En salle

The Killing of a Sacred Deer

9 novembre 2017

| PRIMEURS |
Semaine du 10 au 16 novembre 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Brillant chirurgien, Steven semble heureux en compagnie de sa femme Anna, ophtalmologue et de leurs deux enfants. Mais Steven prends sous son aile un jeune garçon, Martin, qui a perdu son père. Cet intrus va semer la discorde dans la famille.

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

ŒIL POUR ŒIL, DENT POUR DENT

Yorgos Lanthimos serait-il devenu le nouveau Theo Angelopoulos, tenant d’une filmographie universaliste plutôt que cantonnée en Grèce ? La réponse nous paraît positive, mais contrairement à l’auteur, entre autres, du Voyage des comédiens (O Thiassos), centrant ses récits et par défaut ses personnages dans une Grèce où mythe antique et histoire contemporaine inspiraient la communauté du monde, Lanthimos, lui, semble faire du volte-face, en tout cas, à en juger par ses deux récents films.

The Killing of a Sacred Deer

Depuis The Lobster (Le homard), Lanthimos s’est en quelque sorte exilé, comme si son pays n’avait plus rien à lui offrir, utilisant pour les rôles principaux des acteurs connus et non-grecs. Comme si pour s’assurer de continuer à faire du cinéma, il fallait aller ailleurs.

Ce qui est vrai, c’est que Lanthimos n’est pas encore
prêt à céder aux impératifs des pays autres que la Grèce
quant au traitement de ses films. Mais pourra-t-il demeurer
intègre pour longtemps ou finira-t-il par retourner
en Grèce pour filmer ? Ou encore, se recycler ailleurs ?

Cela étant dit, Lanthimos conserve son hellénisme intact si on voit bien de près. La Grèce des tragédies, des problèmes de famille quasi incestueux, de luttes intestinales, de joutes opposant divers groupes. Mais surtout, il s’agit ici de vengeance. D’une vengeance à deux visages et aux multiples personnages.

Les clins d’œil au Buñuel de L’Ange exterminateur (El ángel exterminador), au Pasolini de Teorema et en quelque sorte à l’ultime Kubrick, Eyes Wide Shut, relèvent d’une riche et puissante cinéphilie. Et ses intéressants Canines (Kynodontas) et Alpes (Alpeis) sans présentent sans crier gare dans quelques moments saisissants (à vous de les découvrir).

Suspense, drame psychologique, essai sur le plan et ses multiples variations, tout cela au même temps. Ce qui est vrai, c’est que Lanthimos n’est pas encore prêt à céder aux impératifs des pays autres que la Grèce quant au traitement de ses films. Mais pourra-t-il demeurer intègre pour longtemps ou finira-t-il par retourner en Grèce pour filmer ? Ou encore, se recycler ailleurs ?

Oui, nous aimons les vedettes adulées, mais n’est-il pas temp de promouvoir celle de son propre pays ? Dans ce sens, Yorgos Lanthimos, en quelque sorte, réagit bizarrement aux préceptes culturels de la mondialisation… et la Grèce est un petit pays, aujourd’hui politiquement, socialement et économique endetté.

À en juger par ses deux prochaines productions, et quelles que soient les conséquences, Yorgos Lanthimos a encore choisi de tourner loin de chez lui.

Séquences_Web

Sortie :  vendredi 10 novembre 2017
V.o. :  anglais ; s.-t.f.
La mise à mort du cerf sacré

Genre :  Suspense psychologique – Origine :  Grande-Bretagne / Irlande –  Année :  2017 – Durée :  2 h 01  – Réal. : Yorgos Lanthimos – Int. : Colin Farell, Nicole Kidman, Barry Keoghan, Raffey Cassidy, Sunny Suljik, Alicia Silverstone – Dist. :  Entract Films.

Horaires
Cinéma BeaubienCinéma du Parc Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

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