Articles récents

Les anges portent du blanc

26 juillet 2018

| PRIMEUR |
Semaine 30
Du 27 juillet au 2 août 2018

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans une modeste station balnéaire, deux collégiennes sont agressées par un homme d’âge mûr dans un motel. Mia, l’adolescente qui travaillait à la réception est la seule témoin.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

CHINE 2000, MODE D’EMPLOI

Sublime travail de la part de Vivian Qu qui, après l’inédit Trap Street / Shuiyin jie (2013), signe un deuxième long métrage et scénario d’une maturité étonnante, tout en nuances, en non-dits expressifs; une radiographie lumineuse de la société chinoise d’aujourd’hui, occidentalisée, intégrée à cette déferlante globalisation qui n’épargne ni rien, ni personne, l’engluant dans un mécanisme où l’argent est l’enfant-roi, sans scrupules, capricieux.

Mais Les anges portent du blanc c’est aussi, surtout, un film sur la condition féminine dans un pays traditionnaliste et patriarcal régi par un système corrompu et archaïque qui n’a point cédé aux principes démocratiques de l’Occident. C’est aussi le regard visionnaire d’une jeune réalisatrice formée à l’école new-yorkaise, travaillant selon une approche occidentale, mais qu’elle arrive à conjuguer habilement et avec une rare intelligence à la sensibilité cinématographique chinoise.

La fin, sublime, d’une beauté plastique aussi troublante que
singulièrement émotive, souligne pour ainsi dire que le cinéma
doit se réapproprier constamment les images en mouvement.
Nous irons jusqu’à dire que certains plans brefs, pris au
hasard, évoquent avec tendresse le cinéma de Theo Angelopoulos.

Une histoire de prostitution infantile, d’hymens brisés, de chantage, de déni des autorités médicales et policières (sans doute). Oui, en effet, un point d’interrogation lancé à une société qui a perdu le sens des valeurs, toutes générations confondues.

À la plage, une statue géante de Marilyn Monroe telle qu’elle paraît dans The Seven Year Itch / Sept ans de réflexion (1954), et qui rappelle le légendaire colosse de Rhodes, au féminin, ici la sculpture de l’actrice américaine protége paradoxalement les baigneurs de tout parasite extérieur. Et puis, une métaphore vers la fin du film, ultime symbole des influences qu’on tente de casser une fois pour toutes. Il y a là aussi un autre point interrogateur. La fin, sublime, d’une beauté plastique aussi troublante que singulièrement émotive, souligne pour ainsi dire que le cinéma doit se réapproprier constamment les images en mouvement. Nous irons jusqu’à dire que certains plans brefs, pris au hasard, évoquent avec tendresse le cinéma de Theo Angelopoulos.

Sortie
vendredi 27 juillet 2018

Version originale
mandarin; s.-t.f.
Jian nian hua

Réalisation
Vivian Qu

Genre
Drame

Origine
Chine

Année : 2017 – Durée : 1 h 47

Distributeur
Films Eye Steel Inc.

Horaires & info.
@ Cinémathèque québécoise

Classement
 Tous publics

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Mission: Impossible – Fallout

| PRIMEUR |
Semaine 30
Du 27 juillet au 2 août 2018

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Ethan Hunt et son équipe de la IMF, en compagnie d’alliés, se lancent dans une véritable course contre la montre, alors qu’une mission a dérapé.

CRITIQUE
| André Caron |

★★★ ½

UNE MISSION IDÉOLOGIQUE

Disons-le d’emblée : ce sixième film de la série Mission: Impossible impose un spectacle ahurissant, surtout si vous le voyez en IMAX, où les scènes d’action vertigineuses prennent tout leur sens. Établissant une surenchère sans cesse croissante de film en film, ces scènes sont devenues des morceaux de bravoure tout aussi captivants qu’impossibles et invraisemblables que Tom Cruise, du haut de ses 55 ans (au moment du tournage), prend un malin plaisir à exécuter lui-même, avec bien sûr d’énormes mesures de protection, car il n’est pas question de mettre en danger la vie d’une mégastar valant au bas mot 50 millions de dollars.

