparu. Dans Welcome, un clandestin tente de gagner l’Angleterre à la nage. Enfin, dans Le fils de Jean, c’est la mort du père qui provoque le départ de Mathieu vers le Québec.

Un père dont il ne connaissait pourtant pas l’existence. Sujet récurrent au cinéma, certes; mais pour son huitième long métrage, Lioret atteint le maximum de son art en accentuant le réalisme et en évitant toute entourloupette scénaristique. Les événements sont vécus par des personnages dont l’humanité ne nous semble pas préfabriquée. On remarquera d’ailleurs que dans ce qu’on pourrait appeler l’histoire de l’image du Québécois dans le cinéma français (une histoire qui reste à écrire), jamais on n’avait vu une telle vérité non seulement dans la représentation des gens d’ici, mais aussi dans leurs rapports avec un Français.

Un film où se côtoient sensibilité, intelligence et
authenticité. Un trio de plus en plus rare au cinéma.

Exit les clichés paternalistes et le pittoresque risible. Il faut dire que le film bénéficie du jeu de Gabriel Arcand dont le rapport avec le personnage joué par Pierre Deladonchamps se transforme si subtilement que le spectateur ne sent nulle brisure au fil du récit. D’ailleurs tout le film est marqué par le refus des coups de théâtre et autres facilités; ainsi Lioret a fait appel une nouvelle fois au compositeur et pianiste danois Flemming Nordkrog, mais sa musique est très discrète et seul Chopin vient deux ou trois fois lui prêter main forte.

Bref, un film où se côtoient sensibilité, intelligence et authenticité. Un trio de plus en plus rare au cinéma.

Sortie :  vendredi 23 décembre 2016
V.o. :  français

Genre :  DRAME – Origine :  France / Canada [Québec] –  Année :  2016 – Durée :  1 h 38  – Réal. :  Philippe Lioret – Int. : Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan, Marie-Thérèse Fortin, Pierre-Yves Cardinal, Patrick Hivon – Dist./Contact :  Séville.
Horaires : @  Cinéma Beaubien Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Le voyage de Fanny

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1943, les forces allemandes avancent rapidement en France et contraignent des familles juives à mettre à l’abri leurs enfants. Mais, lorsque des troupes nazies arrivent dans le département de la Creuse, c’est la fuite précipitée à la suite de dénonciations. Fanny, douze ans, se retrouve bien malgré elle à la tête d’un groupe de huit jeunes qui entreprennent de rejoindre la frontière suisse.

le-voyage-de-fannyEN QUELQUES MOTS
★★  ½
Texte : Charles-Henri Ramond

Reprenant à son compte la tragédie de milliers d’enfants juifs abandonnés par leur famille pour les sauver de la déportation, Le voyage de Fanny est un charmant récit de bravoure dont la délicatesse tient en grande partie sur sa distribution, chevronnée ou non. Inspirée par la candeur de ses visages innocents, la cinéaste construit un film tout en légèreté qui capte l’insouciance de l’âge tendre tout en gardant intacts ses démons intérieurs. Doillon propose des dialogues ingénus, de jolies trouvailles scénaristiques et s’aventure même dans une épopée lyrique frôlant les limites de la réalité. Diablement efficace, sa mise en scène repose toutefois sur des effets de style appuyés, comme cette insistante et dramatisante trame sonore. Mais indéniablement, ce parcours initiatique parvient à atteindre sa cible en dépit de bien des maladresses.

Charmant récit de bravoure dont la délicatesse
tient en grande partie sur sa distribution.

Classique dans sa forme, didactique et positif dans son ton, Le voyage de Fanny est donc une œuvre utile pour les plus jeunes spectateurs. Cependant, si les programmateurs des chaînes de télévision y voient une occasion idéale de rappeler l’Histoire sans trop effrayer l’auditoire, ce parti-pris narratif risque de laisser un goût d’inachevé aux publics plus au fait de ce qu’était la France occupée. Ils trouveront dans ce récit une matière très édulcorée et se diront peut-être que tout n’a pas été aussi rose durant cette terrible période. Néanmoins, ce troisième film de la fille de Jacques Doillon propose une inspirante épopée à regarder en famille, ne serait-ce qu’en guise de passeur de mémoire.

Sortie :  vendredi 23 décembre 2016
V.o. :  français

Genre : DRAME – Origine : France  – Année :  2015 – Durée :  1 h 35  – Réal. :  Lou Doillon – Int. : Léonie Souchaud, Fantine Harduin, Juliane Lepoureau, Ryan Brodie, Anaïs Meiringer, Lou Lambrecht – Dist./Contact :  Axia.
Horaires :  @   Cinéma Beaubien

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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