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Rigoletto

17 septembre 2018

CRITIQUE
[ ART LYRIQUE |

Élie Castiel

★★★★

LES PLUS NOBLES INTENTIONS

Dans les premières minutes du spectacle, les voix n’atteignent pas suffisamment les quelques dernières rangées du parterre ; c’était, du moins, ma sensation. Mais très vite, le Rigoletto 2018 de l’OdM apparaît comme un songe éveillé, dû particulièrement non seulement à sa mise en scène traditionnelle, mais également à un éclairage adéquat qui fait briller autant les décors que les costumes, accomplis.

Attirer un public 21e siècle semble être la devise de plusieurs maisons d’art lyrique, mais force est d’ajouter que l’ancien peut parfaitement s’harmoniser avec contemporain et que les scénographies traditionnelles survivent, sans obstacles, pour participer à la culture contemporaine.

James Westman (Rigoletto) – Crédit photo : © Yves Renaud

James Westman s’avère vocalement puissant et traduit spectaculairement bien son côté bouffon/père du personnage en question, un Rigoletto qui n’éclabousse pas les legs du passé. Il y a même une part nostalgique dans sa mise en situation(s) qui s’impose et fait du bien. Les autres protagonistes sont nombreux, mais on vantera les petites prouesses techniques et d’interprétation de Myriam Leblanc, incarnant une Gilda aussi aimante qu’inconsciente d’une mort annoncée. Sur ce point, sa soudaine et fugitive résurrection lui donne l’occasion de bien se séparer ultimement de son père. Moment triste et émouvant qui renoue avec le meilleur du genre mélodrame. Et comment résister au toujours attendu Donna è mobile, bien cadencé et ouvert aux multiples sensations d’un public conquis d’avance grâce aux vertus du ténor René Barbera.

Le Rigoletto 2018 de l’OdM apparaît comme un songe
éveillé, dû particulièrement non seulement à sa mise en
scène traditionnelle, mais également à un éclairage adéquat
qui fait briller autant les décors que les costumes, accomplis.

La coproduction entre le Seattle et San Diego Opera(s) permet au metteur en scène Michael Cavanagh d’utiliser l’espace scénique et les décors à bon escient. Côté pupitre, Carlo Montanaro nous réserve une soirée inoubliable. Tout en s’arrangeant pour ne pas enterrer les voix, sans doute la technique la plus difficile, il se place au diapasion des chanteurs/comédiens avec une élégance, une variété de tons et une complicité avec ses musiciens qui ravissent tout le long de la soirée.

Et puis, tous les thèmes de cet opéra (populaire) de Verdi, dont l’aveuglement, la vengeance, la trahison, tous les défauts, mais aussi des vertus de la condition humaine. Des particularités restées intactes autant dans le livret de Francisco Maria Piave que dans notre Histoire, jusqu’à nos jours, un 21e siècle qui se caractérise par les heurts et les frôlements de « l’éternel recommencement ».

Ce Rigoletto porte en lui les plus nobles intentions et réussit à les réaliser fastueusement.

René Barbera (Duc de Mantoue) et Myriam Leblanc (Gilda) – Crédit photo : © Yves Renaud

MÉLODRAME EN 3 ACTES

Musique
Giuseppe Verdi

Livret
Francesco Maria Piave
D’après Victor Hugo

Mise en scène
Michael Cavanagh

Décors
Robert Dahlstrom

Costumes
Opéra de Montréal

Éclairages
Anne-Catherine Simard-Deraspe

Distribution 
James Westman, René Barbera
Myriam Leblanc, Vartan Gabrielian
Carolyn Sproule, Rose Nagar-Tremblay
Scott Brooks, Brenden Friesen
Elizabeth Polese, Rocco Rupolo
Max Van Wyck, Andrea Núñez
Sebastian Haboczki

Pupitre
Carlo Montanaro

(Orchestre Métropolitain /
Chœur de l’Opéra de Montréal)

Production
Seatle Opera

San Diego Opera

Durée
2 h 20
(incluant 1 entracte)

Représentations
Mardi 18, jeudi 20 et samedi 22 septembre 2018
19 h 30
Place des Arts
(Salle Wilfrid-Pelletier)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

 

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