En salle

Border

22 novembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 47
Du 23 au 29 novembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Tina, douanière à l’efficacité redoutable, est connue pour son odorat extraordinaire. Mais quand Vore, un homme d’apparence suspecte, passe devant elle, ses capacités sont mises à l’épreuve pour la première fois.

LE FILM DE LA SEMAINE
| Jean Beaulieu |

★★★ ½

INSTINCT ANIMAL

La « frontière » du titre ne désigne pas uniquement un territoire géographique séparant deux pays, cristallisé par le bureau des douanes portuaire où travaille l’héroïne. Car, par le truchement de ses deux personnages principaux, Border transgresse aussi les frontières entre les genres (masculin, féminin – mais aussi cinématographiques) et entre les espèces (humaine, animale, troll), dans un récit hybride où se fondent les codes du film d’auteur hyperréaliste (caméra tenue main à l’appui) avec ceux du drame sentimental, de l’enquête policière et du conte horrifique.

« Meilleur réalisateur – Ali Abbasi »
Un Certain Regard
Festival de Cannes 2018

Enfin, le film se situe aussi à la frontière du réel et du surréel : par exemple, malgré son faciès et ses traits physiques fort atypiques, plus proches de ceux du Néandertalien que de l’Homo sapiens, et son sens exacerbé de l’odorat qui lui permet de détecter les passagers tentant de d’enfreindre les lois du pays, le personnage de Tina (très juste Eva Melander, transformée) évolue dans un milieu « normal », et personne dans son entourage ne s’en formalise.

Adapté d’une nouvelle de John Ajvide Lindqvist (également coscénariste, qui avait aussi fourni la matière première au Let the Right One In de Tomas Alfredson, dans lequel il renouvelait le film de vampires), Border cultive un climat d’étrangeté oscillant entre l’onirisme et l’horreur, à l’aide d’images parfois splendides, parfois très troublantes.

Le film ne peut qu’appartenir à l’époque qui est la nôtre :
un monde borderline où cohabitent le bien et le mal,
un monde pétri de violence, en quête de sens et d’humanité.

C’est toutefois dans l’observation des rapports avec la nature et des comportements ambigus des protagonistes que le réalisateur d’origine iranienne Ali Abassi (auteur d’un premier film, Shelley, inédit au Québec) marque le plus de points. Ainsi en va-t-il, entre autres, des liens qu’entretient Tina avec les animaux sauvages ainsi que des épisodes de sa vie quotidienne avec Roland, son copain un peu trash éleveur de chiens, dans leur petite maison au cœur de la forêt. Mais lorsque l’intrigue bifurque vers une chasse aux pédophiles ou le dévoilement des activités secrètes de Vore, le film perd un peu de son charme de rêve éveillé et bascule davantage dans les méandres du sordide.

Couronné par le jury d’Un Certain Regard à Cannes cette année, Border offre une réflexion sentie sur notre rapport à la normalité, à la beauté ou à la monstruosité – bref, à la différence. Dans cette optique, le film ne peut qu’appartenir à l’époque qui est la nôtre : un monde borderline où cohabitent le bien et le mal, un monde pétri de violence, en quête de sens et d’humanité.

Sortie
Vendredi 23 novembre 2018

Langue(s)
V.o. : suédois ; s.-t.a.
Gräns

Réal.
Ali Abbasi

Genre : Drame fantastiques – Origine : Suède / Danemark
 Année : 2018 – Durée : 1 h 50
Dist.
Métropole Films

Info. @
Cinéma du Parc

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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