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Dance Me to the End On/Off Love

25 mars 2013

LEONARD COHEN REVU ET SURTOUT … CORRIGÉ

Onze artistes et musiciens du Danemark rendent hommage à la poésie et à la musique de Leonard Cohen par le biais de performances expérimentales.

>> Élie Castiel

Il faut féliciter les programmateurs du Centaur d’avoir inclus cet essai théâtral expérimental singulier dans leur saison régulière qui, sans pour autant perdre de sa qualité, demeure tout de même traditionnelle. Déstabilisant, provocateur, tel se présente Dance Me to the End On/Off Love, création on ne peut plus minimaliste rendant hommage au Grand Cohen, chantre de la mélancolie sensuelle et des amours absolues hétérosexuelles.

Sur ce point, Palle Granhøj gagne son pari, prenant des risques énormes à convaincre un public habitué à des mises en scène plus accessibles. Ici, au contraire, malgré la présentation que nous réserve l’auteur, nous avertissant de ce que nous verrons et surtout entendrons, la suite nous oblige à remettre en question notre aventure du regard, notre perception des gestes et des mouvements. C’est jouissivement désincarné, désordonné malgré un total contrôle de la mise en situations et des mouvements, malgré, également, une structure travaillée même si elle paraît brouillonne.

Car chez Granhøj et ses acolytes, il existe une sorte de communion, un esprit de symbiose, une volonté de rapport à l’autre (ou plutôt aux autres) qui, mis en ensemble, créent une atmosphère de rêve éveillé et de fantasmes à la fois  puériles et mystiques. Il y a dans Dance Me to the End On/Off Love une religiosité, une mise en scène du rituel qui finit parfois par irriter. Mais d’un coup, Granhøj se reprend, totalement conscient de ses limites. Côté danse, c’est plutôt limité, les spasmes remplacent les mouvements et confirment l’approche expérimental du récit; les quelques voix qui s’expriment par le chant semblent fausses même si un effort est fait et qu’on finit par s’y habituer. Pour garder le suspens, on ne vous dira pas quelles chansons de Cohen sont présentées. Mais une chose est certaine : ce qui se présente comme un hommage au chanteur/compositeur est également une réflexion de Granhøj sur lui-même, se regardant devant un miroir à double sens lui permettant, à titre d’artiste, de communiquer pleinement avec son âme et conscience. Geste spirituel doublement validé par ces poignantes têtes de mannequin à son effigie.  (★★ ½)

THÉÂTRE EXPÉRIMENTAL | Auteur : Palle Granhøj – Mise en scène : Robert Bellefeuille, en remplacement de René Richard Cyr – Décors : Per Victor – Musique / Paroles : Leonard Cohen, Palle Granhøj – Comédiens : Thierry Boisdon, Niels Boelsmand, Anne Eisensee, Bill Eldridge, Palle Granhøj, Helena Hertz Melkjorsen Robert Karlsson, Palle Klok, Dorte Petersen, Mads Pinholt, Carina Raffel, Kim Schulz Jensen, Kristian Skov | Durée : 1 h 20 (sans entracte)  – Représentations : Jusqu’au 14 avril 2013 – Centaur

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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