12 avril 2018
Adaptation douce et sincère mais néanmoins parcimonieuse du roman de Romain Gary, La promesse de l’aube a recours au cinéma grand public alors que le réalisateur de l’apprécié Le brasier (1991) tout en proposant une mise en scène soignée où les deux principaux personnages Mina et Roman Kacew (devenu plus tard Romain Gary) poursuivent leur chemin en traversant une Europe dont les soubresauts antisémites se font sentir comme si ça faisait partie du quotidien, guident leur propre destinée avec une foi inébranlable en l’humain.
Ces souvenirs de Gary sont montrés comme une façon de vivre avec un handicap social, atténué par le caractère à la fois frivole et grandiloquent d’une mère digne, ne jurant que par le succès de son fils, dont elle vit un rapport pseudo-incestueux que Barbier illustre avec un sens inné de la litote, dans les mots, les paroles non dites, les agissements, faire face au cynisme de la société avec un sens de l’humour et du détachement assez particulier.
Cette partie du film est la plus intéressante, sommant le spectateur de s’y pencher davantage pour renouer avec une certaine forme de la biographie filmée. Le cinéaste ne renouvelle pas le genre, mais se montre quand même assez adroit pour éviter les clichés associés à ce type d’entreprise. Et la durée du film, plus de deux heures, ne s’en ressent pas.
Côté interprétation, à l’instar de la version 70 de Jules Dassin, La promesse de l’aube est aussi un film de comédiens. Albert Niney (Romain, adulte) dépasse Assaf Dayan, plus fils de militaire israélien, en l’occurrence Moshe Dayan, qu’acteur ; Charlotte Gainsbourg suit un registre discret tout en jouant la Jewish Mama attirée tout de même par les avantages de la majorité chrétienne (ce qui explique qu’à un moment de sa vie, Gary changera ses convictions religieuses, passant d’un judaïsme menacée à un catholicisme majoritaire et parfois dogmatique) avec aplomb, loin de la fulgurance de Melina Mercouri, confirmant en quelque sorte que le film avait été fait pour elle.
En somme, La promesse de l’aube se voit comme un outil additionnel à la connaissance d’une figure marquante de la littérature française, même si son roman est teinté d’un symbolisme qui fait honneur à son nom et à son statut d’homme de lettres.
Réalisation
Éric Barbier
Genre : Drame biographique – Origine : France – Année : 2017 – Durée : 2 h 10 – Dist. : A-Z Films.
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
revuesequences.org
Même si son affiche publicitaire met en valeur Hubert Reeves, La Terre vue du cœur n’est pas centrée sur l’éminent astrophysicien, comme l’était davantage, par exemple, le film que Fernand Dansereau avait consacré à son cousin l’écologiste Pierre Dansereau en 2001, documentaire par ailleurs inoubliable.
Le sujet ici est l’eau, la protection de l’eau et de la vie, rien de moins. Reeves et plusieurs autres spécialistes d’horizons divers (cinéaste, philosophe, océanologue, avocate du droit à l’environnement, et même un membre des Cowboys fringants !) viennent à tour de rôle livrer leurs observations plus ou moins optimistes sur l’avenir de l’eau et, conséquemment, de notre planète. En outre, le rapport des Amérindiens avec la nature est aussi mis en évidence. Plusieurs des personnes interviewées le sont dans leur contexte de vie, comme la ferme de Reeves, en Bourgogne, ce qui permet d’illustrer leurs propos.
Ce film ne réinvente pas la roue du documentaire, mais cela n’a aucune importance ; ce qui compte ici c’est de faire comprendre l’urgence de la situation quant à la préservation de l’eau, et l’impact que peuvent avoir des actions concertées contre toutes les pratiques industrielles nuisibles. À titre d’exemple, on nous rappelle que si le statut des animaux a changé dans le Code civil français, c’est grâce à la pression populaire. Le statut de l’eau doit changer aussi ! En fait, le film de Iolande Cadrin-Rossignol est surtout un plaidoyer intense pour la survie non seulement du genre humain, mais de toute vie terrestre.
Ce film indispensable devrait être présenté et commenté dans toutes les institutions scolaires du Québec et d’ailleurs.
Réalisation
Iolande Cadrin-Rossignol
Genre : Documentaire – Origine : Québec [Canada] – Année : 2018 – Durée : 1 h 31 – Dist. : Maison 4:3.
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
Réalisation
Shoojit Sircar
Genre : Drame romantique – Origine : Inde – Année : 2018 – Durée : 1 h 55 – Dist. : Imtiaz Mastan.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
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