En salle

La prière

22 novembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 47
Du 23 au 29 novembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINT
Thomas, héroïnomane de 22 ans, est envoyé dans une commune en montagne habitée par une vingtaine d’autres jeunes hommes aux prises, comme lui, avec des problèmes de dépendance. L’horaire militaire des corvées est ponctué par la prière, imposée par la maison et le prêtre en résidence, la foi étant le moyen par lequel chaque individu doit trouver son chemin. Un soir, échappant à la vigilance de Pierre, son compagnon de chambre qui a pour mandat de veiller sur lui, le jeune Breton prend la fuite.

 CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

LA FOI

Quel beau film que La prière, rappelant un cinéma épuré, voire même limpide tant chaque plan est alimenté d’une idée personnelle qu’on se fait des images en mouvement. C’est ainsi qu’est construite, en général, l’œuvre de Kahn. Depuis l’étonnant Roberto Succo (2001), le cinéaste ne cesse d’explorer les contours de l’âme selon une approche pas si lointaine des frères Dardenne. Une façon unique de cadrer l’image et de le situer dans la nature comme s’il s’agissait de brosser un tableau.

Ici, la foi, et non pas la religion, est assignée au premier rang. Comment la percevoir, être certain que nous l’avons. En forme de voyage initiatique entrepris par Thomas (Anthony Bajon, parfait dans ses antagonismes et prises de conscience), La prière est une autre forme de confession, celle d’un cinéaste (selon nos recherches, aux origines juives) tout à fait conscient des doutes et des merveilles de la chrétienté, particulièrement le catholicisme.

 Lorsque des acteurs, dont la plupart des non professionnels, se donnent
la peine d’exprimer leurs sentiments avec une force aussi intense
que pénétrante, on ne peut qu’admirer ce drame intime
qui élève l’âme et situe le cinéma, à raison, au rang des arts.

Il se permet de situer ces jeunes en perdition dans une école de réhabilitation sociale par la foi. Est-ce un hasard si dans le groupe, certains d’entre eux paraissent d’origine arabe? D’où, si c’est le cas, ce rapport rassembleur à Dieu, cette communion qui unit les êtres. La parole est présente, le verbe aussi. Le dit sur la foi exprime autant le doute que la certitude. On songe parfois à Alain Cavalier, mais en moins austère. Les Dardenne, déjà évoqués, le sont par le soin apporté aux plans extérieurs où la nature et l’être ne font plus qu’un – voir séquence où Thomas se blesse au genou et après avoir réalisé que ce n’est pas si grave, il sourit avec un air de révélation épiphanique.

Belle complicité entre Cédric Kahn et ses contemporains par le biais d’un questionnement sur la nature complexe du mysticisme et de la croyance. Lorsque des acteurs, dont la plupart des non professionnels, se donnent la peine d’exprimer leurs sentiments avec une force aussi intense que pénétrante, on ne peut qu’admirer ce drame intime qui élève l’âme et situe le cinéma, à raison, au rang des arts.

Sortie
Vendredi 23 novembre 2018

Langue(s)
V.o. : français

Réal.
Cédric Kahn

Genre : Drame biographique – Origine : France
 Année : 2017 – Durée : 1 h 47
Dist.
FunFilm

Info. @
Cinéma Beaubien

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.