Par exemple, dans la fameuse cascade dont tout le monde parle, celle où il saute du toit d’un édifice à un autre en se fracturant une cheville (c’est la prise que l’on voit dans le film), n’oublions pas que Cruise est attaché à un harnais relié à une poulie dont on efface les câbles numériquement en post-production. À aucun moment, l’acteur ne risque de tomber. Cela n’enlève rien à son courage ni à sa grande forme physique, mais ce fait relativise le danger dans lequel il se place. N’empêche, aucune vedette de sa trempe n’aurait la témérité d’aller s’agripper à une corde au-dessous d’un hélicoptère en plein vol.

Tout ce spectacle éminemment divertissant ne devrait toutefois pas nous faire oublier que ces films professent une idéologie dominante, celle de l’Empire américain, qui s’est imposée au monde entier depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. D’ailleurs, la série télévisée (1966-1973), à l’origine de ces films, s’inscrit dans le contexte de la guerre froide des années 1960. Le but des missions secrètes accomplies par les agents de James Phelps (Peter Graves) était de renverser des régimes communistes, de récupérer des secrets d’états ou de ramener des traîtres à la patrie. Dès 1996, cet objectif est détourné dans le premier film : les agents secrets s’en prennent à d’autres officiers de renseignement devenus renégats. L’Impossible Mission Force (IMF) y dévalise d’ailleurs le centre de la CIA à Langley. Dans les trois films suivants, les agents de l’IMF continuent de s’entretuer jusqu’à la formation du « Syndicate », composé d’agents libres provenant de partout dans le monde. Il ne s’agit plus alors d’imposer la suprématie américaine sur les autres pays mais d’asseoir la supériorité des agents américains sur tous les autres. Mieux : de prouver l’invincibilité de l’IMF sur toutes les autres agences américaines, car seule l’équipe d’Ethan Hunt est juste et droite. Elle seule défend les véritables idéaux des États-Unis : la vérité, la justice et l’American Way partout sur la planète.

Dans Rogue Nation (2015), Hunt affronte son parfait alter-ego du mal en Solomon Lane, le chef du Syndicate, dont le nom peut se traduire par « la voie de Salomon ». Puisqu’il est capturé à la fin du film, ses acolytes se regroupent en « Apôtres » dans Fallout, qui planifient de détruire simultanément le Vatican, la Mecque et Jérusalem à l’aide d’engins nucléaires. L’idée d’éradiquer les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) d’un seul coup peut sembler radicalement athéiste et anarchiste, mais qu’en est-il du bouddhisme, de l’hindouisme, de l’orthodoxie et, surtout, de l’anglicanisme protestant dont le symbole est l’Abbey de Westminster à Londres? Ils se disent anarchistes car ils veulent renverser l’ordre établi, mais ils sont en fait les membres d’une organisation criminelle, similaire au Spectre des films de James Bond, qui emploient des tactiques terroristes pour arriver à leur fin. Ce sont des WASPs (White Anglo-Saxon Protestants) imbus de pouvoir que le « chasseur » américain Ethan « Hunt » va éradiquer au nom des États-Unis, tout évitant de se faire « marcher » sur les pieds par l’auguste agent de la CIA, August « Walker » (Henry Cavill, toujours aussi monolithique que dans Man of Steel ou The Man Fron U.N.C.L.E., une autre télésérie parano-communiste des années 1960).

Les vertus manifestes de ce personnage héroïque compensent-
elles pour ses actions impérialistes et interventionnistes? Peut-
être symbolise-t-il en fin de compte le paradoxe américain, qui
peut aussi bien engendrer la droiture vertueuse d’un Barak
Obama ou la dictature insidieuse d’un Donald Trump.

En ce sens, Ethan Hunt et son équipe représentent l’establishment américain, le pouvoir en place, l’impunité des services de renseignements qui épient nos moindres gestes et qui interviennent sans autorisation (en France, en Angleterre, au Kashmir). En bout de ligne, Hunt est le chien de garde des États-Unis. Pourquoi alors sommes-nous enclin à nous identifier à ce héros typiquement américain ? Sans doute parce que le scénariste-réalisateur Christopher McQuarrie ne nous laisse pas le temps de réfléchir, tellement sa mise en scène est efficace et enchaîne inlassablement les scènes d’action époustouflantes, mais aussi parce qu’il sait construire une intrigue qui, bien qu’elle soit inutilement compliquée et bourrée de trous de logique, repose sur l’humanité du héros.

