En salle

Jimmy’s Hall

16 juillet 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
En 1932, pendant la Grande Dépression, Jimmy Gralton est de retour dans son village natal en Irlande rurale après dix années d’exil à New York. Sitôt arrivé, Gralton renoue avec sa mère et ses vieux amis, il se remet au travail sur la terre et organise des soirées de danse très courues chez les paroissiens. Mais…

LE FILM DE LA SEMAINE
MEILLEUR FILM
Turia Awards 2015

Jimmy's Hall_En salle

SOUS LE JOUG DES PRÊTRES ET MAÎTRES

Anne-Christine Loranger
CRITIQUE
★★★★

Jimmy’s Hall (2014) unit les thèmes de Cathy Come Home et de Kes dans une dimension historique. Sans faire suite à The Wind That Shakes the Barley (2006, Palme d’or à Cannes), le film se situe en continuité puisqu’il commence dix ans après la Guerre d’indépendance irlandaise (1919-1921) contre l’oppresseur anglais, dépeinte dans The Wind…, alors que la nation irlandaise reste politiquement et religieusement divisée.

Si Jimmy’s Hall raconte une histoire à une échelle
beaucoup plus réduite, elle n’en demeure pas moins
historiquement significative, James Gralton ayant été
déporté sans jugement et interdit à jamais de retour en Irlande.

Dans le comté de Leitrim, situé au sud de l’Irlande, James Gralton avait, avant la guerre, fondé la salle communautaire Pearse-Connolly, où jeunes et vieux se rencontraient pour danser et suivre des cours d’art, de musique, de littérature et de sport. Cet esprit de réjouissance et d’éducation n’avait pas fait l’affaire de l’Église, laquelle considérait l’éducation comme étant de son strict ressort. Jimmy avait dû fuir vers New York où il avait découvert le jazz et l’indépendance intellectuelle en vogue dans la grande ville. De retour au pays après 10 ans d’absence, à la suite du décès de son frère, Jimmy a pour seul objectif de prendre soin de sa mère et de la ferme familiale. Mais les jeunes du village veulent danser et convainquent Jimmy de rouvrir la salle, ce que ses anciens adversaires – dont le Père Sheridan – n’apprécieront guère, persuadés que le jazz est la musique du diable et que tous les communistes sont des agents de l’Antéchrist.

Ken Loach retrouve avec ce film élégant, raffiné et émouvant l’équipe technique qui avait fait le succès de The Wind That Shakes the Barley, dont le scénariste Paul Laverty. Si Jimmy’s Hall raconte une histoire à une échelle beaucoup plus réduite, elle n’en demeure pas moins historiquement significative, James Gralton ayant été déporté sans jugement et interdit à jamais de retour en Irlande. Malgré sa relative simplicité, l’histoire bénéficie de la main du maître Loach et se déroule sans fil visible, tel une soie ondoyante sur la verte campagne irlandaise.

Le ton est sobre, mais efficace, et le casting impeccable. Sans dresser artificiellement Jimmy et le Père Sheridan à la manière du combat de Titans de There Will Be Blood (2007), le réalisateur leur donne l’étendue nécessaire pour ériger leurs irréconciliables positions, tout en laissant au prêtre la possibilité d’exprimer des doutes face à lui-même, jusqu’à démontrer, à la fin, de l’admiration pour l’opiniâtreté de Gralton. Jim Norton effectue là un magnifique travail dans son personnage de prêtre conservateur, arrêté dans ses positions, mais non totalement dénué d’humour. De même, Barry Ward crée un personnage d’une grande noblesse, à la fois tendre et entêté, passionné et visionnaire. Sa façon sensuelle de montrer à ses compatriotes à danser le jazz, mêlant les roulements de hanches américains aux pas de gigues irlandaises, est un délice.

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 17 juillet 2015
V.o. : anglais
S.-t.f. > La Salle de danse

Genre : Drame biographique – Origine : Grande-Bretagne / Irlande / France – Année : 2014 – Durée : 1 h 49 – Réal. : Ken Loach – Int. : Barry Ward, Simon Kirby, Jim Norton, Denise Cough, Shane O’Brien, Francis Magee – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Cineplex Excentris

CLASSIFICATION
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. ½  [ Entre-deux-cotes ]
LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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