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Mary Queen of Scots

21 décembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1561, après quelques années passées en France où elle a épousé l’héritier de la couronne qui vient de la laisser dans le deuil à seulement 18 ans, Marie Stuart rentre en Écosse pour y régner de plein droit.

CRITIQUE
|
Élie Castiel |

★★★ ½

LES REINES DE LA DISCORDE

Premier long métrage d’une metteure en scène de théâtre, Mary Queen of Scots souligne affectueusement le film d’époque, disons même historique, cachant admirablement bien les codes de la scène pour rendre la proposition totalement cinématographique. Il y a aussi un choix de comédiens susceptible de rallier tous les spectateurs, notamment dans le cas des deux actrices principales, une Saoirse Ronan qui joue parfois la carte du camp d’époque avec un naturel fascinant, mais autrement (même si d’aucuns contesteront la validité totale des faits) proprement fidèle à sa fonction de reine.

S’opposant avec le jeu digne et souverain de Margot Robbie, une Elizabeth en proie à la guerre que se font les Hommes. Mais toutes deux victimes d’un univers où le pouvoir patriarcal est un régime en soi. D’où un regard profondément, et à juste titre, féministe de la part de Rourke. Car Mary Queen of Scots actualise l’Histoire, rend le tout comme une métaphore actuelle des inconduites politiques qui, dans certains pays, ont toujours droit de cité.

Premier long métrage d’une metteure en scène de théâtre,
Mary Queen of Scots souligne affectueusement le film d’époque,
disons même historique, cachant admirablement bien les codes
de la scène pour rendre la proposition totalement cinématographique.

Marie Stuart est ici réhabilitée au nom d’une belle cause et tout comme Jeanne d’Arc, elle meurt exécutée, sacrifiée au nom de la religion et bien plus que cela, le refus de voir la femme comme l’égale dans un monde d’hommes.

Et comment oublier la confrontation finale entre Elizabeth et Marie (événement ajouté) ressemblant beaucoup plus à un duel extraordinaire entre Ronan et Robbie, où toutes les deux triomphent et sortent gagnantes chacune à sa façon, donnant à l’art de l’interprétation non seulement ses lettres de noblesse, mais le situant aussi dans une activité essentielle de la modernité culturelle.

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Marie reine d’Écosse

Réal.
Josie Rourke

Genre
Drame historique

Origine(s)
Grande-Bretagne

Année : 2018 – Durée : 2 h 04

Dist.
Universal Pictures.

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Info. @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Mes provinciales

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Étienne monte à Paris pour faire des études de cinéma à l’université. Il y rencontre Mathias et Jean-Noël qui nourrissent la même passion que lui. Mais l’année qui s’écoule va bousculer leurs aspirations, en leur faisant traverser des épreuves amicales, amoureuses et artistiques qu’ils n’auraient pu guère soupçonner.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

CINÉMA ET SENTIMENTS

À voir de près, Mes provinciales est le premier film de Jean-Paul Civeyrac à sortir au Québec, et en réseau indépendant car aucun distributeur local n’a osé en prendre charge. Kino Lorber, sorte de Criterion du numérique et de la sortie en salle s’est occupé de sa diffusion en Amérique du Nord, incluant, bien entendu, le Canada et le Québec. Voici pour la petite histoire qui, par les temps qui courent, vaut la peine d’être racontée.

Pour le film : le ton romanesque de l’ensemble (amours passagères, nombreuses références à la littérature, à la poésie et aux livres de cinéma) est ce qui caractérise ce (très) long film sur le rêve de la création, reposant essentiellement sur l’ouvrage Les provinciales de Blaise Pascal auquel Etienne (Andranic Manet, effacé et pourtant conservant dans son visage et dans son regard, une sorte de dégaine candide) fait référence. Comme dans tout film français qui se respecte, les amours passagères prennent une place considérable et on constatera la présence d’un personnage homosexuel montré avec grâce et subtilité, sans faire de bruit.

Film-cinéma, film-bouquins, film-débats, film-intello (dans
le sens positif). Tout bonnement, Mes provinciales est un film
mélancolique, atteint d’une tristesse qui vient de l’âme.

