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Transit

15 novembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 46
Du 16 au 22 novembre 2018

SYNOPSIS SUCCINCT
L’occupant allemand est aux portes de Paris. Les persécutés de toutes nationalités prennent la fuite vers le sud du pays. Georg, un technicien en électronique d’origine germanique, est chargé de livrer à Weidel, un célèbre écrivain juif, le sauf-conduit qui lui permettra d’aller retrouver son épouse Marie. Mais les choses se compliquent.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★ ½

L’ATTENTE

C’est avec Wolfsburg (2003), programmé au Festival des films du monde de Montréal, que Christian Petzold se fait remarquer. La suite, une présence plutôt discrète sur les écrans montréalais, même si on garde un bon souvenir de Barbara (2012) et du magnifique Phoenix (2014). Une constante : la quête existentielle dans l’attente, à l’intérieur d’une réalité sombre entre l’intime et le politique.

Même son de cloche pour Transit, inspiré du roman d’Anne Seghers, dont l’écriture à la limite de l’indéchiffrable peut retenir l’attention de certains cinéastes. Pour une raison difficile à déterminer, on pense à L’étranger d’Albert Camus que Luchino Visconti avait bien traité au cinéma, et encore plus à Marguerite Duras, plus proche des écrits et scénarios en forme de puzzle.

La direction photo de Hans Fromm (également de Barbara et Phoenix) privilégie souvent les mouvements glissants et les lueurs contrastées comme pour marquer un non-temps nécessaire au récit. Passé et présent se juxtaposent à chaque tournant de la ville avec comme résultat une allégorie insoumise de la temporalité, puisque assumée.

Et ce plan final qui explique admirablement bien la trajectoire de cet
anti-héros perdu dans les tréfonds incommensurables de l’attente.

Franz Rogowsi octroie une aura de mystère à son personnage, pris entre réalité et rêve éveillé : faux pas volontaires, physicalité accueillante aux métaphores du corps et de l’esprit. Où est la fiction? Où se trouve la vérité? Comment réagit l’anatomie physique? Car pour Petzold, le cinéma semble être un atelier d’expérimentations d’où peuvent éclore d’intéressantes tentatives de mise en scène.

On pense aux Schlöndorff et Von Trotta de l’âge d’or, voire même Alexander Kluge dans leurs démarches cinématographiques. Éviter la linéarité du récit pour mieux capter la réflexion du spectateur, témoin d’un cinéma, de film en film, en constante évolution.

Et ce plan final qui explique admirablement bien la trajectoire de cet anti-héros perdu dans les tréfonds incommensurables de l’attente. Justifiant des personnages qui apparaissent et disparaissent sans laisser de traces. Même celui de Marie (puissante Paula Beer) qui n’abandonne pas sa quête de l’amour perdu. Mais est-elle réelle ou fantasmée?

Sortie
Vendredi 16 novembre 2018

Langue(s)
V.o. : multilingue ; s.-t.a. & s.-t.f.
Transit

Réal.
Christian Peltzold

Genre : Drame psychologique – Origine : Allemagne / France
Année : 2018 – Durée : 1 h 41
Dist.
Eye Steel Film

Info. @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Widows

| PRIMEUR |
Semaine 46
Du 16 au 22 novembre 2018

SYNOPSIS SUCCINCT
Quatre braqueurs sont tués au cours d’un coup qui tourne mal, laissant à leurs veuves le soin de finir le travail.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★ ½

LES BATTANTES

Est-ce si grave si un cinéaste-auteur aborde une première fois le cinéma popcorn en lui administrant quand même une dose singulière de savoir-faire? Après 12 Years a Slave et surtout Hunger, Steve McQueen n’a pas besoin de se justifier. Œuvres beaucoup plus abouties, elles se démarquent de ce quatrième long métrage, Widows, qui compte surtout sur la présence de très bonnes comédiennes, dont une Viola Davis s’appropriant son personnage avec une verve sans pareille.

En fait non, il y aussi un rapport extraordinaire avec le médium, dont la très belle et anxieuse direction photo de Sean Bobbitt. Aujourd’hui, certains cercles critiques ne pardonnent pas aux cinéastes qu’ils ont vénérés en tant qu’auteurs de se réapproprier avec sincérité le cinéma mainstream. C’est ce qui explique sans doute qu’avant le début, McQueen s’adresse (à l’écran) une minute ou deux au public dans la salle, le remerciant d’être venu voir son film.

Ce n’est sans doute pas le meilleur McQueen, mais il
s’en tire cependant avec très grande satisfaction pour
un premier film grand public, ferme et décomplexé.

Le mal par le mal, semble dire le cinéaste dans ce récit dont le thème du casse paraît parfois invraisemblable tant il se sert de clichés associés au genre. Mais le réalisateur de Shame en est conscient et ose le tout pour le tout au risque de se casser la gueule. Ce qui n’est pas le cas car il ne cesse de nous rappeler de séquence en séquence que le cinéma est aussi l’art de tous les possibles.

Ce que nous retenons, c’est aussi que la rédemption n’est pas à l’ordre du jour dans une société occidentale actuelle bercée par la vanité, la corruption politique et le gain facile, prouvant que quel que soit le sexe, homme ou femme, la cupidité est aujourd’hui une valeur fondamentale de réussite à tout prix.

Ça se passe à Chicago, capitale du vice et de la vertu, selon l’endroit où on vit. Mais tout bien considéré, les puissants sont souvent ceux qui transgressent les lois pour mieux conserver leur rang. Ce n’est sans doute pas le meilleur McQueen, mais il s’en tire cependant avec très grande satisfaction pour une premier film grand public, ferme et décomplexé.

Sortie
Vendredi 16 novembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Veuves

Réal.
Steve McQueen

Genre : Suspense – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne
Année : 2018 – Durée : 2 h 09
Dist.
20th Century Fox

Info. @
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Tentacle Tribe

14 novembre 2018

CRITIQUE
| DANSE |

Élie Castiel

★★★★

Ghost

LE CORPS PROTÉIFORME

L’énergie parfois insoutenable qui se dégage de la corporéité des danseuses et des danseurs prend une forme aussi étanche que perméable. Paradoxe que la compagnie montréalaise Tentacle Tribe ne cesse d’exprimer tout au long du spectacle Ghost. Chorégraphie audacieuse qui défie le temps, l’espace dramaturgique et l’état d’esprit des performants. Suite

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