En salle

Lemonade

22 novembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 47
Du 23 au 29 novembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Mara, une infirmière d’origine roumaine, a quitté son pays pour les États-Unis dans l’espoir d’améliorer sa condition. Au moment d’accueillir Dragos, son fils de 10 ans, elle doit prouver sa bonne foi aux services d’immigration. L’agent responsable de son dossier la presse de questions sur son mariage récent avec Daniel, un Américain qu’elle a connu au centre de réadaptation où elle travaillait alors qu’il se remettait d’un accident.

 CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★ ½

EXIL INTÉRIEUR

Après quelques courts sujets et le collectif Contes de l’âge d’or / Amintiri din epoca de aur (TIFF 2009, entre autres), la Roumaine Iona Uricaru signe un premier long métrage multi-géographique (dont le Québec – c’est d’ailleurs en très grande partie tourné à Montréal, incluant une large part d’artisans québécois) mais n’empêche que la jeune cinéaste lui attribue une touche balkanique, comme celle de son compatriote Cristian Mungiu (Baccalauréat / Bacalaureat, de digne mémoire), également un des producteurs du film.

La caméra, souvent proche de la principale protagoniste se révèle un objet documentaire, suivant chaque étape d’une femme perdue dans une Amérique qu’on n’a jamais imaginée., loin de celle de l’American Dream.

L’opportunisme « sexuel » de l’agent d’immigration est montré de façon clinique (dont cette extraordinaire séquence à l’intérieur de l’auto, inquiétante, d’un réalisme à couper le souffle, froide, distancié malgré une caméra organique trop proche des points de contact des corps, et dont l’agressivité fait partie du quotidien, montrant les visages à double face des coupables, sans doute faisant un travail impeccable (au bureau). Dualité de l’Homme, pris entre devoir et sexualité primaire.

Film sur l’immigration, mais aussi sur le rêve américain qui n’a jamais existé mais auquel on croit encore, particulièrement lorsqu’on veut changer son destin quels que soient les risques à prendre. L’errance humaine n’a jamais été aussi chronique qu’à notre époque. Vagues de transferts géographiques qui changent le monde, notre rapport aux autres, à la vie et à nous-mêmes.

Un aboutissement digne des films des Dardenne ou de Dumont.
Comme si l’exil inéluctable était une forme d’intériorité.

Le titre alternatif roumain est Luna de miere (en France, Lune de miel), appellation d’autant plus appropriée qu’elle constitue l’antithèse de cette déclaration et preuve d’amour; également manifesté par la présence de Daniel (excellent Dylan Smith), au passé trouble. La quête de la fameuse « green card » est un sport de combat pour une humanité qui n’a jamais été aussi vulnérable. Le petit Milan Hurduc (Dragoş) est magnifiquement dirigé; et dans la conclusion du film, il participe avec Mara, sa mère (impeccable Mãlina Manovici) dans le film, à un aboutissement digne des films des Dardenne ou de Dumont. Comme si l’exil inéluctable était une forme d’intériorité.

Sortie
Vendredi 23 novembre 2018

Langue(s)
V.o. : anglais, roumain ; s.-t.a. & s.-t.f.
Limonade / Luna de miere / Lune de miel


Réal.
Iona Uricaru

Genre : Drame
Origine
Roumanie / Allemagne / Suède / Québec [ Canada ]
Année : 2018 – Durée : 1 h 28
Dist.
Métropole Films

Info. @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

 

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