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Réal La Rochelle

28 décembre 2015

DE MUSIQUE, DE SON ET
D’IMAGES EN MOUVEMENT

Élie Castiel
Rédacteur en chef
HOMMAGE

Réal La Rochelle

© Presses de l’Université Laval

En cette période de fêtes, la nouvelle est tombée comme un couperet : le samedi, le critique de cinéma et musicologue Réal La Rochelle était porté disparu, causant l’inquiétude et le désarroi dans le milieu de la critique. Aujourd’hui, son décès est confimé. Même si au départ, dans notre inconscient, une idée fataliste nous avait parcouru l’esprit, c’est le choc, l’indignation, l’injustice, la rage, alors qu’il n’avait, apparemment, aucun problème de santé.

Dans ce fait divers, et pour nous véritable drame culturel, c’est d’abord ouvrir grand les yeux face à la fragilité de la vie, deviner les maux cachés du corps, mettre en évidence le hasard parfois tragique de l’impromptu. Mais c’est aussi et surtout la perte d’un homme discret mais non dépourvu d’un humour tout à fait particulier, d’un grand connaisseur de la musique de films, classique et d’opéra, d’un admirateur inconditionnel de Maria Callas sur qui il avait consacré des écrits, dont Callas : La diva et le vinyle, publié en 1987, et qui restera un document essentiel à une meilleure appréciation de la grande soprano (et tragédienne) grecque.

Dans le domaine de la critique, un certain recul est nécessaire pour atteindre le plus près possible l’objectivité. Réal possédait cette rare vertu. Il a collaboré au Séquences des premières années ; en 1966, dans le nº 47, son analyse de La sécheresse (Vidas secas), un des chefs-d’œuvre du Brésilien Nelson Pereira dos Santos confirme jusqu’à quel point la critique de cinéma peut être aussi importante que nécessaire pour une compréhension plus solide de l’art et de la vie. On soulignera aussi son excellent texte George Cukor et la critique dans notre revue 55, 1968. Il a abordé, entre autres, Norman McLaren et Denys Arcand, soulevant des points de référence que d’autres n’avaient pas nécessairement cernés. Réal admirait Federico Fellini et Pier Paolo Pasolini à leurs époques de gloire. Il a également été collaborateur à la revue 24 Images, sans oublier qu’il a travaillé dans le monde de l’éducation comme professeur. Sur ce point, Réal La Rochelle a enseigné le cinéma au cégep, formant ainsi une relève cinématographique non négligeable.

Mais ce qui est important de souligner, c’est avant tout que La Rochelle appartient à une race de critiques avec un bagage non négligeable de compétences dans plusieurs domaines de l’expérience humaine. Comme eux, il a su maintenir des rapports privilégiés avec l’histoire de l’art, la musique, le cinéma, la littérature, la politique et la vie. Sa disparition laisse un grand vide dans le milieu. Ses échanges intellectuels inébranlables, mais non dépourvus de logique et de détermination, vont nous manquer. Au revoir, l’ami !

  • En mon nom et en celui de l’équipe de Séquences, nous offrons nos plus sincères condoléances à ses proches.

Denys Arcand   Callas, l'opéra du disque  Callas_La diva et le vinyle

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