31 août 2016
L’histoire de la reine Christine de Suède est racontée au grand écran à intervalles de 41 ans, puisque la première mouture, hollywoodienne, remonte à 1933 (Queen Christina, de Robert Mamoulian), avec Greta Garbo comme figure de proue, suivie en 1974 par un film britannique plus obscur (The Abdication, d’Anthony Harvey) mettant en vedette Liv Ullmann. Énorme commande donc pour la jeune comedienne suédoise Malin Buska que de se mesurer à ces monstres sacrés. Néanmoins, son jeu fougueux et inspiré, l’une des forces du film, lui a tout de même valu le prix d’interprétation féminine au FFM.
Dans les deux versions précitées, l’ambiguïté sexuelle de la monarque avait à peine été évoquée, sinon évacuée, ce que le scénario de Bouchard ici ne masque pas, car il s’agit d’un trait de caractère important de ce personnage fascinant, bien en avance sur son époque. Toutefois, ce qui faisait la richesse de la pièce du dramaturge québécois, l’intelligence des dialogues et la beauté du langage, s’est nettement perdu dans la traduction. De plus, l’importance accordée à l’amour que porte la très francophile reine à la culture (les échanges avec Descartes, notamment, étaient beaucoup plus étoffés sur les planches qu’à l’écran) cède ici le pas à des intrigues plus conventionnelles, prétextes à des séquences spectaculaires de combats à l’épée et de poursuites dans les splendides paysages enneigés de l’Europe nordique. La très habile direction photo de notre compatriote Guy Dufaux offre d’ailleurs un intéressant contraste entre l’aspect glacial des extérieurs et la chaleur enveloppante qui habille les scènes d’intérieur.
Malgré les affres de la coproduction, on peut rêver de ce qu’un Peter Greenaway ou un Ken Russell, dans leurs belles années, aurait pu tirer d’un tel matériau. À son crédit, Kaurismäki signe une mise en scène énergique, teinté de son savoir-faire technique et de ses talents de conteur, mais la facture finale, musique tonitruante à l’appui, se situe plutôt dans la lignée des miniséries ou feuilletons de luxe.
Texte intégral
Séquences
Nº 304 (Septembre-Octobre 2016)
p. 33
En kiosque : Septembre 2016
Genre : DRAME BIOGRAPHIQUE – Origine : Canada / Finlande / Allemagne / Suède / France – Année : 2015 – Durée : 1 h 46 – Réal. : Mika Kaurismäki – Int. : Malin Buska, Sarah Gadon, Michael Nykvist, Lucas Bryant, Laura Birn, Hippolite Girardot – Dist. / Contact : K-Films Amérique.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
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Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Lumières et ténèbres se conjuguent de diverses manières dans cette adaptation par le réalisateur américain Derek Cianfrance du roman éponyme de l’écrivaine australienne M. L. Stedman. Cianfrance avait déjà sondé de très juste manière les relations conjugales dans Blue Valentine et la place que les relations entre parents et enfant y trouvent. Dans un ample décor admirablement filmé par Adam Arkapaw qui, déjà dans Macbeth, avait su sculpter la campagne tourmentée écossaise, le cinéaste place ses personnages dans ces grands espaces opposant la grandeur des lieux à leur isolation voulue et assumée. On pense ainsi souvent à David Lean, par exemple dans Ryan’s Daughter, dans ses compositions où les individus sont en difficile harmonie avec leur environnement.
Une rencontre improbable entre Tom, un soldat meurtri revenant de guerre, et Isabel, une jeune femme enjouée, constitue le premier acte de ce mélodrame qui s’assume lyriquement. Toutefois, la musique d’Alexandre Desplat se déploie trop souvent pour appuyer des passages. Un dilemme moral arrive avec la découverte d’un bébé dans un barque à la dérive. Cette très jeune enfant a comme hochet une belle chouette en métal. Ce jouet est ainsi relié symboliquement au phare qui, comme cet oiseau de proie, permet de voir dans la noirceur. Les deux parents adoptifs et Hannah, la véritable mère vivent dans une même région. Il sont interprétés de très forte manière par Michael Fassbender, Alicia Vikander et Rachel Weisz qui rendent prenantes les positions contradictoires que chacun est amené à prendre dans ce drame dont l’ultime chapitre, plusieurs années plus tard, referme d’une trop juste manière l’intrigue.
