27 juillet 2017
Genre : Animation – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Tony Leondis – Voix (v.o.) : Christina Aguilera, James Corden, Jennifer Coolidge, Anna Faris, T.J. Miller, Maya Rudolph – Dist. : Columbia Pictures.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
Dans les transes fanatiques des salles de concerts tokyoïtes, devant un parterre de mâles bien plus âgés qu’elles, Yuzu, 10 ans, Auru, 14 ans, Rio 19 ans et Yuka, la plus vieille du haut de ses 22 ans, exercent un « métier » qui les dévore. Elles et des milliers d’autres reines de la J-Pop sont les idoles éphémères d’une société japonaise malade. En jupettes carottées et costumes coquins, sur des trémoussements qui nous rappellent que trop les danses lascives des effeuilleuses professionnelles, ces jeunes filles aux couettes pourtant sages font partie d’un système qu’elles entretiennent consciemment ou non, et que ni leurs proches ni le corps social dans son ensemble ne semblent vouloir remettre en cause. Tout au contraire. Dans cette hiérarchie ultra patriarcale qu’est le Japon, elles participent à l’équilibre instable (absurde serait-on tenté de dire) de leurs admirateurs qui leur vouent une passion proche de la dévotion. Ces hommes seuls, souvent désespérés et capables de tout dépenser pour acheter leurs disques, assister à leurs concerts et même avoir le privilège de leur serrer la main , parviennent grâce à elles à continuer de croire en quelque chose.
Ayant eu un accès privilégié aux dessous de ce show-biz lucratif, dont la popularité est étroitement liée à Internet et aux réseaux sociaux, la cinéaste Kyoko Miyake (qui a fait le choix de vivre hors de son pays) nous offre une étude rigoureuse, tout en sachant garder à son propos une rare limpidité. En outre, elle fait le tour d’une problématique complexe en évoquant un ensemble de facteurs touchant toutes les sphères de la société nipponne actuelle. Exploitation de ces enfants par les promoteurs, surmenage des salariés mâles, solitude, échec personnel, manque de confiance en soi, les rêves d’une jeunesse en mal de repères, et bien d’autres sujets se cristallisent ici, dans ces « Idols » objets de tous les fantasmes.
En somme, Miyake se livre à une dissection en règle des travers d’un mode de vie principalement urbain qui, pour des dizaines de milliers de résidents, est loin d’être un univers doré. Évitant toute forme de jugement – on imagine pourtant que la tentation a dû être forte – Miyake construit une mosaïque troublante, fusion parfaite de drame et de légèreté, de factuel et d’intime. Certaines remarques, de la part de Rio notamment, sont d’une lucidité bouleversante, mettant en lumière l’immense fragilité de ces étoiles montantes dont l’avenir en dehors des pistes de danse reste en suspens. Déstabilisés par ces visages d’enfants portant les stigmates d’une hyper-sexualisation socialement acceptable, gênés d’en être les témoins impuissants, un profond malaise ne cesse de nous étreindre.
Genre : Documentaire – Origine : Canada [Québec] / Grande-Bretagne – Année : 2017 – Durée : 1 h 29 – Dist. : Eye Steel Inc.
Horaires
@ Cinéma du Parc – Cinémathèque québécoise
Classement
Tout public
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Bande-annonce sans sous-titres
Genre : Comédie romantique – Origine : Inde – Année : 2017 – Durée : 2 h 06 – Réal. : Ksshitij Chaudhary – Int. : Kavita Kaushik, Binnu Dhillon, Jaswinder Bhalla, Karamjit Anmol – Dist. : Roadside Pictures.
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@ Cineplex
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Tout public
Librement inspiré de la pièce éponyme du dramaturge et comédien Gilles Dyrek, Venise sous la neige plonge rapidement dans un quiproquo à saveur théâtrale. Après un court, Police, ouvrez !, Elliott Covrigaru utilise à juste titre la mise en abyme dans ce premier long métrage : si le spectateur assiste à une adaptation cinématographique d’une pièce de théâtre ayant obtenu un certain succès en France, la trame narrative du film et la forme du huis clos juxtaposent les deux moyens d’expression. Les premières images de Venise sous la neige mettent en scène la plus récente pièce de Christophe (Olivier Sitruk), ayant comme interprète principale, Patricia (Juliette Arnaud), sa compagne. Alors que le dramaturge est invité à dîner chez un ancien camarade de classe sur le point de se marier, et qu’il désire plus que tout le solliciter afin de financer sa pièce, Patricia se lance dans un énorme quiproquo : elle serait native de Chouvénie. Commence ici, la principale représentation théâtrale, où l’actrice mène son public de deux futurs époux naïfs à croire au canular.
Loin d’être aussi remarquable ou réussie, que nombre d’adaptations cinématographiques de pièces de théâtre du genre, dont celles de Francis Veber (Le dîner de cons (1998), L’emmerdeur, 2008) ou encore Le prénom (Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte), Venise sous la neige bénéficie toutefois de quelques répliques croustillantes. Par ailleurs, en adoptant la forme de dialogues en privé, la tension comique se doit d’être de tous les instants afin de tenir le rythme, ce qui n’est pas le cas de Venise sous la neige. Malgré un début loufoque et une fin plutôt surprenante, l’ensemble n’arrive pas à tenir le rythme et à garder le spectateur en haleine.
