23 novembre 2017
Une chose est claire : le cinéma hexagonal a toujours eu des problèmes à aborder convenablement le thème de l’homosexualité, particulièrement la masculine. Même les auteurs ouvertement gais ne se prononcent pas comme il faut sur la question, sauf pour quelques aventureux qui risquent de ne pas trouver des distributeurs locaux ou étrangers. Un exemple parmi tant d’autres : le duo Olivier Ducastel-Jacques Martineau n’a pas trouvé preneur ici pour le sensible et attachant Théo et Hugo dans le même bateau, qui sans détours, allait droit au but. Merci à Image+Nation 2016 de l’avoir programmé.
Jadis, François Ozon prenait des risques. Conscient d’où cela aurait pu le mener, il a donc décidé d’hétérosexualiser ses films (un peu comme Pedro Almodóvar) et L’amant double n’en est pas exempt ; il agrémente cependant les personnages principaux féminins de touches androgynes, caractéristique qu’il dépeint avec quelques onces de faux-semblant classique, voire même BCBG.
Tel un Visconti « au placard », ses protagonistes masculins se trouvent dans des situations que le principal chef d’orchestre crée pour faire plaisir à tout le monde (je ne dévoilerai pas la séquence en question). La mise en scène dans L’amant double empreinte au thriller, et sur ce point, les fausses pistes, les apparences, les dialogues renversants et dissimulés, l’interprétation quasi fantomatique et distanciée des deux (trois) principaux comédiens sont autant d’arguments qui octroient au film une aura inquiétante de mystère aussi sensuelle qu’enivrante. Ozon excelle dans cet aspect narratif.
Tout compte fait, L’amant double est le genre de films qu’on aime détester, mais qu’on déteste aimer également, car Ozon est un brillant manipulateur. Il aime ses acteurs, et encore plus ses actrices, prouvant une fois pour toutes qu’en général, et je souligne bien « en général », les metteurs en scènes gais savent bien comment les diriger. Tout simplement parce qu’ils comprennent totalement la pronfonder de leur âme et la quintessence de leur vérité.
Genre : Suspense psychologique – Origine : France / Belgique – Année : 2017 – Durée: 1 h 48 – Réal. : François Ozon – Dist. : MK2 | Mile End.
Horaires/Info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 16 ans
(Érotisme)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Premier long métrage solo de la comédienne accompli Greta Gerwig, après la coréalisation, avec Joe Swanberg, de Nights and Weekends (2008), Lady Bird est une révélation. D’une part celui d’une cinéaste issue du mouvement américain indie, particulièrement inspiré par Noah Baumbach, faisant partie de l’intelligentsia new-yorkaise influencé par les codes de la nouvelle vague française, mais agrémentée à la sauce américaine.
Si Lady Bird déchaîne les passions dans la jeunesse actuelle, c’est que le film lui parle, notamment aux filles, de leur place dans la société, de leur sexualité, de leur maturité à faire face aux problèmes à venir. On peut ne pas être intéressé par le sujet, mais force est d’admettre que la réalisation de Gerwig est d’une spontanéité triomphante, magique, quasi subliminale. Justement parce que le réalisme comtemporain est mis au service de la caméra et non vice-versa. C’est un film qui respire le plan, transcende ses conventions et, mine de rien, dépend des personnages, notamment celui de Christine (parfait et indispensable Saoirse Ronan) pour parfaire la fiction et lui concéder un je-ne-sais-quoi de diablement provocateur sans l’être trop.
Le déjà-vu attribué au récit est transcendé par une imagination sans bornes, créant des séquences d’anthologie aussi perverses que candides. Les rapports mère/fille sont présentés selon un parcours psychologique qui a à voir avec l’aventure féminine. Tout en évitant le pamphlet féministe, Gerwig donne à la femme la liberté d’être, de décider et d’exister.
Un premier film accompli qui pourrait se retrouver dans la course aux Oscars, quelle que soit la catégorie.
Genre : Comédie dramatique – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 35 – Réal. : Greta Gerwig – Dist. : Entract Films.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Richard Linklater ne nous avait pas habitués à des récits linéaires comme c’est le cas de cette adaptation du roman de Darryl Ponicsan, également coscénariste. Il s’agit tout d’abord d’un film d’acteurs, dont fait preuve ce trio composé de Steve Carell, d’une force dramatique extraordinaire par sa simplicité, de Laurence Fishburne, sensible dans un rôle de pasteur, et de Bryan Cranston, si on voit ses derniers films, de plus en plus indispensable.
Le film parle surtout d’amitié, de responsabilité civile, de solidarité, des concepts aujourd’hui perdus dans l’indifférence qui mène nos vies. Le film est presque suspendu dans le temps, celui d’un enterrement « comme il se doit » en guise d’hommage à un fils victime de la guerre.
Si la tristesse est de mise, force est de souligner que Linklater crée des séquences d’humour pour atténuer le propos. Filmé dans des couleurs grises ou pâles, Last Flag Flying est un réquisitoire contre la guerre qui remet en question le concept même de masculinité et de virilité.
C’est un film d’hommes, pour les hommes, pour qu’ils tiennent compte de toutes les surprises de la vie. Et au fond, quand on voit ces trois personnages évoluer, on se rend compte que derrière chacune de ses vies, se cachent des âmes sensibles, des êtres parfois en perdition, mais des héros malgré eux.
Pour finalement réaliser que dans ce bas monde, les états qui nous gouvernent sont en partie responsables de la vie qu’on a choisie. Éloigné du cinéma indépendant par sa linéarité, ce film aussi singulier que retenu se classe néanmoins parmi les réalisations les plus réellement senties de Richard Linklater.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 04 – Réal. : Richard Linklater – Dist. : V V S.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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