En salle

Sanju

28 juin 2018

| PRIMEUR |
Semaine 26
Du 29 juin au 5 juillet 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
La vie de l’acteur bollywoodien Sanjay Dutt; sa carrière, ses déboires sociaux et politiques, sa peine de prison et sa vie intime.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★★

JOUER SA VIE

Après les succès, en Inde et dans les pays de la diaspora, que sont Munna Bhai M.B.B.S. (2003), Lage Raho Munna Bhai / Keep at It, Munna Bhai (2006), 3 Idiots (2009) et PK (2014), Rajkumar Hirani se penche sur une partie de la vie du controversé acteur indien Sanjay Dutt, accro à la drogue, consommé par l’alcool, playboy invétéré soupçonné d’avoir eu des liens avec le milieu du terrorisme. En tentant de réhabiliter cet immense acteur bollywoodien au sein de la société, Hirani n’a guère le choix que de prendre position; mais nous sommes prêts à entendre ce plaidoyer d’une profonde charge émotive.

Un plaidoyer d’une profonde charge émotive

Cette entreprise de retour à la vie normale se fait par le truchement du genre mélodrame, mais transcendé par une mise en scène spectaculaire respectant les codes du cinéma grand public (chansons, chorégraphies, recours à l’émotion) et du regard personnel. Ces deux approches se nourrissent l’une et l’autre, effectuant des va-et-vient sans qu’on s’aperçoive de leurs différences et de leurs similarités. Fils du grand cinéaste-comédien Sunil Dutt et de l’icône Nargis (Mother India), Sanjay Dutt est l’exemple même qui confirme que la notoriété n’est pas nécessairement synonyme de bonheur ou de vie artistique réussie.

Mais Rajkumar Hirani renverse la situation et finit par avoir la main heureuse dans cette entreprise de rédemption salutaire comme le ferait, par exemple, un livre. Mais il y a aussi, des interprètes qui permettent de rendre l’ensemble aussi crédible que possible. Ranbir Kapoor est triomphale, souverain, s’emparant du personnage de Dutt, comme une deuxième nature. Il respire le sujet, se l’acquière et se permet aussi quelques petites touches personnelles qui lui vont comme un gant. Voilà un Bollywood dont on sort ravis, conquis par la subtilité du propos, la force de caractère des protagonistes et les messages moraux de cette cinématographie nationale dont le principal thème demeure toujours la condition humaine.

En tentant de réhabiliter cet immense acteur bollywoodien au sein de la société, Hirani n’a guère le choix que de prendre position; mais nous sommes prêts à entendre ce plaidoyer d’une profonde charge émotive.

Les connaisseurs reconnaîtront les passages rapides de quelques comédiens indiens, dont un Boman Irani en plein délire. Le rôle de Sunil Dutt est adroitement accompli par le puissant Paresh Rawal; quant à Nargis, Manisha Koirala se l’approprie, imitant sa voix, ses gestes et sa démarche dans quelques séquences bouleversantes. Tout en soulignant la présence magique de Vicky Kaushal , déjà remarqué dans Raman Raghav 2.0 / Psycho Raman 2.0 (2016) et Raazi / Agree (2018). Sanju est l’une des plus belles surprises de la saison bollywoodienne.

En Occident, on parle de plus en plus de crise du Grand Écran. En Inde, malgré la poussée des cellulaires et d’autres moyens de diffusion des films, les salles de cinéma conservent toujours leur attrait légendaire et ne sont pas prêtes de fermer. Car le cinéma, pour les gens de cette vaste région du monde, est à jamais plus grand que la vie.

Sortie
Vendredi 29 juin 2018

V.o.
Hindi; s.-t.a.
Sanjay Dutt

Réalisation
Rajkumar Hirani

Genre
Drame biographique
Origine
Inde
Année
2018
Durée
2 h 35
Distributeur
Fox Star Studios

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
 

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul / ½ [Entre-deux-cotes]

 

 

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