En salle

Fatima

4 février 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
Mère monoparentale de confession musulmane, Fatima immigre en France avec ses deux filles où elle fait de son mieux pour assurer leur avenir professionnel dans un monde occidental.

LE FILM DE LA SEMAINE
Prix Louis Delluc 2015

Fatima_En salle

CRITIQUE
★★★★★

DE L’ESPOIR MALGRÉ TOUT
Texte : Charles-Henri Ramond 

Sorti dans un pays qui peine toujours à s’extirper d’un marasme social vieux de plusieurs décennies et qui ne semble pas prêt de s’éteindre, Fatima de Philippe Faucon est un petit bonheur qui arrive à brûle pourpoint. Par l’universalité de son portrait de mère dévouée, par sa simplicité et son naturel, le film est parvenu à émouvoir une population en mal de réconfort. Inédits au Québec, ces films forment le corpus cohérent d’un réalisateur qui a beaucoup à dire.

Sans tomber dans le sensationnalisme ni le fatalisme,
Faucon ne fait pas de Fatima une martyre de
l’exclusion, ni ne rejette la faute sur le « système ».

On retrouve donc dans Fatima les thèmes qui lui sont chers. Et comme dans son second film, un prénom, un visage qui illumine l’écran et la monstration du lourd handicap de la femme maghrébine se conjuguent aux craintes suscitées par une société inconnue. Fatima ne connaît pas le français et élève seule ses deux filles. Souad, la plus jeune, porte en elle le symbole d’une intégration difficile. Elle refuse ce que sa mère est devenue : femme de ménage aux petits boulots. Pour la plus grande, Nesrine, le salut passe par les études. Fatima tente de les supporter comme elle le peut et s’évade dans l’écriture. Sans tomber dans le sensationnalisme ni le fatalisme, Faucon ne fait pas de Fatima une martyre de l’exclusion, ni ne rejette la faute sur le « système ». Fatima le sait, son problème est de ne pas connaître le français. Les démarches administratives, les formulaires à remplir, sa condition repose sur ses seules épaules.

Condamnée au dur labeur, aux travaux rudes et mal payés, sa santé finira par le payer cher. Bien qu’inspiré par l’histoire de l’écrivaine Fatima Elayoubi, Fatima porte indéniablement la marque du réalisateur. La très courte durée du film – une constante chez lui – l’oblige à se concentrer sur l’essentiel, à simplifier son intrigue au maximum et à laisser une place importante au symbole et à l’ellipse, à l’image de Samia (qui durait moins de 75 minutes), au risque de paraître simpliste.

Mais cette marque distinctive le porte ici au sommet de son art. Souhaitons qu’un distributeur québécois distribue, au moins en VOD, l’oeuvre de ce cinéaste engagé. Elle est à bien des égards, unique et essentielle

Critique complète
Séquences
nº 300

(janvier-février 2016)
p. 21

Sortie
vendredi 5 février 2016
Version originale
arabe, français / s.-t.a. ; s.-t.f.

Genre : DRAME – Origine : France / Canada – Année : 2015 – Durée : 1 h 19 – Réal. : Philippe Faucon – Int. : Soria Zeroual, Zita Hanrot, Kenza Noah Aïche, Mehdi Senoussi, Yolanda Mpele, Franck Andrieux – Dist. / Contact : Filmoption.
Horaires : @ Beaubien Cineplex

CLASSEMENT
GÉNÉRAL / Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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