Genre : DRAME – Origine : États-Unis / Nouvelle-Zélande / Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 2 h 13 – Réal. : Derek Cianfrance – Int. : Michael Fassbender, Alicia Vikander, Rachel Weisz, Florence Cléry, Bryan Brown, Jack Thompson – Dist. / Contact : Buena Vista.
Horaires : @ Cinéma du Parc – Cineplex
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25 août 2016
Pour le genre, suspense/épouvante, Don’t Breathe est une surprise. En majeure partie grâce à la mise en scène contrôlée, éprise par le genre qu’elle aborde, soucieuse de ses personnages, prisonniers d’un huis clos aussi masochiste qu’étouffant. Suite
Après quelques sujets courts et, entre autres longs, l’attendrissant Love Is Strange (2014) Ira Sachs aborde le thème de l’amitié naissante entre adolescents, sujet on ne peut plus délicat mais empreint ici de délicatesse et de sobriété. Suite
Il reste toujours le même et, bizarrement, semble plus performant qu’auparavant, du moins si on se base sur les nombreuses scènes d’action. Oui, il s’agit de Jason Statham, toujours le he-man de notre époque, en attendant un prochain. Mêlant James Bond et Jason Bourne à la fois, l’intrigue ne surprend guère, maintes fois revues et corrigées. Il n’y a de place que pour le Statham viril et casseur de gueule, le genre no-second-chance. Suite
Les enfants boomerang, ces adultes qui, pour des raisons le plus souvent justifiées, retournent vivre chez leurs parents est un des thèmes abordés dans cette comédie mi-figue mi-raisin ; d’une part, ces enfants dans la quarantaine, désagréables, opportunistes, ne reculant devant rien pour faire des remarques désobligeantes. De l’autre, la mère dont il est question, la soixantaine, veuve depuis un an, et qui désire « refaire sa vie » comme elle l’entend.
Et autour de ça, un réalisateur, totalement inconscient de son époque, signant avec fierté qu’en France, malgré les événements survenus ces derniers temps, « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Car Retour chez ma mère est une comédie à l’ancienne, faisant fi de ne pas voir les choses en face. Si le film obtient un certain succès dans les salles de l’Hexagone, c’est en majeure partie dû à une sorte de ressentiment du grand public envers les tragédies récentes. Mais aussi en raison de la présence extraordinaire d’une Josiane Balasko qui n’a plus rien à prouver. Elle passe de la comédie au drame avec une grâce constante.
Enfant chérie du Splendid depuis ses débuts, elle parcourt son métier de comédienne avec un naturel inné, mêlant allègrement pragmatisme et créativité. Pour elle, nous sommes prêts à donner au film la mention « entre moyen et bon ». Pour les reste, les thèmes, pour la plupart intéressants, ne sont qu’effleurés. Le film, muni d’éléments plus réalistes et au diapason de son époque, aurait pu être intéressant.
Genre : COMÉDIE – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 31 – Réal. : Eric Lavaine – Int. : Josiane Balasko, Alexandra Lamy, Mathilde Seigner, Philippe Lefebvre, Didier Flamand, Jérôme Commandeur – Dist. / Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
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Un homme est menacé d’expulsion de son appartement où il vit dans le Mile End de Montréal depuis quarante ans. Il en a fait un lieu de rencontre et d’hébergement où de nombreux colocataires se sont succédé. Martin Stone fut hippie et reconstitue ainsi une nouvelle famille changeante comme hier dans les communes ou les véhicules de groupes qui permettaient de vivre dans un esprit officiellement plus égalitaire.
Le réalisateur Jean-André Fourestié a vécu dans cet appartement. Son tournage, qui s’est étalé de manière sporadique sur trois ans, lui a permis de récolter divers moments joyeux ou plus difficiles de cette existence. Les premiers épisodes de la jeunesse et de la vie travailleuse avant le début de la période hippie sont quasi inexistants avant les archives sur le Peace & Love.
Néanmoins, la rencontre des deux filles de Martin, Debbie et Jacqueline, ainsi que de leurs mère et beau-père, permet de jeter un autre regard sur les conséquences de certains choix de vie. Le montage alterné réussit à montrer les contradictions entre ces vies parallèles et les liens avec la vie plus écologique qui motive maintenant l’aînée. La photographie de Hervé Baillargeon ne cherche pas à pousser ses effets dans ce portrait sensible d’un autre oiseau rare de cette métropole si diverse.
Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 29 – Réal. : Jean-André Fourestié – Dist. / Contact : InformAction.
Horaires : @ Cinéma du Parc
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