En salle

Realité

23 juillet 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Rêvant de devenir un vrai cinéaste, un caméraman décide de réaliser un film d’horreur, une histoire de postes de télévision qui suppriment la race humaine.

Réalité

MANIFESTE DU SURRÉALISME

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★ ½

Une chose est certaine : avec des cinéastes de la trempe du français Quentin Dupieux, nous sommes les témoins privilégiés d’une nouvelle race de faiseurs d’images qui tout en brisant le confort du statu quo, se délecte à créer des univers surréalistes le plus souvent de façon hallucinante.

Il y a quelque chose de politique chez ce cinéaste qui considère le médium cinéma comme s’il s’agissait d’un laboratoire en constante exploration. La mise en scène se métamorphose en quelque chose d’irréel, se permet des digressions avec le sujet (encore faut-il qu’il y en ait !), bouscule l’ordre établi et revendique son droit à la totale liberté. Le politique dans tout cela, c’est bel et bien une certaine forme d’anarchie créatrice, ou peut-être même d’une liberté acquise par autoproclamation.

Réalité est une surprise détonnante, un exercise de
style tout à fait fou qui, mine de rien, laisse transparaître
quelque chose qu’on peut appeler « âme », même si
cette étrange émotion que nous ressentons tous peut
parfois prendre des airs de rebelle subordination.

Après le phénomène Rubber (2010), à la fois provocant, optant pour une réalisation limithrophe, entre le récit linénaire et la tentation de foutre le bordel, l’irréel Wrong (2012) et Wrong Cops (2013), un peu moins abouti mais non pour le moins s’approchant du même style, Réalité se diffère d’abord par le choix délibéré des comédiens. C’est en fait un pari que de se permettre Alain Chabat, habitué des comédies grand public, et Élodie Bouchez, plus versatile, mais aux attentes publiques plus généralistes. Et pourtant, tous les deux assument ce nouvel environnement totalement déconnecté de la réalité, d’où le titre du film faisant référence à une sorte d’ironie bien calculée. Sans en avoir l’air, Dupieux calcule son propos, maîtrise ses images et n’est aussi déjanté qu’il en a l’air.

Mais avant tout, Réalité est un autre exemple d’un cinéma qui a bien digéré les conséquences de la mondialisation en matière de culture, et plus particulièrement en ce qui a trait au cinéma. Les origines hexagonales de Dupieux ne l’empêchent, comme tant d’autres cinéastes, surtout de sa génération, de tâter le terrain des autres cinématographies et de l’intégrer dans son cinéma. Pour Dupieux, c’est l’Amérique, ses mythes, ses tentations, ses absurdités et une adolescence souveraine qui perdure chez les personnages.

Et puis, la télévision, la grande coupable. Parce qu’elle abruti ses fidèles auditeurs, parce qu’elle ne cesse de multiplier les images, le plus souvent, superficielles. Tout est là. En fin de compte, Réalité est une surprise détonnante, un exercise de style tout à fait fou qui, mine de rien, laisse transparaître quelque chose qu’on peut appeler « âme », même si cette étrange énotion que nous ressentons tous peut parfois prendre des airs de rebelle subordination.

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 24 juillet 2015
V.o. : français, anglais
S.-t.f. / S.-t.a. > Reality

Genre : Comédie satirique – Origine :  France – Année : 2014 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Quentin Dupieux – Int. : Alain Chabat, Jonathan Lambert, Élodie Bouchez, Kyla Kennedy, Jon Eder, Eric Wareheim – Dist. / Contact : FunFilm.
Horaires : @ Beaubien Cinéma du Parc

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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