En salle

Destierros

18 janvier 2018

Semaine du 19 au 25 janvier 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Des migrants d’Amérique latine franchissent, avec des moyens de fortune, des distances considérables pour atteindre la frontière des États-Unis. Réfugiés au Mexique en attendant de réaliser leur rêve d’une vie meilleure, ils doivent aussi éviter les bandes criminelles qui se dressent sur leur route.

CRITIQUE
| PRIMEUR |

★★★★★

PAS D’EXPRESS POUR L’EXIL

_ GUILLAUME POTVIN

Bien que les questions de l’immigration et de sécurité nationale soient sur toutes les lèvres depuis un certain temps, la situation concrète des migrants demeure une abstraction dont la plupart d’entre nous ont le privilège d’être détachés. C’est ici que Destierros intervient. Le film d’Hubert Caron-Guay accompagne les migrants d’Amérique centrale au cours de leur périple incertain vers les États-Unis et donne par le fait même un aperçu des tribulations auxquelles ils se soumettent dans le fol espoir d’échapper au calvaire de leur pays natal.

Pour traverser le Mexique à partir du Guatemala ou du Honduras, ce sont les trains de cargo qui leur servent de monture; une bête indomptée, imprévisible. C’est la mort qui guette ceux qui ne parviennent pas à y rester accrochés, tandis que ceux qui réussissent à la chevaucher n’ont pas plus de garanties de se rendre à bon port, le chemin étant truffé de bandits et d’agents de la loi corrompus. La situation qui se dessine est un marécage géopolitique où s’entrecroisent migrants, forces policières locales, agents d’immigration et organismes catholiques offrants des refuges temporaires aux déracinées.

Destierros est non seulement à la fine pointe de ce
que le documentaire peut être aujourd’hui, mais aussi
un exemple emblématique de ce que le
documentaire devrait aspirer à être aujourd’hui.

Ces séquences de déplacement d’attente qui rappellent par moments l’esthétique urgente des films de Rodrigue Jean (Épopée, L’amour au temps de la guerre civile, pour lequel Caron-Guay fut assistant-réalisateur) sont entrecoupées de scènes en tête-à-tête avec des migrants qui relatent leurs histoires d’une puissance désarmante. Cadrés dans une pénombre anonymisante où l’on peine à les distinguer, ils se mettent à nu en offrant leurs témoignages : ces moments font tomber les préjugés, stéréotypes et idées préconçues qu’on pourrait avoir à leur sujet. Caron-Guay redonne aux migrants — ces hommes et femmes auxquels le discours populaire se réfère comme s’ils formaient un groupe homogène — leur individualité, leur dignité.

Destierros est non seulement à la fine pointe de ce que le documentaire peut être aujourd’hui, mais aussi un exemple emblématique de ce que le documentaire devrait aspirer à être aujourd’hui. Avec ce premier film, Hubert Caron-Guay se hisse parmi les avant-gardes du documentaire contemporain aux côtés des membres du Sensory Ethnography Lab de Harvard, ce groupe qui nous a donné Sweetgrass, Leviathan et Manakamana.

Sortie : vendredi 19 janvier
V.o. : anglais, espagnol; s.-t.a. & s.-t.f.
Destierros

Réalisation
Hubert Caron-Guay

Genre
Documentaire

Origine : Québec [Canada] – Année : 2017 – Durée : 1 h 32 – Dist. : Les Films du 3 mars.

Horaires&plus
@ Cinéma du Parc Cinémathèque québécoise

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. . Mauvais★★★★½ [Entre-deux-cotes] – Les cotes reflètent uniquement l’avis des signataires.

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