En salle

Gemma Bovery

7 novembre 2014

FILM D’OUVERTURE > CINEMANIA 2014

EN QUELQUES MOTS

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★

Il est évident qu’avec Gemma Bovery, libre adaptation du roman graphique de Posy Simmonds, Anne Fontaine tourne le dos aux recours narratifs transgressifs manifestés ostensiblement dans Nettoyage à sec (1997), un peu moins dans Comment j’ai tué mon père (2001) ou encore plus dans Nathalie (2003). Ici, l’étude du désir se situe dans un espace bucolique alimenté par une mise en scène qui épouse les codes de la théâtralité : lieu unique, coin de campagne où se dressent un château, une boulangerie et une vieille bâtisse susceptible d’accueillir les situations les plus inattendues malgré l’illusoire tranquillité des lieux.

Le film ressemble à une pièce de boulevard où les personnages entrent et sortent de scène avec une sensation d’inaccomplissement que la fin vient brusquement interrompre. Mais il y a chez Fontaine, un souci de la mise en situations qui s’exprime par la direction d’acteurs. De Gemma Arterton, c’est la caméra qui s’en charge, caressant les contours de l’actrice avec une assiduité charnelle contagieuse, presque fiévreuse. La jeune comédienne britannique se donne à ce jeu du chat et de la souris avec un enthousiasme bouleversant. Face à elle, ou plutôt autour d’elle, Fabrice Lucchini. Débarrassé de ses tics le plus souvent énervants et gênants, mais qui ont jadis marqué d’un point fort l’originalité de ses prestations, il cède ici à la tentation d’un jeu proche du cinéma consensuel qui se veut à la fois accessible et distant. Lucchini se permet d’émouvoir, chose jadis impensable.

Dans un autre ordre d’idée, il y a aussi, chez la réalisatrice, un rapport au corps qui s’affirme par petites touches, particulièrement lorsqu’il est question de sexualité. La caméra observe, certes, mais se tient à distance, figeant ainsi la mise en scène dans un académisme pudique ; peut-être bien pour stimuler l’attente ou bien encore l’ardeur sourde du spectateur, une façon comme une autre de discourir sur la notion ambiguë et nébuleuse du regard. Inutile de rappeler que pour Anne Fontaine, Gemma Bovery constitue l’occasion de se pencher affectueusement sur le célèbre Madame Bovary, de Flaubert.

Sortie : Vendredi 7 novembre 2014
V.o. : français
S.-t.a. – Gemma Bovery

Genre : Comédie dramatique | Origine : France – Année : 2014 – Durée : 1 h 39 – Réal. : Anne Fontaine – Int. : Fabrice Lucchini, Gemma Aterton, Jason Fleming, Niels Schneider, Isabelle Candelier, Edith Scob – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions  : Beaubien Cineplex

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL (Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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