En couverture

Séquences à la Berlinale 2020

22 février 2020

Jour 2 – L’Argentine vue par les femmes

Anne-Christine Loranger

El Prófugo de Natalia Meta

Une légère odeur d’autoritarisme flottait ce matin sur Potsdammer Platz alors que, contrairement aux habitudes prises depuis 18 ans, les journalistes ont dû faire la file à trois postes successifs avant de pouvoir enfin pénétrer dans l’immense salle du Berlinale Palast. Habitudes qui devront d’ailleurs changer du tout au tout l’année prochaine puisque les projections de presse se dérouleront dans un autre lieu, le Palast en faillite ayant été vendu… au Cirque du soleil !

Nous avons donc profité de cette belle salle confortable ce matin pour voir En avant le film d’animation que Dan Scalon (L’université des monstres) a tourné pour les studios Pixar. Si l’esthétique de ce road-movie très américain ne nous a plu qu’à moitié, reste que cette histoire de deux frères elfes partis à l’aventure pour retrouver la magie perdue de leur monde est l’occasion de beaux moments d’humour et de personnages féminins forts (et forts en gueule). Le film propose en même temps une fine critique de l’american way of life qui change agréablement des histoires de princesses congelées dans des châteaux de glace.  

En Compétition ce matin, El Prófugo (L’intrus), film argentin de Natalia Meta sur une actrice et chanteuse hantée au quotidien par les personnes qui habitent ses mauvais rêves. C’est parfois longuet mais finement filmé, avec une cinématographie intéressante sur un scénario original et habilement structuré. Les acteurs y sont véridiques, surtout Erica Rivas, une actrice d’une grande intelligence dont nous saluons la maîtrise vocale.

De l’Argentine également, nous avons vu le film d’ouverture de la section Panorama, Las Mil y Una de la jeune Clarisa Navas. La réalisatrice a tourné toutes ses images dans sa ville natale, située assez loin de Buenos Aires. Est-ce la trop grande proximité avec son sujet qui a éliminé un regard critique au montage ? Toujours est-il que cette histoire d’une timide jeune fille qui s’interroge sur sa sexualité dans un barrió pauvre et violent où le sexe est l’un des seuls moyens d’expression, est d’un souverain ennui.  Une absence de structure narrative donnant lieu à scènes répétitives, plombe l’excellente cinématographie de ce film mal en point. Il y avait pourtant un sujet en or et des acteurs dévoués à leur sujet. Dommage !

Bonheur du jour 

Quand le relationniste de My Salinger Year à qui on vient d’offrir une barre de chocolat Suisse interrompt votre entrevue avec Philippe Falardeau pour faire entrer Sigourney Weaver vêtue d’un splendide tailleur-pantalon noir et rose, et que cette légende du cinéma est aussi belle, aussi désinvolte et aussi charmante qu’on puisse le rêver.

Lendemain de veille 

Célébrer les 19 films venus du Brésil cette année et y découvrir une industrie cinématographique en pleine expansion, tout en apprenant que cette même industrie est présentement brutalement démantelée et censurée par le régime autoritaire de Jair Bolsonaro.

Rumeurs sur Potsdammer

Des murmures parlent de déplacer le centre de la Berlinale (présentement sur Potsdammer Platz) à l’Aréna Mercedes-Benz, dans le quartier Friedrichhain, ce qui constituerait un choix aventureux. Lieu d’événements sportifs importants, l’aréna contient 17 000 places au lieu des 1754 du Berlinale Palast, déjà l’une des plus grandes salles en Allemagne. Comment on pourrait y reloger le Festival reste mystérieux. Qui vivra verra !

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