21 décembre 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Elio, 17 ans, tombe amoureux d’un jeune homme américain, Oliver, 24 ans, venu passer quelques jours dans la villa des parents de l’adolescent, quelque part en Italie. L’attrait s’avère réciproque.
Comment doit-on prendre ce film romanesque à la suite des récents scandales sexuels tant du côté hétérosexuel qu’homosexuel? Toujours est-il que la sexualité, même si nous dénonçons vigoureusement les violences commises auprès des victimes, n’a jamais été aussi taboue qu’aujourd’hui dans le monde occidental.
Et pourtant, force est de souligner la liberté que manifeste Call Me by Your Name, définitivement parmi les cinq meilleurs films de l’année, qui nous permet de croire en quelque chose de vital chez l’humain et que l’orientation sexuelle n’est pas un choix. Point final. Luca Guadagnino dépasse la notion charnelle, bien qu’elle fasse partie du décor; c’est bien cela, du décor, du lieu, une villa bourgeoise dans un petit village quelque part en Italie où le fascisme (portrait de Mussolini) a encore des racines, même si sourdes et timides. L’astmosphère en huis clos crée une tension, celle de l’attrait des corps, des esprits, du désir naturel et impulsif; sur ce point, l’éveil de la sexualé chez cet adolescent – remarquablement viscontien Thimothée Chalamet, plus de vingt rôles à son actif, dont celui dans le superbe Lady Bird – est illustrée dans une mise en scène dominée par la découverte romantique, sans heurts, peut-être bien quelque doutes qu’on a fait vite d’évacuer.
Mais ce qui frappe d’emblée, c’est bel et bien que la sexualité et l’attrait réciproque, autant chez Elio, l’adolescent, et Oliver (diablement charismatique et convaincant Armie Hammer), de sept ans son aîné, se manifestent relativement sans que les deux amoureux se posent trop de questions. On s’aime et le reste suivra. Dans un sens, nous sommes dans un monde idéal où parents et enfants parlent de ces choses par le biais de clins d’œil complices, des gestes du visage qui disent tout, des comportements que le spectateur se doit bien d’analyser selon sa propre vision des choses de la vie; en quelque sorte, des subtilités excitantes qui font partie de notre existence. Ça ramène certains d’entre nous à une époque où la sexualité rimait avec bonheur d’être.
Mais c’est aussi un film jouissivement transgressif, parce que le séducteur, c’est l’adolescent, et non pas le contraire – Tiens! les médias, éducateurs et sociologues n’ont jamais parlé de cette chose-là – , d’autant plus que cette séduction n’est que partie tenante de la découverte de soi et non pas une simple pécadille. Et quand sexualité se joint à l’art et aux origines, cela provoque une tension intellectuelle jamais atteinte auparavant.
Guadagnino nous provoque, nous pousse à voir ce que nous ne désirons pas nécessairement voir, nous poussant à réfléchir sur la notion du charnel. Face aux dénonciations récentes, parfois, et je dis bien parfois, gommées d’intentions économiques (nous ne savons pas complètement ce qui se passe derrière toutes ces joutes délatrices), un film comme Call Me by Your Name est une bouffée d’air frais et remet définitivement les pendules à l’heure. Et on y réfléchissant bien, les amours réunissant des hommes d’âge mûr à des jeunes filles ont été illustrées fréquemment à l’écran, notamment dans des productions européennes. Soudain, par instinct, on se met à penser au chef-d’œuvre Lolita de Stanley Kubrick et au rarissime Ernesto, de Salvatore Samperi, d’après le roman d’Umberto Saba; bizarrement, tournant autour d’une famille juive italienne de la bourgeoisie, dont le fils découvre sa sexualité.
Outre ces considérations narratives, l’art gréco-romain évoqué (et illustré) dans le film de Guadagnino n’est pas que pure esthétique. Il renvoit à une sexualité antique dépourvue des tabous judéo-chrétiens. Et il n’est guère surprenant que la famille d’Elio est de confession juive. Peut-être pas pratiquante en ce qui a trait à la vie de tous les jours, mais se souvenant de ses racines (le lumières de Hanouka). Finalement, et ce qui est rare dans le cinéma d’aujourd’hui, le film de Guadagnino brosse un portrait positif de la bourgeoise intellectuelle qui, qu’on le veuille ou pas, peut très bien être ouverte d’esprit et tenir, comme il se doit, un discours intelligent.
