En salle

L’Image manquante

7 février 2014

PRIX « UN CERTAIN REGARD » (Rithy Panh)
Festival de Cannes 2013
PRIX DU MEILLEUR DOCUMENTAIRE
Festival International du Film de Jérusalem 2013

En quelques mots
★★★★
L’image manquante
est un bel exemple de cinéma politique, à la fois pédagogique et cinématographique.  Nous attendions ce film de Rithy Panh avec un grand intérêt, conscient de la valeur de plusieurs de ses films précédents : principalement S21, la machine de mort Khmère rouge (2002), mais aussi Les Artistes du théâtre brûlé (2005) et  Duch, le maître des forges de l’enfer (2010).   Nos attentes ne sont pas déçues ; d’ailleurs le jury de la section «Un certain Regard» lui a décerné son Grand Prix.  Nous voyons, pêle-mêle, une grande quantité de pellicules 35mm, en lambeaux. Une mémoire va disparaître. Des mains s’attardent sur un bout de film, sur des photogrammes qui font voir une danseuse traditionnelle (d’Angkor très probablement). Ces mains sont celles du cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh.  Ces images pourront-elles témoigner du passé, d’une enfance, d’une tragédie ? Panh, en véritable cinéaste, veut interroger les images dans ce qu’elles ont de plus physiques. À la recherche de quoi ?  De «l’image manquante» de la déportation de son peuple, de sa famille en particulier.

Dans le dossier de presse de son film Panh  dit : «Ce que je vous donne aujourd’hui n’est pas une image, ou la quête d’une seule image, mais l’image d’une quête : celle que permet le cinéma…»  Au cœur de ce film il y a donc cette question : comment représenter la guerre, représenter l’horreur, représenter l’indicible ?  Pour concrétiser l’indicible, l’«image manquante» de la déportation, Panh  va fabriquer de petites statuettes d’argile (ou marionnettes) qui devront le représenter lui et sa famille lors du grand «dérangement» au Cambodge entre 1975 et 1979. Dès les premières minutes du film, nous assistons à la création de ces marionnettes. Panh va identifier une marionnette avec un costume blanc en nous disant qu’il s’agit de son père.

La dimension autobiographique est alors bien installée. Et ce film est encore plus autobiographique que ses films précédents parce qu’il fonctionne à partir d’une voix-off au JE.  Panh va affirmer un «Je» aussi bien aussi niveau de la narration que de la mise en scène. Une enfance a été tuée, mais une autre tente de renaître, grâce à ce film. L’image manquante est une tentative pour dépeindre les traces d’images perdues.  Et les effets de cette déperdition sur un enfant, un enfant devenu adulte qui se souvient. Il veut échanger avec nous, il veut partager (au moins une partie de) son drame. Ce point d’ancrage avec le spectateur est fondamental. > Pierre Pageau

Sortie : Vendredi 7 février 2014
V.o. : Français ; Cambodgien
S-t.f. – L’Image manquante
S.-t.a. – The Missing Picture

ESSAI  | Origine : France / Cambodge – Année : 2013 – Durée : 1 h 36  – Réal. : Rithy Panh – Dist. / Contact : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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