En salle

La jeune fille sans mains

18 août 2017

Semaine du 18 au 24 août 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains.

CRITIQUE

SVELTE MÉTAPHORE

★★★1/2

Texte: Charles-Henri Ramond

C’est avant tout pour la beauté minimaliste de ses dessins que l’on gardera en mémoire cette Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, qui, pour son premier long métrage réalisé après presque 20 ans de carrière, se penche sur un conte non dénué d’une certaine cruauté, à l’instar de bon nombre d’œuvres issues de l’imaginaire florissant des frères Grimm. Ancré dans un passé incertain, le récit de ce meunier qui vend sa fille au Diable contre des rivières d’or peut paraître de prime abord assez traditionnel. Néanmoins, et justement parce qu’il n’est pas daté, il contient une dose de modernité qui peut se lire à plusieurs niveaux. Laudenbach offre une métaphore tout à fait actuelle sur notre monde et le diktat de l’argent, tout en portant un regard acerbe sur sa profession, et sur le cinéma d’animation en particulier, se contentant la plupart du temps de suivre les standards de l’industrie (comprenez les codes « disneyiens ») pour parvenir au succès.

Loin des modes, La jeune fille sans mains le restera avant tout par son discours esthétique composé d’acétates peints superposés ayant chacun leur propre souffle, ces tableaux à l’étonnante profondeur de champ – en guise de clin d’œil à la 3D moderne ? -, se succèdent avec grâce et fluidité, jusqu’à nous émouvoir profondément. Des silhouettes partielles, esquissées sur des aplats de couleurs rehaussant les courbes, des corps jamais terminés, apparaissant ou disparaissant aux tressaillements de leur respiration, le dessin surprend, déroute même. Tout comme sur l’écran, les pans entiers de vide laissant libre cours à notre imaginaire, testant notre volonté de contribuer à notre tour aux bribes d’une histoire en perpétuel recommencement. Par son langage visuel, sa façon unique de nous emporter dans son tourbillon, le film de Laudenbach gagne l’adhésion, même si le style prend nettement le pas sur une narration prévisible, y compris dans sa conclusion sveltement heureuse.

La jeune fille sans mains, extrait

Sortie : Vendredi 18 août 2017
V.o. : Français

Genre : Animation – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 16 – Réal. : Sébastien Laudenbach – Voix : Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Philippe Laudenbach, François Lebrun, Olivier Broche, Elina Lowensohn – Dist. : GKids.

Horaires : @ Cinémathèque québécoise

Classement
En attente

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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