La transgression c’est aussi de voir les deux protagonistes portant l’étoile de David et déclarant mutuellement leur amour. La symbolique est évidente. Que se passera-t-il après le magnifique plan final ? Qu’importe, puisque Call Me by Your Name est un film cristallin qui baigne dans les eaux sensuellement paisibles d’Éros incarné.
Genre : Drame sentimental – Origine : Italie, France, Brésil – Année : 2017 – Durée : 2 h 12 – Réal. : Luca Guadagnino – Dist. : Métropole Films.
Horaires/Info.
@ Cinéma Beaubien (dès le 5 janvier 2018) – Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
En Norvège, des chercheurs mettent au point un processus de miniaturisation qui permet de réduire la taille d’un humain à une douzaine de centimètres. Des années après l’établissement d’une première colonie d’êtres miniaturisés, le concept, vanté pour ses vertus écologiques, a essaimé un peu partout dans le monde. Après une soirée passée avec un couple de leur entourage qui a opté pour ce mode de vie, Paul Safranek et sa femme Audrey décident de plonger à leur tour.
De Citizen Ruth (1996) à About Schmidt (2002) la direction photo des films d’Alexander Payne est assurée par James Glennon, décédé en 2006. À partir de 2004, néanmoins, dans Sideways, son compatriote d’origine grecque Phedon Papamichael devient son chef opérateur attitré. Détail stimulant puisque, dès cet essai, la notion hellénique du mythe apparaît en filigrane dans ses productions; mais par la même occasion, c’est, pour le cinéaste lui-même, une reconnaissance de ses propres racines. Déjà, dans Sideways, le côté allégorique et légendaire d’une certaine Amérique ne laissait pas indifférent. Ici, par contre, nous sommes rebutés dans une première partie presque ratée, le récit s’abandonnant à la plume des coscénaristes Payne et Jim Taylor; tabariscoté, le récit ne sait plus où il se dirige.
Suivent ensuite, dans une sorte de deuxième (et peut-être trosième) partie(s), des changements de décors, de lieux, de tons, commençant à mousser l’intérêt du spectateur. Jusqu’à l’apparition de Ngoc Lan Tran (surprenante Hong Chau qui donne au métier de comédienne un vérisme saisissant), d’une certaine façon personnage clé du film, dont une clin d’oeil furtif sur ses pieds meurtris nous annonce subtilement la suite des évènements, réveillant ainsi chez le spectateur son sens de l’observation.
Car l’expérience cinématographique, comme celle d’ailleurs des autres arts, si on se fie à Payne (dont le véritable nom qu’il n’aurait pas dû changer est Alexander Constantine Papadopoulos), est un procédé réflexif, toujours enclin à un enrichissement de l’esprit. Et c’est dans cette optique qu’il faut voir Downsizing, film philosophique jusqu’à un certain point, avec une dernière partie où sont remis à leur place tous ces cultes qui vocifèrent dans notre société, depuis le mouvement hippie des années 60, que le film évoque sournoisement.
Œuvre délicatement hybride, volontairement confuse, Downsizing et sans doute un film mineure dans la filmographie de Payne, mais non dénué de certaines interrogations sur l’existence et l’avenir de la planète face aux problèmes écologiques et à une fécondité galopante qu’on ne prend pas vraiment au sérieux. Alexander Payne n’aime les humains que lorsqu’ils agissent pour le bien collectif, un héritage de la Grèce antique des penseurs. Mais aujourd’hui, semble-t-il déclarer, ce n’est pas vraiment le cas. Le contraire serait inéluctablement de la pure utopie.
Genre : Satire sociale – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 15 – Réal. : Alexander Payne – Dist. : Paramount Pictures.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
Invités au mariage de leur mère, Kyle et Peter Reynolds apprennent que celle-ci leur a menti sur la véritable identité de leur père qu’ils croyaient mort d’un cancer. Ébranlés par la révélation ces frères jumeaux aux tempéraments diamétralement opposés se lancent à la recherche de leur père biologique.
Genre : Comédie dramatique – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 53 – Réal. : Lawrence Sher – Dist. : Warner Bros. Canada.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)
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