En salle

Song of Granite

14 février 2019

| PRIMEUR |
Semaine 07
Du 15 au 21 février 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Inspiré par les mythes, fables et chansons de la tradition irlandaise, Joe Heaney a été l’un des plus grands interprètes de langue gaélique de son pays. Originaire du comté de Galway, il a passé une bonne partie de sa vie en Écosse et à Seattle, où il est décédé en 1984 à l’âge de 65 ans.

Critique
| Jean-Philippe Desrochers |

★★★ ½

LA BEAUTÉ DU GESTE

Coproduction Irlande-Québec, Song of Granite connaît cette semaine une sortie très limitée (seulement une salle, à Montréal). Film pointu et exigeant, tourné de surcroît principalement en langue gaélique, il s’agit du premier long métrage de Pat Collins, cinéaste irlandais inconnu mais talentueux, à sortir officiellement en salle chez nous. Biographie audacieuse et atypique flirtant par moments avec le documentaire, Song of Granite raconte la vie du chanteur irlandais Joe Heaney en trois temps.

Collins réussit à transmettre l’impression, presque tactile,
que le chant du peuple émane et est contenu dans les
pierres, dans le granite, qui façonnent le paysage irlandais.

On retrouve chez Collins cette volonté de faire un cinéma proprement irlandais. Le cinéaste s’intéresse à la transmission et tente de saisir l’essence, l’âme de son pays par le biais de sa culture et de son histoire, en utilisant la musique (ou le chant et les sons) comme matériau principal. Rappelant effectivement Tarkovski, ou même la démarche d’un Pierre Perrault si ce dernier avait tourné de la fiction, le premier tiers du film, qui se déroule pendant l’enfance d’Heaney, est très réussi. Les plans fixes et contemplatifs, tournés en noir et blanc, mettent en valeur la beauté austère de l’Irlande rurale (région du Connemara). Collins réussit à transmettre l’impression, presque tactile, que le chant du peuple émane et est contenu dans les pierres, dans le granite, qui façonnent le paysage irlandais.

Toutefois, les deux derniers tiers du film, qui présentent Joe, adulte, exilé de sa campagne, sont moins inspirés (sauf pour les scènes de jams traditionnels dans les pubs). Collins filme alors avec une certaine retenue ce qu’il a moins exploré (la ville, l’Amérique) à titre de cinéaste. Les deux derniers tiers illustrent cependant un thème central de la culture irlandaise : le sentiment de déracinement éprouvé par sa diaspora. Malgré cette partie moins convaincante, le parcours de Collins reste à surveiller. Souhaitons par ailleurs que la collaboration Irlande-Québec se poursuive et engendre d’autres longs métrages d’auteur aussi ambitieux.

FICHE TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 15 février 2019

Réal.
Pat Collins

Origine(s)
Irlande
Canada

Année : 2017 – Durée : 1 h 37

Genre(s)
Drame biographique

Langue(s)
V.o. : anglais, gaélique ; s.-t.a. & s.-t.f.
Le chant du granite / Amhrán eibhir

Dist. @
Filmoption International


Classement
Tous publics

Info. @
Cinéma du Musée

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.