26 mars 2018
La proposition est noble, digne en ces temps d’égocentrisme exacerbé ; c’est dans L’idiot, le roman de Dostoïevski, maître de la littérature russe, d’une certaine façon, inadaptable, puisque ses écrits sont du domaine de la lecture. À l’écran, c’est autre chose, puisque littérature et cinéma ont souvent fait bon ménage.
Renaud Lacelle-Bourdon et Francis Ducharme (Crédit photo : © Yves Renaud)
23 mars 2018
En Estonie, la nuit de la Toussaint, dans le village païen de Liina et Hans, les morts rejoignent les vivants venus les accueillir, mangent et discutent avec leur famille et révèlent parfois les secrets de trésors cachés. Les jeunes filles s’y transforment par amour en loups-garous, les villageois vendent leur âme pour obtenir l’aide de curieuses créatures de métal baptisé kratts et volent leurs maîtres allemands sans pitié. Dans ce film en noir et blanc tiré de Rehepapp, le fantasque roman de l’Estonien Andrus Kivirähk, le fantasque se mêle au défrichage de la terre, les morts gardent leurs loyautés familiales et le morbide se paie un petit tour de valse avec le sublime.
Il y a un peu du Septième sceau de Bergman dans cette superbe adaptation de Rainer Sarnet, qui ne tient pas qu’à la splendeur de la cinématographie en noir et blanc. Ici aussi, le morbide prend un air de noblesse et la question de l’âme est centrale. Quelle force ancienne terrestre ou céleste donnera à celui qui la supplie une âme ? Et que vaut la vie sans cette dernière ?
Les mythologies païennes estoniennes et chrétiennes s’entremêlent dans cette œuvre profondément humaine et presque trop merveilleusement filmée. Un mélange de magie, d’humour noir et d’amour romantique qui vaut largement la peine d’être vu sur grand écran.
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
Aimer sans perdre la raison, mais sans éviter les faux pas, les grattements du cœur, ces sentiments inexplicables qui nous affligent, nous faisant altérer notre équilibre. Des éléments que l’on retrouve dans cette brillante adaptation de la comédie dramatique de Shakespeare, A Midsummer Night’s Dream, devenu, comme il se doit, Le Songe d’une nuit d’été, l’article indéfini de l’original devenant défini en français. Car il s’agit d’un rêve éveillé, le songe de tous les possibles, une pause de l’univers terrestre qui nous conduit dans un au-delà où la mort n’existe guère, ou au contraire, côtoie la vie dans toutes ses exigences et ses aspérités.
Avant-plan : Karine Gonthier-Hyndman, Steve Gagnon / Arrière-plan : Adrien Bletton, Olivia Palacci, Jean-Philippe Perras > Crédit photo : © Gunther Gamper
2025 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.