En salle

The Great Wall

16 février 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans la Chine médiévale, les soldats qui protègent les frontières de l’empire capturent William et Pero, les derniers survivants d’une expédition européenne. Grâce à l’information qu’ils fournissent aux dirigeants militaires, l’armée repousse l’attaque des Tao-Tei, des monstres qui sont en guerre séculaire avec les Humains.

CRITIQUE
★★★
Texte : Charles-Henri Ramond

UN PEU DE YIMOU, BEAUCOUP DE COMPROMIS

Autant le dire de suite, The Great Wall est par bien des aspects un compromis à demi convaincant. Puisant dans la richesse du passé de l’Empire du Milieu, le film repose avant tout sur ses effets spéciaux tonitruants, pour ne finalement proposer qu’un mâtiné de conte légendaire et d’horreur futuriste prévisible dans lequel d’hideuses bestioles tentent de percer la muraille pour s’emparer de la capitale Bianlang. Insatisfaisant par son récit peu approfondi et rapidement expédié, le film se contente d’exposer une suite d’actes de bravoure, sans jamais atteindre la profondeur de la grande Histoire de la Chine, chère aux œuvres de Yimou (on pense en particulier à La cité interdite).

Montée en plans très brefs pour mieux privilégier l’action, l’intrigue ne laisse que peu d’espace aux sentiments ou à la stratégie. Les relations entre ses protagonistes, pourtant confrontés au choc des cultures, y sont très sommaires, tandis que l’interprétation de Matt Damon et de Tian Jing, l’étoile ascendante locale, ne procure que peu d’émotion par manque de ferveur, héroïque ou romantique.

… nous en dit long sur l’approche adoptée par Hollywood pour
tenter de conquérir cet immense territoire de près de 15 000 écrans …

Cependant, parce que Zhang Yimou reste un compositeur hors pairs en matière d’univers visuels extravagants, le film possède tout de même une patte distinctive, et révèle une part de la grâce subtile propre à l’incomparable carrière du maître. On retrouve des couleurs vives agencées avec brio, nous rappelant Le secret des poignards volants, des combats épiques chorégraphiés à la manière de Héro ou encore une certaine propension à styliser les mouvements de foules par des prises de vues aériennes grandioses. Plusieurs scènes ressortent du lot, telle cette envolée de milliers de lanternes dans le ciel suite à la mort de l’empereur, ou celles montrant de jeunes guerrières plongeant le long des parois abruptes, uniquement reliées à la vie par un filin rudimentaire.

The Great Wall

Mais malgré les artifices déployés et la qualité de ses effets visuels, le tout ressemble plus à un compromis commercial qu’à l’oeuvre d’un auteur en plein contrôle de son sujet. Au-delà des qualités et des défauts du film, ce que l’on retiendra ici c’est l’aspect « industriel » de l’entreprise, qui nous en dit long sur l’approche adoptée par Hollywood pour tenter de conquérir cet immense territoire de près de 15 000 écrans, par le biais de coproductions et de centaines de millions de dollars d’investissements. Si The Great Wall a toutes les chances de plaire au public chinois, il informe sur l’état de santé du cinéma hollywoodien, et confirme du même souffle à quel point sa survie économique se joue désormais sur une autre échelle, celle de la Chine, et bientôt de l’Inde.

Sortie :  vendredi 17 février 2017
V.o. :  anglais, chinois ; s.-t.a. / version française
La Grande Muraille / Chángchéng

Genre :  AVENTURES FANTASTIQUES  – Origine : États-Unis / Chine –  Année :  2016 – Durée :  1 h 43  – Réal. :  Zhang Yimou – Int. :  Matt Damon, Willem Dafoe, Pedro Pascal, Jing Tiang, Andy Lau, Eddie Peng – Dist./Contact :  Universal.
Horaires : @  Cineplex

CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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