Malgré un quiproquo constant, on aurait aimé voir intervenir davantage de personnages, créant plus de dynamique et de tensions, tout en favorisant le mouvement physique (déplacements des protagonistes, montage) et scénaristique (dialogues). Certains éléments de la trame narrative évoquent Le dîner de cons ; inversement, on présente un dîner où les invités se moquent de leurs naïfs hôtes, à leur insu. Cependant, Venise sous la neige échoue là où le Francis Veber, 1998) excellait : les quiproquos (mis de l’avant par la force du duo comique Lhermitte/Villeret) engendrant l’action et la venue de nouveaux acteurs entrant en scène menaçant la tenue du canular/dîner, sans compter que l’ampleur de cette confusion narrative s’accentuaot au rythme d’une empathie grandissante pour le personnage du con (des cons).
Venise sous la neige aurait gagné à présenter un antagoniste (autre que la tatie sénile) venant mettre en péril le jeu de Patricia, au même titre qu’on aurait voulu voir un Christophe plus convaincant au niveau du jeu. Ceci aurait permis une caractérisation des personnages beaucoup plus étoffée (et crédible) favorisant l’identification et nourrir notre sympathie envers ces derniers. Mais pour un premier long, non dénué de fausses notes, Elliott Covrigaru signe une réalisation convenable, tout en assumant la composition de la bande sonore.
Genre : Comédie – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 20 – Réal. : Elliott Covrigaru – Int. : Olivier Sitruk, Julie Arnaud, Élodie Fontan, Arthur Jugnot, Andrée Damant, Franck de la Personne – Dist. : Axia Films.
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@ Cineplex
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Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
19 juillet 2017
Si vous deviez voir trois films remarquables qui procurent trois expériences uniques sur trois événements importants de la Deuxième Guerre mondiale, abordés de trois approches esthétiques différentes par trois grands maîtres du cinéma contemporain, vous choisiriez sûrement Saving Private Ryan de Steven Spielberg (le débarquement en Normandie en 1944), The Thin Red Line de Terrence Malick (la campagne de Guadalcanal en 1942) et le diptyque de Clint Eastwood formé de Flags of Our Fathers et Letters from Iwo Jima (guerre du Pacifique en 1945), auxquels il faut désormais ajouter ce Dunkirk de Christopher Nolan. Cette œuvre majeure du cinéaste britannique se concentre sur un fiasco militaire qui se produisit à Dunkerque en France du 20 mai au 4 juin 1940, alors que l’armée allemande a confiné sur les plages près de quatre cent mille soldats français, belges, anglais, écossais et canadiens, attendant tous d’être évacués par la mer.
La particularité de l’approche de Nolan réside dans un magistral montage alterné qui imbrique trois lignes temporelles différentes se déroulant dans trois espaces spécifiques : une semaine sur les plages de Dunkerque avec les soldats désespérés, une journée en mer avec les petits bateaux britanniques qui partent de la côte est d’Angleterre pour rejoindre les rives de Dunkerque à l’ouest et, enfin, une heure dans les airs avec quelques avions de chasse Spitfire britanniques survolant la région pour protéger les troupes au sol. L’ingéniosité et la complexité de ce montage reposent sur la façon dont Nolan parvient à intercaler les événements pour créer une tension qui ne faiblit jamais pendant les 96 minutes que dure l’opération, nous faisant revoir sous un autre angle et dans un autre espace-temps des actions que l’on ne peut que saisir à rebours.
Il s’agit du film le plus court de Nolan (106 minutes avec un générique de 10 minutes!), mais aussi le plus dense, le plus expérimental et le plus risqué sur le plan dramatique. Car ne cherchez pas le personnage principal ou le héros qui sauve la situation ou le soldat qui veut revoir sa belle ou la mère éplorée qui attend désespérément le retour de son fiston. Quelques soldats, officiers et civils se démarquent de l’ensemble, mais c’est la mouvance de toute cette masse humaine qui motive le passage d’une section à l’autre. Le récit s’enclenche comme un jeu de dominos, avec deux soldats en fuite au début, qui débouchent sur quelques dizaines de fantassins belges avant de déboucher des centaines et des milliers qui attendent en ligne sur la plage, pendant que les avions allemands attaquent, que les U-Boats lancent les torpilles et que les navires coulent. Les officiers trépignent pendant que les marins civils s’organisent et que les aviateurs britanniques partent à la rescousse. Toutes ces lignes de force se rencontrent pour l’opération de sauvetage avant de se disperser. Cette approche intellectuelle renforce l’absurdité d’un conflit où chacun lutte pour sa survie, souvent au détriment des autres.
De toute cette confusion minutieusment orchestrée et précisément chorégraphiée par le cinéaste, des individus émergent par leur bravoure, leur sens du devoir et leur résilience. Mark Rylance affiche un flegme tout britannique dans son rôle de marin déterminé et loyal. Cilian Murphy parvient à humaniser son personnage de soldat traumatisé par la puissance de l’attaque allemande. Tom Hardy n’a que ses yeux pour communiquer la concentration et la témérité du pilote qu’il interprète avec un visage couvert par le masque à oxygène dans son habitacle. James D’Arcy imprègne son Colonel Winnant d’une tristesse et d’une noblesse très touchantes. Si seulement Hans Zimmer pouvait un peu lever le pied sur ses synthétiseurs et ses harmonies ultra-basses qui compressent nos poumons dans la salle. Quoique, lorsqu’à la fin, soudainement, la musique s’arrête, le tic-tac incessant disparaît, les vibrations s’évaporent et le son ambiant diminue, il se dégage de ce percutant film de guerre un moment de… paix.
Genre : Comédie – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 02 – Réal. : Malcolm D. Lee – Int. : Regina Hall, Queen Latifah, Jada Pinkett Smith, Tiffany Haddish, Larenz Tate, Mike Colter – Dist. : Universal Pictures.
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