2 février 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Tang, un moine bouddhiste, poursuit son pèlerinage en quête d’un monde meilleur dans un univers peuplé de démons.
RÉSUMÉ SUCCINCT
Un soir, après une répétition de la pièce Mort d’un commis voyageur, du dramaturge américain Arthur Miller, Emad rentre à la maison et constate avec émotion que sa femme a été agressée pendant son absence. Alors que celle-ci, blessée à la tête et encore sous le choc, refuse de porter plainte; Emad découvre des indices qui vont peut-être lui permettre de retrouver l’ignoble individu responsable de ce crime.
Le client, l’œuvre récente d’Asghar Farhadi (Le passé, 2013) serait-il en quelque sorte un film gigogne, tant le cinéaste iranien soumet intentionnellement le spectateur à réfléchir sur un récit en trois dimensions qui, en fin de compte, rattache chacune des parties aux deux autres pour former un ensemble cohérent? Y répondre, c’est lever le voile sur les diverses intrigues qui font de ce septième long métrage de Farhadi une œuvre aussi épurée dans sa description des situations que faconde dans le dialogue.
Si le film débute par une séquence-catastrophe, un immeuble qui se fissure, obligeant les résidents à évacuer l’endroit, la caméra obsessive de Hossein Jafarian ausculte essentiellement ceux qui feront la fiction et par qui le scandale arrive(ra) – déshonneur familial ou personnel, selon la façon dont on voit les choses, tourments psychologiques montrés avec une certaine distanciation qui, plus que jamais, rend les interprètes presque indicibles, nébuleux, nous sommant de deviner ce qui se cache dans leur for intérieur.
Si certains critiques (lus) après la présentation du film à Cannes ont émis de sévères réserves, notamment jugeant le film trop « mélo » et socialement « pédagogique », force est de souligner la caractère hautement structuré de la réalisation, ne répondant sans doute pas à un genre de « cinéma d’auteur » idéal, mais surprenant tout de même par son architecture du plan et sa résonance dramatique. Plan dont la forme et la durée cohabitent en fonction des situations : discussions entre Emas (excellent Shahab Hosseini) et sa femme Rana (Taraneh Alidoosti, conjuguant divers registres avec une précision troublante et presque effacée).
Mais Le client, c’est aussi filmer l’intime et le collectif, comme ces rues de Téhéran où une faune humaine se démêle du mieux qu’elle peut pour vaquer à ses occupations ou encore prendre chaque citoyen comme un possible agresseur. Ces images quasi documentaires de la grande ville sont elles-mêmes des propositions. Et c’est à partir de ce parti pris scénaristique que le film est rempli de détails, à première vue, anodins, mais révélateurs d’une société naviguant entre une culture ouest-asiatique bercée par des concepts religieux et une occidentalisation bienvenue (cellulaires, dvd, bouquins étrangers, répétions de pièces occidentales, comme ici, Death of a Salesman / Mort d’un commis voyageur, d’Arthur Miller, intérêt donc pour la culture étrangère).
Ces deux mondes, Farhadi les présente comme s’il s’agissait d’un seul. Erbas et Rana forment un couple sans enfant et travaillent tous les deux dans le milieu de la scène. Cette myse en abyme entre le théâtre de la vie et celui qu’on construit n’est-elle pas en fin de compte la métaphore d’un pays en constantes mutations depuis la révolution de 1979? Si le titre anglais fait mention de la pièce qui se prépare, le français introduit un personnage sur lequel on ne vous dira rien, sauf qu’en fonction de l’ensemble du récit, il place les protagonistes principaux dans des sphères psychologiques fragiles et tourmentées.
Asghar Farhadi a déjà tourné ailleurs que dans son pays, mais demeure tout de même un cinéaste insulaire, préférant jongler avec ses sujets, espérant que les autorités ne sauront décripter le sens précis de ses intentions, autant d’intentions qui, avec des films comme À propos d’Elly (Darbareye Elly, 2009), se révèlent de véritables discours sur l’ouverture à la modernité et notamment à la liberté d’expression.
Ici, trois récits qui, chacun à sa façon, se présentent comme le portrait d’une couche urbaine (et souvent cultivée) de la société iranienne : la possible affaissement d’un immeuble d’habitations (la vision collective de la réalité); les rapports de couple vus de l’intérieur (maison) et de l’extérieur (théâtre où se déroulent les répétitions); finalement, un personnage dramatique qui confirme presque par indavertance quelques uns des thèmes abordés, tel l’humiliation, le regret, le pardon. Autant de signaux appuyant l’originalité, la rigueur et la limpidité d’un film de metteur en scène et de directeur d’acteurs. Le client est un très grand film socialement engagé, sans toutefois s’afficher comme pamphlet politiquement et aveuglément militant.
Genre : DRAME – Origine : Iran / France – Année : 2016 – Durée : 2 h 04 – Réal. : Asghar Farhadi – Int. : Shahab Hosseini, Taraney Aldoosti, Babak Karimi, Mina Sadani, Mehdi Koushki, Maral Bani-Adam – Dist./Contact : Entract Films.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
En séjour saisonnier à sa résidence secondaire de Biligen-sur-Mer, Louise rate le dernier train pour retourner en ville. Restée seule dans la station balnéaire désertée au départ des vacanciers, la retraitée nostalgique observe les changements de la nature et décide de vivre en autosuffisance jusqu’au retour des estivants au printemps prochain.
Le charme suranné des aquarelles de Jean-François Laguionie répond merveilleusement au dépouillement du récit de ce Louise en hiver, chronique douce-amère sur la solitude et le temps qui file, plongée dans l’automne miraculeux des souvenirs d’une vie qui s’achève. La plage déserte, la cabane délabrée, les falaises abruptes, et même une décharge publique recelant mille mémoires, deviennent autant de lieux métaphoriques traversés par la féérie du dessinateur et procurent l’occasion rêvée pour faire des retours en arrière sur une enfance troublée, d’évocations irréelles sur les mystères de l’amour et des rappels à l’acceptation de l’autre.
Délicatement esquissés par la tendresse du pinceau de Laguionie, les différents tableaux proposent de subtiles variations de styles, allant du rythme baroque du bal des années trente à l’univers éthéré des rencontres avec un jeune tourtereau, en passant par les fantasmagoriques moments de dialogue avec l’aviateur anglais pendu à son arbre depuis des lustres. Resserré dans le temps, laissant les silences faire leur œuvre, le film déploie une riche palette émotionnelle, qui se décline aussi bien en gris sombre pour signifier le drame d’une vie qui se termine qu’en jaune éclatant pour illuminer la fantaisie et la beauté du monde. Pour les plus grands spectateurs, voilà donc un poème visuel chaleureux s’offrant comme une probante alternative au cinéma d’animation américain qui inonde nos écrans.
Genre : ANIMATION – Origine : France / Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 26 – Réal. : Jean-François Laguionie – Voix : Dominique Frot, Diane Dassigny, Antony Hickling, Jean-François Laguionie – Dist./Contact : Axia.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cinémathèque québécoise
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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