31 mai 2018
Dans le drame et la comédie russe, encore plus chez Tchekhov, la mélancolie sert de lien entre la réalité, parfois idéalisée, des personnages et leur drame, entre le collectif et l’individualité exacerbée. Autre époque que ce récit dans une Russie tsariste en voie de disparition où tout le monde est à sa place. Histoires d’amour(s), de conquêtes, de jalousie(s), de trahisons. On aime celui ou celle qui ne partage pas les mêmes sentiments à notre égard.
Terreau narratif magnifiquement suprême pour tout récit théâtral ou cinématographique. Pour Michael Mayer, At Home at the End of the World (2004), signe ici une mise en abyme, oscillant entre la célèbre pièce de l’auteur russe et la comédie dramatique sentimentale qu’est le film.
Les va-et-vient délirants entre ceux qu’on croit aimer et ce qui nous aiment vraiment devient source d’une incroyable direction d’acteurs où chacun et chacune, sans exception, doit construire un personnage.
Telle une Melina Mercouri jouant pour Jules Dassin, Annette Bening prouve jusqu’à quel point l’âge n’a aucune importance dans l’art de l’interprétation. Si elle s’empare de cet environnement bucolique en forme de huis clos, c’est pour mieux saisir l’instant, car chacune des ses prestations est un véritable tour de force. En arrière-plan, mais prouvant qu’elle se dirige vers une carrière plus que prometteuse, Saoirse Ronan, resplendissante d’énergie et d’opportunisme, réussit, elle aussi, son multiple registre dans un rôle à sa mesure.
Dans cet endroit perdu de la campagne russe, tout le beau il est beau, tout le monde il est gentil… ou méchant. C’est de la nature humaine que Tchekhov parle. Et Michael Mayer en est le digne ambassadeur.
Les hommes, quant à eux, dans tout cet amoncellement de petits et gros drames du quotidien… des êtres passifs, sans colonne vertébrale, tout au mieux hédoniste, attendant que « la maman ou la putain », axiome fort heureusement disparu de nos jours, lui donne des forces pour continuer à exister.
Réalisation
Michael Mayer
Sortie
vendredi 1er juin 2018
Version originale
anglais
Genre : Drame
Origine : États-Unis
Année : 2017
Durée : 1 h 38
Dist. : Métropole Films
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
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Effectivement, il y a dans Tout le monde debout, le premier long métrage de Franck Dubocs, (inutile de nommer ses films comme comédien, vous avez sans doute vu plusieurs parmi ses plus de soixante), un laisser-aller indigeste face à un personnage qui n’apporte absolument rien à l’intrigue, et sourtout joué par un comédien habitué aux rôles plutôt machistement méditerranéens, ici sans aucune conviction, voire même sans aucune envie d’aller plus loin. Le cinéma français a toujours eu de grandes difficultés à aborder le thème de l’homosexualité sans éviter la caricature extrême ou au contraire, le côté ostentatoire de mauvais aloi (Les nuits sauvages du regretté Cyril Collard ou encore Théo et Hugo dans le même bateau, du duo Olivier Ducastel et Jacques Martineau, tous les deux, par ailleurs, de très beaux films). Outrage forcément réparé légitimement par le récent 120 battements par minute (Festival de Cannes 2017).
Reste alors le film en soit, Tout le monde debout, une comédie sentimentale aux amours improbables entre un dragueur impénitent un peu misogyne d’un âge depuis longtemps révolu (ou l’est-ce vraiment ?) et une paraplégique, magnifiquement interprétée par Alexandra Lamy, intègre, superlative, s’acquitant de sa tâche ingrate avec une simplicité déconcertante.
Elsa Zylberstein mérite mieux et finalement, comme il se doit, Dubocs se donne un rôle, le premier, montrant jusqu’à quel point il peut être à l’aise devant et derrière caméra. À l’aise ? Grande question qu’on se pose durant toute la projection d’un premier essai recroquevillé sur lui-même, sauvé in extremis par une ou deux séquences émouvantes, dont celle du souper romantique à deux aquatique, et le regard attendrissant et égalitaire que Dubocs pose sur les personnes handicapées, sans tambours ni trompettes, avec toute la tendresse du monde.
Réalisation
Franck Dubocs
Sortie
vendredi 1er juin 2018
Version originale
français
Genre : Comédie sentimentale
Origine : France / Belgique
Année : 2018
Durée : 1 h 48
Dist. : A-Z Films
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
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Réalisation
Shashanka Ghosh
Sortie
vendredi 1er juin 2018
Version originale
hindi ; s.-t.a.
My Best Friend’s Wedding
Genre : Comédie romantique
Origine : Inde
Année : 2018
Durée : 2 h 03
Dist. : Imtiaz Mastan
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
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