En salle

Luce

15 août 2019

PRIMEUR
| Semaine 33 |
Du 16 au 22 août 2019
 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Amy et Peter Edgar sont les parents adoptifs de Luce, élève modèle, premier de classe et vedette de l’équipe sportive de son école. L’adolescent, au passé tragique, est désormais une source d’inspiration pour les gens de sa communauté et pour ses proches. Ainsi, lorsque Harriet Wilson, enseignante, partage avec Amy les préoccupations graves qu’elle nourrit concernant le comportement de son fils, celle-ci est prise au dépourvu.

< CRITIQUE >
Élie Castiel

★★★★ 

LIENS FREUDIENS

Après plusieurs courts métrages et deux longs plutôt mal accueillis par la critique, The Girl Is in Trouble (2016) et The Cloverfield Paradox (2018), Julius Onah ne prend plus aucun risque en adaptant la pièce éponyme à succès du répertoire contemporain américain, signée J.C. Lee.

Le pouvoir des mots, leurs significations, leurs ambiguïtés, leurs trahisons et incongruités. Parler pour ne rien dire ou, comme ici, rendre le message encore plus provocant car sujet à de nombreuses interprétations.

La version cinématographique de Luce, qui signifie en italien « lumière », car en espagnol c’est plutôt « luz » (comme on appelle le personnage dans le film), est l’exemple typique du cinéma d’auteur américain contemporain dans la mesure où l’intellect est mis à rude épreuve autant chez les protagonistes que chez les spectateurs. Luce est un film en perpétuel combat.

Nous devons, comme les personnages, composer avec une intrigue qui tout en suivant une approche linéaire du récit, ne cesse de nous renvoyer à l’idée qu’on peut se faire de la réalité, la proche, celle que l’on peut sentir quotidiennement, mais dans le même temps, celle qui se cache sournoisement pour donner lieu à des situations quasi kafkaïennes du monde.

Luce Edgar, dans un sens, c’est le transfuge, l’Africain devenu afro-américain par adoption, de parents blancs. D’où le scénario coécrit entre Onah et Lee qui ne cesse de questionner l’importance des paroles et des origines perdues. On se retrouve seul dans un monde qui n’est pas le nôtre et qu’on doit construire.

Ce qui amène à la froideur glaciale de la mise en scène, empreinte de situations entre l’excessif et la calme anxiogène car il se répand dans chaque geste. La vérité et la réalité n’existe pas en un seul plan car ce sont des notions qui ne cessent de s’altérer ou de transmuter comme des maladies chroniques.

Luce est l’illustration d’un rêve éveillé difficile à interpréter. Lucide, passionnément exigeant.

Effectivement, Luce est un film clinique, mis en situation(s) comme s’il s’agissait d’une expérience de laboratoire scientifique. Pour rendre cette atmosphère et ces récits narratifs proches de la psychanalyse freudienne, crédibles, des comédiens totalement convaincus de leurs personnages, particulièrement le prometteur Kelvin Harrison Jr. et la magistrale, comme toujours, Octavia Spencer, une des plus brillantes actrices de sa génération.

Luce est l’illustration d’un rêve éveillé difficile à interpréter. Lucide, passionnément exigeant.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 16 août 2019

Réal.
Julius Onah

Genre(s)
Suspense psychologique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 50

Langue(s)
V.o. : anglais

Luce

Dist. @
Entract Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes

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