En salle

L’Affaire SK1

18 juin 2015

L'Affaire SK1RÉSUMÉ
Paris, 1991. Pendant qu’une nouvelle recrue de la police judiciaire de la Brigade criminelle découvre des similitudes dans le modus operandi de certains crimes de jeunes femmes, le tueur sadique continue à faire des ravages à un rythme infernal.

TRAQUER LE MONSTRE
POUR JUGER L’HOMME

Charles-Henri Ramond
CRITIQUE
★★★

La précision du détail et la rigueur intellectuelle démontrée dans sa narration des faits sont sans aucun doute les caractéristiques majeures qui ressortent de cette reconstitution de l’une des affaires criminelles les plus douloureuses que la France ait jamais connues. Force est de constater que malgré un matériau de base complexe et touffu, s’échelonnant sur une dizaine d’années, les auteurs Frédéric Tellier et David Oelhoffen sont parvenus à construire un polar minutieux sans mettre de côté son univers fictionnel. Avec ce premier long métrage de fiction, Tellier fait aussi preuve d’une direction d’acteurs adroite, qui révèle Adama Niane, parfait dans son rôle d’enfant meurtri violeur à 15 ans, tueur en série à 30.

Guerre des polices, dysfonctionnements émaillant l’enquête, flics désabusés, doute sur les preuves et meurtrier énigmatique, L’Affaire SK1 est avant tout polar efficace, sans temps morts et qui réussit à tenir en haleine, même si l’issu n’a plus de secret. Le montage alterné entre l’enquête (1991-1998) et le procès (2001) fonctionne. Les auteurs s’appliquent à présenter une justice humaine, engagée à « traquer l’homme derrière le monstre » et ont bien entendu pris le soin de ne donner aucune couleur particulière à leur meurtrier. Peu de gros plans, pas de prise d’otage sentimentale, pas de tragédie judiciaire. Les faits avant tout. À ce chapitre, on s’étonne que l’avocat de Guy Georges (Alex Ursulet) ne soit jamais nommé, ni dans le film, ni au générique.

La précision du détail et la rigueur intellectuelle démontrée
dans sa narration des faits sont sans aucun doute les
caractéristiques majeures qui ressortent de cette reconstitution
de l’une des affaires criminelles les plus  douloureuses
que  la France ait jamais connues.

Mais comme souvent dans ce genre d’entreprise, le réalisme et la neutralité de la reconstitution a aussi des inconvénients. Avec une nette tendance à s’effacer derrière son sujet, la réalisation de Tellier un peu trop sage et un peu trop lisse. Les codes du genre ne sont pas bousculés. Il en va de même avec les aspérités psychologiques des protagonistes, qui sont pour la plupart évitées, en dehors de quelques virées solitaires sur les toits du 36 Quai des orfèvres.

Certes, il fallait faire tenir dix ans d’événements dans deux heures de film, et à ce chapitre, le film gagne son pari. Mais on aurait apprécié que l’empreinte psychologique des personnages soit un peu plus marquée, que le style soit un peu moins rigide. Sur le mur du bureau de la brigade, les flics ont épinglé une affichette de L.627. On se souvient encore de la force brutale dégagée par ce polar réaliste signé Bertrand Tavernier, et à plusieurs reprises durant la projection, consciemment ou non, on la regrettera.

revuesequences.org
Sortie : Vendredi 19 juin 2015

VO : français
S.-t.a. > Serial Killer Number 1

Genre : Drame policier – Origine : France – Année : 2014 – Durée : 2 h – Réal. : Frédéric Tellier – Int. : Raphaël Personnaz, Nathalie Baye, Michel Vuillermoz, Olivier Gourmet, Adama Niane, Christa Théret – – Dist. / Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Beaubien Cinéma du ParcCineplex

CLASSIFICATION
Interdit au moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.