À trois reprises, Hunt met en péril sa mission en protégeant la vie d’un collègue ou d’une policière. Émotivement, il est déchiré entre sauver son ex-femme Julia (Michelle Monaghan) ou épargner l’espionne Ilsa Faust (Rebecca Ferguson). Mais les vertus manifestes de ce personnage héroïque compensent-elles pour ses actions impérialistes et interventionnistes? Peut-être symbolise-t-il en fin de compte le paradoxe américain, qui peut aussi bien engendrer la droiture vertueuse d’un Barak Obama ou la dictature insidieuse d’un Donald Trump.

Sortie
vendredi 27 juillet 2018

Version originale
anglais / Version française
Mission : Impossible — Répercussions

Réalisation
Christopher McQuarrie

Genre
Action
Espionnage

Origine
États-Unis

Année : 2018 – Durée : 2 h 27

Distributeur
Paramount Pictures

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
Violence

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Our House

| PRIMEUR |
Semaine 30
Du 27 juillet au 2 août 2018

 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Ethan s’occupe de ses jeunes frères et sœurs depuis que ses parents sont morts dans un accident tragique. Dans ses temps libres, le jeune homme travaille sur une machine qui peut reproduire de l’électricité sans fil. Mais cet engin possède aussi des pouvoirs maléfiques difficile à contrôler.

CRITIQUE
| Yves Gendron |

★★

FANTÔMES DANS LA MAISON

Our House est le remake du court métrage Phasma Ex-Machina présenté à Fantasia en 2010. Dans le genre «  fantastique » l’amalgame de science-fiction et de science du paranormal peut s’avérer riche en possibilités. Toutefois, Our House s’oriente vers une approche plus succincte et terre à terre comme l’indique d’ailleurs le titre terriblement anodin du film.

Le surnaturel fait la plupart du temps des apparitions sobres et posées, voire minimalistes. Des bruits étranges, des ombres, le hors-champ et une petite vapeur noire CGI sont les artifices employés avec peu d’effets choc gratuits. Même la « machine » ressemble plus à un système stéréo qu’à un aimant à spectre. Tout en suscitant intrigue et tension, il faut du temps pour que les manifestations paranormales prennent une tournure vraiment menaçante. Une inquiétante silhouette de femme n’apparaît que tard dans le film et le grand spectacle d’effroi ne survient que lors du dénouement.

Kate Moyer en particulier fait mouche dans son
rôle d’adorable petite sœur un brin frondeuse.

En fin de compte, le film repose moins sur l’étalage de terreurs surnaturelles et d’émotions fortes que sur le deuil insolite de personnages attachants passant à travers une situation hors norme. D’une certaine façon c’est l’antithèse des films de fantômes ténébreux et maniérés comme ceux de la franchise des Conjuring.

Our House à manifestement été conçu pour le grand public qui ne fréquente guère le cinéma d’horreur graphique et angoissant, d’où son approche fantastique modérée. Cependant, le film ne risque guère de plaire à de nombreux adeptes du genre fantastique plus pur et dur, les vrais aguerris. Pour eux, le film d’Anthony Scott Burns risque de paraître des plus ordinaire et même ennuyeux.

Our House n’en demeure pas moins une production bien faite et efficace. Son principal atout : des jeunes interprètes qui rendent le drame et leurs liens fraternels authentiques. Kate Moyer en particulier fait mouche dans son rôle d’adorable petite sœur un brin frondeuse.

Bien que sorti en salle, il s’agit là d’un film qui, par son cadre intime et son approche modérée du fantastique, convient plus à une diffusion télévisuelle.

Sortie
vendredi 27 juillet 2018

Version originale
anglais; s.-t.f.
Notre maison

Réalisation
Anthony Scott Burns

Genre
Épouvante

Origine
Canada
Allemagne
USA

Année : 2017 — Durée : 1 h 30

Distributeur
Entract Films

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
Horreur

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

 

 

2025 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.