À voir de près, Mes provinciales est le premier film de Jean-Paul Civeyrac à sortir au Québec, et en réseau indépendant car aucun distributeur local n’a osé en prendre charge. Kino Lorber, sorte de Criterion du numérique et de la sortie en salle s’est occupé de sa diffusion en Amérique du Nord, incluant, bien entendu, le Canada et le Québec. Voici pour la petite histoire qui, par les temps qui courent, vaut la peine d’être racontée.

Pour le film : le ton romanesque de l’ensemble (amours passagères, nombreuses références à la littérature, à la poésie et aux livres de cinéma) est ce qui caractérise ce (très) long film sur le rêve de la création, reposant essentiellement sur l’ouvrage Les provinciales de Blaise Pascal auquel Etienne (Andranic Manet, effacé et pourtant conservant dans son visage et dans son regard, une sorte de dégaine candide) fait référence. Comme dans tout film français qui se respecte, les amours passagères prennent une place considérable et on constatera la présence d’un personnage homosexuel montré avec grâce et subtilité, sans faire de bruit.

Un monde à part, celui des étudiants de la fac. On assiste aux cours, on défend ses idées. L’espace cinéma s’ouvre petit à petit, on continue ou on lâche prise, la musique classique sert de renfort au quotidien et la création est une motivation pour vivre. On prend des notes par écrit et à peine en utilisant le portable, même dans les cafés ou chez soi.

Il y a ceux qui vivent dans un terrain intellectuel privilégié et celles qui préfèrent s’engager socialement. On s’aime, on s’apprécie, on s’oublie quelque temps. On partage les petits appartements parisiens. Les faux pas s’accumulent et mine de rien, on s’excuse de tout et de rien. La vie, quoi!

Car, justement, la vie prend son cours comme il se doit. L’éblouissant noir et blanc et l’écran cinémascope illustrent Paris comme un endroit aussi favorisé pour tourner qu’étranger aux provinciaux. Ville prise par la caméra en un gris en forme de spleen baudelairien sauf pour un des derniers plans où, finalement, le soleil semble répondre aux attentes. Les dialogues (plutôt discours), abondants, témoignent d’une époque disparue, situant le film dans une intemporalité (même si des nouvelles à la radio citent Emmanuel Macron) naviguant entre le réel d’une ville filmée dans des rues désertes ou à peine peuplées et les halls de la fac où les « futurs cinéastes » préparent leurs premières lancées.

Film-cinéma, film-bouquins, film-débats, film-intello (dans le sens positif). Tout bonnement, Mes provinciales est un film mélancolique, atteint d’une tristesse qui vient de l’âme. Mais aussi, le témoin-fantôme d’un aujourd’hui qui, en général, refuse catégoriquement de tenir un discours consistant et éclairé sur l’art et son rapport à la vie. Est-ce la fin?

Un monde à part, celui des étudiants de la fac. On assiste aux cours, on défend ses idées. L’espace cinéma s’ouvre petit à petit, on continue ou on lâche prise, la musique classique sert de renfort au quotidien et la création est une motivation pour vivre. On prend des notes par écrit et à peine en utilisant le portable, même dans les cafés ou chez soi.

Il y a ceux qui vivent dans un terrain intellectuel privilégié et celles qui préfèrent s’engager socialement. On s’aime, on s’apprécie, on s’oublie quelque temps. On partage les petits appartements parisiens. Les faux pas s’accumulent et mine de rien, on s’excuse de tout et de rien. La vie, quoi!

Car, justement, la vie prend son cours comme il se doit. L’éblouissant noir et blanc et l’écran cinémascope illustrent Paris comme un endroit aussi favorisé pour tourner qu’étranger aux provinciaux. Ville prise par la caméra en un gris en forme de spleen baudelairien sauf pour un des derniers plans où, finalement, le soleil semble répondre aux attentes. Les dialogues (plutôt discours), abondants, témoignent d’une époque disparue, situant le film dans une intemporalité (même si des nouvelles à la radio citent Emmanuel Macron) naviguant entre le réel d’une ville filmée dans des rues désertes ou à peine peuplées et les halls de la fac où les « futurs cinéastes » préparent leurs premières lancées.

Film-cinéma, film-bouquins, film-débats, film-intello (dans le sens positif). Tout bonnement, Mes provinciales est un film mélancolique, atteint d’une tristesse qui vient de l’âme. Mais aussi, le témoin-fantôme d’un aujourd’hui qui, en général, refuse catégoriquement de tenir un discours consistant et éclairé sur l’art et son rapport à la vie. Est-ce la fin?

