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Parade d’états

8 décembre 2012

« ÊTRE / PARAÎTRE / DISPARAÎTRE »

>> Élie Castiel

Intentionnellement, nous reprenons le sous-titre de cet essai théâtral expérimental comme titre de notre article pour la simple raison qu’il dénote parfaitement bien la teneur du propos, une réflexion profonde, osée, franche, lapidaire et hautement intellectuelle sur la vie, l’art et la création.

L’univers automate que crée l’inventif Peter James a quelque chose à voir avec la dialectique de l’espèce. Les questions fusent de partout tout au long de ce spectacle sensoriel, charnel et d’une remarquable sophistication : comment faire face aux dérives du pouvoir ? comment réagir devant l’injustice ? quels moyens prendre pour se libérer des interdits ? comment arriver à reconnaître le vrai du faux ? comment vivre, tout simplement ?

La mise en scène, folle, totalement éclatée, convoque tous nos sens : la participation, l’échange, l’émotion, la rage et la joie, la douleur et l’extase. Autant de liens affectifs qui font de cette Parade d’états un lieu de rencontre privilégiée entre le créateur et les spectateurs, entre la mise en scène en gestation et sa représentation.

C’est trippant, lucide, ludique, coloré, volontairement bordélique et déstabilisant. Et tant mieux puisqu’à une époque actuelle où s’imposent le mutisme social, l’apathie généralisée et le je-m’en-foutisme contagieux, force est de souligner l’importance d’un tel happening, véritable moteur de prise de conscience. Avec Parade d’états, Peter James défie les conventions en les transcendant à sa façon, c’est-à-dire en les déconstuisant pour en faire une sorte de rêve psychédélique.

Tout d’un coup, une pensée me revient : assis au dernier rang près de la régie, le metteur en scène était à deux sièges de moi. Il se lève, se dirige vers la scène pour une interprétation tout à fait personnelle de la célèbre chanson Feelings qu’il transforme en version gaie. Il continue sa démarche, revient s’asseoir. Parfois je me tourne vers lui pendant quelques brèves secondes sans qu’il s’en aperçoive. À la fin, il retourne sur scène pour la finale. Pour l’auteur de ces lignes, le spectacle est total et l’émotion insoutenable.

THÉÂTRE EXPÉRIMENTAL | Auteur : Peter James – Mise en scène : Peter James – Son : Bertrand Chénier – Éclairages : Martin St-Onge – Scénographie : Anne-Séguin-Poirier – Vidéo et Photos : Rodolphe Gonzales – Comédiens : Québec – Lucas Joly, Steeve Dumais, Élinor Fueter, Patrick Lamothe, Manu Roque, Lucie Vigneault | France – Corinne Masiero, Maxence Vandevelde, Nicolas Grard | Guest Stars – Catherine Cédilot, Alma Buholzer, Catherine Tardif, Indiana Esach | Durée : 1 h 20 (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 15 décembre 2012 – La Chapelle.

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