En couverture

Youngnesse

25 septembre 2018

CRITIQUE
[ DANSE/THÉÂTRE
CONTEMPORAINS
]

★★★

Élie Castiel

CRIS ET CHUCHOTEMENTS

La scène québécoise contemporaire a toujours eu une prédilection pour les cris, pour les sons extrêmement forts. Est-ce pour mieux convaincre ? Pour résister à une société qui, au contraire, est de plus en plus silencieuse ? Protester, se rebeller, s’insurger face à un monde instable, sans repères, invalide. Et pour cela, dans Youngnesse, point de mise en scène, mais au contraire, une mise en situation qui s’installe au fur et à mesure que le récit avance. À grands pas, tendancieusement, électriquement, nerveusement, donnant à ces corps perdus l’occasion de déconner, de se jeter par terre, de se dénuder, de se construire des univers parallèles et imprécis. La tempête et non pas le calme, après la tempête. Point de répit.

Crédit photo : © Keven Lee

En somme, l’occasion de créer un spectacle inusité qui s’adresse aux happy few qui auront compris le message. La participation de l’auditoire se fait par le truchement d’un chapiteau improvisé au-dessus de leur tête comme, si d’une façon ou d’une autre, on les obligeait à s’intégrer.

La hiérarchie disparaît pour laisser la place à une création
collective qui ne jure que par l’erreur, le mauvais goût le plus
souvent mâtiné de gestes émouvants et parfois impressionnants.

Les comédiennes et comédiens récitent en français et en anglais. Point de nationalisme ici, mais une prise en charge rebelle, révolutionnaire qui n’a pas de leçons à recevoir de quiconque. Purs, dévergondés, puériles, émouvants, sexy, énervants, sublimes, tout cela à la fois, les protagonistes entament un voyage dans l’univers fantasmé de l’énergie participative, sans foi ni lois. L’anarchie devenu lyrisme et poésie.

Oui, c’est l’encadrement proposé par Philippe Dumaine et ses acolytes, techniciens de scène et comédiens confondus. La hiérarchie disparaît pour laisser la place à une création collective qui ne jure que par l’erreur, le mauvais goût le plus souvent mâtiné de gestes émouvants et parfois impressionnants. C’est dans les multiples contorsions corporelles, les mimes carnavalesques du visage, les face-à-face avec les spectateurs, parfois sollicités. On y croit. On y adhère.

Ces artistes sont hétéros et gais, francophones, anglophones et allophones. Le Montréal multiple respire sous nos yeux et la musique enlevante de Dry Sec n’est là que pour nous le rappeler sans cesse. Youngnesse ou le monde refait à sa propre image.

Mise en scène
Philippe Dumaine

Éclairages
Hugo Dalphond

Conseil dramaturgique
Marilou Craft

Direction technique
Nicola Dubois

Musique
Dry Sec

Performeur(es)
Maude Arès, Antoine Beaudoin Gentes
Angie Cheng, Sarah Chouinard-Poirier
Danièle Simon

Production
projets hybris

Diffusion
La Chapelle
[Scènes contemporaines]

Durée
1 h 10
[Sans entracte]

Représentations
Jusqu’au 28 septembre 2018

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel★★★★ Très Bon★★★ Bon
★★ Moyen★ Mauvais0 Nul.
½  [Entre-deux-cotes] 

 

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