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Demain matin Montréal m’attend

26 septembre 2017

CRITIQUE /
THÉÂTRE

★★★★ 

Texte : Élie Castiel

MONTRÉAL DE NUIT

Vue maintes fois depuis sa création, la version-2017 de René Richard Cyr de Demain matin Montréal m’attend brille par son charme  désuet, sa nonchalence volontaire, son esprit camp que l’auteur du texte a toujours privilégié et surtout et avant tout, sur une nouvelle équipe de comédiens convaincus par cet exercice de pure folie, de bonne humeur et de chaleur.

Beau programme pour nous préparer à l’automne prochain qui tarde à s’installer. L’hommage à la Guilda du défunt Théâtre des Variétés est perceptible, bâti sur pilotis et prenant de gros risques avec un certain public. Mais ça fonctionne comme par magie, confondant les spectateurs qui n’en demandent pas trop et le critique aguerri, tous deux contribuant à un dialogue harmonieux, si attendu.

Yves Renaud

© Yves Renaud

Avec sa version de Demain matin Montréal m’attend, Cyr réconcilie le public avec une des formes les plus parfaites de la représentation. Il ne se prend pas au sérieux et c’est tant mieux. Il exige pourtant de nombreux efforts des comédiens, les poussants jusqu’à l’extrême. Le résultat : une harmonie de tous les instants, une performance époustouflante de tous les protagonistes qui donnent au théâtre québécois ses lettres de noblesse. C’est la joie, l’intentionnel manque de sophistication et tous ces ingrédients qui osent nous encainaller, ne serait-ce que le temps d’une pause du quotidien.

Le Montréal d’antan est un espace vital de tous les possibles,
notamment au centre-ville, avec ses lumières incandescentes
où cinémas, théâtres, cabarets et autres établissements
de divertissement nocturne s’affiche au grand jour.

Une part d’humilité de la part de l’équipe du Théâtre du Nouveau Monde, s’ouvrant à tous, offrant ce qu’il peut avoir de meilleur malgré la légèreté du propos. Mais derrière toutes ces afféteries, un Québec qui change, qui nous change, qui oublie peu à peu la Grande Noirceur et ose affronter la nuit, ses mystères. Mais aussi que le milieu du spectacle est dur, exige trop et en fin de compte, demeure infidèle malgré tous sacrifices qu’on fait pour y accéder.

Le Montréal d’antan est un espace vital de tous les possibles, notamment au centre-ville, avec ses lumières incandescentes où cinémas, théâtres, cabarets et autres établissements de divertissement nocturne s’affiche au grand jour.

Car la pièce de Tremblay et l’adaptation de Cyr est aussi un hommage à une époque pas si lointaine que cela où la métrople brillait par ses envolées de nuit. Électrisant ode au spectacle, mais également au théâtre que le grand metteur en scène offre à un public totalement conquis et complice devant tant d’énergie. Et puis, les chansons mille fois chantées et la musique triomphale de François Dompierre, éternelle, enivrante, inoubliable. The show goes on…

Séquences_Web

Texte : Michel Tremblay – Mise en scène : René Richard Cyr, assisté de Lou Arteau – Scénographie : Pierre-Étienne Colas – Costumes : Judy Jonker – Éclairages : Erwann Bernard – Musique : François Dompierre – Chorégraphie : Sylvain Émard – Décors : Jean Bard – Concept vidéo : Félix Fradet-Faguy – Distribution  : Geneviève Alarie, Hélène Bourgeois-Leclerc, Kathleen Fortin, Michelle Labonté, Christian Laporte, Marie-Andrée Lemieux, Benoît McGinnis, Laurent Paquin – Production : Théâtre du Nouveau Monde / Spectra Musique | Durée : 1 h 50 approx. (sans  entracte) – Représentations : Jusqu’au 22 octobre 2017 – TNM.

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel.  ★★★★  Très Bon.  ★★★  Bon.  ★★  Moyen.   Mauvais.  ½ [Entre-deux-cotes]

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