En salle

Red Sparrow

1er mars 2018

Semaine du 2 au 8 mars 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
La ballerine étoile Dominika Egorova voit sa carrière prendre fin abruptement après s’être blessée à une jambe lors d’un spectacle. Au sortir d’une longue convalescence, elle se voit proposer par son oncle Ivan de joindre les rangs des services secrets russes. Sa première mission consiste à séduire un agent de la CIA afin de lui faire croire qu’elle veut devenir agent double.

 | CRITIQUE
PRIMEUR |
 André Caron

★★ ½

DOMINIKA, NATASHA, NIKITA : MÊME COMBAT

Jennifer Lawrence et Francis Lawrence n’ont aucun lien de parenté, mais ils ont tout de même développé une grande connivence en travaillant ensemble sur les trois derniers films de la série Hunger Games. Il faut qu’elle puisse lui faire totalement confiance pour tourner des scènes où la nudité est une composante importante de l’intrigue, puisque son personnage d’espionne russe, Dominika, l’utilise comme une arme. On sent que le réalisateur s’efforce aussi de recréer l’atmosphère des meilleurs films d’espionnage du temps de la guerre froide entre les États-Unis et l’ancienne URSS, avec ces décors vétustes et ces édifices rappelant l’architecture brutaliste de l’ère stalinienne. Il n’est pas étonnant que le film s’ouvre sur un montage parallèle entre « l’accident » que subit la ballerine Dominika Egorova durant une performance et un rendez-vous d’espions qui tourne mal au Gorky Park (allusion au film homonyme de 1983 ?), fusionnant ainsi les intrigues de The Spy Who Came in from the Cold (1965) et The Kremlin Letter (1970), Joel Edgerton remplaçant Richard Burton dans le premier film et Jennifer Lawrence prenant le relai de Bibi Anderson dans le second.

Le roman de 450 pages de Justin Haythe, un analyste retraité de la CIA, sert bien de canevas de base pour ce film, mais on y retrouve aussi plusieurs similitudes avec les personnages de Natasha Romanoff, alias Black Widow, vue dans sept films de Marvel, et de Nikita dans le film de 1990 de Luc Besson. Dominika est transformée en une séductrice, combattante et espionne redoutable dans une école de l’État russe, comme Natasha (aussi une ballerine au début) dans un institut similaire en URSS ou comme Dottie Underwood, sa prédécesseure dans la série Agent Carter. À l’instar de Nikita, Dominika est sous le joug d’un « oncle » qui l’entraîne dans des missions perverses pour son propre plaisir sadique et pour satisfaire son attirance trouble pour sa « nièce ». Charlotte Rampling tient le rôle d’une matronne cruelle qui rappelle à la fois le rôle identique de Julie Delpy dans Avengers: Age of Ultron et celui de Jeanne Moreau dans Nikita.

Dans le rôle d’une traître américaine qui vend aux Russes
des secrets industriels contenus sur des disquettes
(qui utilise encore ces reliques du passé ?),
Mary-Louise Parker vole la vedette en participant
à la séquence la plus palpitante de tout le film.

Ces comparaisons ne sont pas à l’avantage de Red Sparrow car Dominika n’a ni le dynamisme, ni l’énergie de ces modèles de femmes fortes. Jennifer Lawrence se dévoue pour créer un personnage complexe qui utilise davantage son intelligence que son corps pour survivre dans ce monde de complots, de duperies et de trahisons, mais le scénario cultive les invraisemblances et les contradictions, créant des ellipses là où il ne faudrait pas et de longues scènes surexpliquées dont l’issue est comprise trop tôt avant la scène suivante, rendant la relation entre Dominika et l’agent de la CIA, Nathaniel Nash (Joel Edgerton), plutôt artificielle.

Le punch final sera aussi découvert bien avant sa révélation, ce qui n’invite pas le spectateur averti à s’investir plus qu’il le faut dans ce récit dont l’enjeu paraît bien mince au final. Il n’en demeure pas moins que la réalisation est élégante, quoiqu’un peu lourde, que la couleur rouge est placée de façon très dramatique, tant pour préparer le public à des scènes d’une violence inouïe qu’à baptiser Dominika dans le sang de ses premières victimes. Dans le rôle d’une traître américaine qui vend aux Russes des secrets industriels contenus sur des disquettes (qui utilise encore ces reliques du passé ?), Mary-Louise Parker vole la vedette en participant à la séquence la plus palpitante de tout le film.

Sortie : vendredi 2 mars
V.o. : anglais / Version française
Le moineau rouge

Réalisation
Francis Lawrence

Genre
Suspense d’espionnage

Origine : États-Unis – Année : 2018 – Durée : 2 h 20 – Dist. : 20th Century Fox.

Horaires & info.
@ Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 16 ans
(Violence)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. O Nul. ½ [Entre-deux-cotes]

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