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.
A Paris Education

Réal.
Jean-Paul Civeyrac

Genre
Drame

Origine(s)
France

Année : 2018 – Durée : 2 h 17

Dist.
Kino Lorber.

Classement
Non classé

Info. @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

Mortal Engines

| PRIMEUR |
Semaine 50
Du 14 au 20 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans un monde post-apocalyptique, sur une Terre ravagée par une guerre de soixante minutes, la ville de Londres est devenue une immense machine en déplacement constant. Hester Shaw, une orpheline élevée par un androïde, décide de venger la mort de sa mère et assaille Thaddeus Valentine. Ce geste la mène à Tom Natworthy, un Londonien friand de vieilles technologies, avec qui la jeune femme s’allie afin de contrer les sombres desseins de Valentine.

CRITIQUE
|
André Caron |

DU SABLE DANS L’ENGRENAGE

Cette épopée fantaisiste à la mécanique clinquante souffre du syndrome John Carter : elle arrive trop tard. Sorti en 2012 et adapté du roman de 1915, The Princess of Mars, d’Edgar Rice Burroughs, John Carter montrait des peuples anciens sur la planète Mars à la fin du 19e siècle. Le problème? Tout cet imaginaire désuet était déjà présent dans les Star Wars, surtout avec la planète Tatooine modelée sur « Barsoom » (le nom donné à Mars par Rice Burroughs dans ses romans). Mortal Engines surgit aussi d’une autre époque, tout droit sorti des années 1980, mais ressemble à un film de fin du monde écrit dans les années 1970 (comme Damnation Alley ou Zardoz, par exemple), par voie de l’imaginaire de Terry Gilliam.

En effet, le paysage disproportionné ne peut que rappeler le géant qui sort de l’eau avec son chapeau-bateau sur la tête dans Time Bandits (1981), les villes qui se promènent comme des tanks géants font penser à l’édifice de la compagnie d’assurances qui levait les voiles pour quitter la cité dans la séquence d’ouverture de Monty Python’s The Meaning of Life (1983), tandis que le décor de cette ville de Londres sur chenilles renvoie directement à Brazil (1985), avec ces immenses tuyaux qui surgissent de partout et cet aspect « médiévalo-rétro-futuriste ». Telle que présentée dans le film, Londres ressemble à ces villes-bibelots que l’on retrouve dans les boules de verre que l’on agite pour faire de la neige.

Dommage aussi que Peter Jackson ait laissé la réalisation
à l’un de ses fidèles collaborateurs, Christian Rivers,
un spécialiste des « storyboards » et des effets spéciaux
qui pilote ici son premier long métrage. Il sait dessiner,
certes, mais il n’a pas de style et il ne sait pas diriger les
acteurs, ce qui enraille rapidement cet engin qui tourne à vide.

Ce n’est malheureusement pas Terry Gilliam qui a réalisé cette invraisemblable boursoufflure. Adapté du roman jeunesse de Philip Reeve, le premier d’une série de quatre, le scénario est d’une banalité consternante parce que sur-simplifié. Si les romans s’adressent aux pré-ados, le film aborde beaucoup trop sérieusement un sujet qui aurait bénéficié d’un peu d’autodérision à la Gilliam et qui aurait été mieux servi par une mini-série à la télé, dans la lignée de Game of Thrones. La déception est d’autant plus grande quand on sait que Peter Jackson, Philippa Boyens et Fran Walsh (The Lord of Rings, King Kong, The Lovely Bones) ont bien mieux réussi leurs adaptations par le passé, quoique leur travail sur la trilogie du Hobbit laissait à désirer et comportait un film de trop. Dommage aussi que Peter Jackson ait laissé la réalisation à l’un de ses fidèles collaborateurs, Christian Rivers, un spécialiste des « storyboards » et des effets spéciaux qui pilote ici son premier long métrage. Il sait dessiner, certes, mais il n’a pas de style et il ne sait pas diriger les acteurs, ce qui enraille rapidement cet engin qui tourne à vide.

 

Sortie
Vendredi 14 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Mécaniques fatales

Réal.
Christian Rivers

Genre
Aventures de science-fiction

Origine(s)
Nouvelle-Zélande / États-Unis

Année : 2018 – Durée : 2 h 08

Dist.
Universal Pictures.

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Info. @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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