En salle

Le Commerce du sexe

30 avril 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Depuis une trentaine d’années et avec l’essor d’Internet, le commerce du sexe s’est développé à l’échelle planétaire jusqu’à devenir aujourd’hui une véritable industrie. Prostitution de luxe ou de rue, agences d’escortes, salons de massages, bars de danseuses, industrie de la pornographie ou tourisme sexuel… À qui profite réellement ce commerce qui fait du corps des femmes une marchandise exploitable?

Le Commerce du sexe

L’ARGENT DE LA HONTE

Charles-Henri Ramond
CRITIQUE
★★★

Après L’Imposture, long métrage présenté en compétition aux RIDM de 2010, Ève Lamont nous fait replonger avec Le Commerce du sexe dans l’univers sordide et dégradant de la prostitution au Québec. Alors que ce précédent film donnait la parole aux prostituées – démontrant ainsi toute la difficulté de se sortir de ce milieu – Lamont poursuit son devoir de conscientisation collective en dressant cette fois les contours d’une industrie malheureusement encore très profondément enracinée. Les dessous des clubs de danseuses, salons de massage et autres agences d’escortes se retrouvent décortiqués ici par l’entremise des témoignages du journaliste d’investigation Victor Malarek, de travailleuses du sexe et de clients (trop peu hélas osèrent se confier à la caméra semble-t-il). Autant de manifestations qui forgent l’image d’un milieu mafieux, honteux et rétrograde, mais dont les rouages complexes et les ramifications internationales glacent le sang.

Mais au-delà de l’aspect judiciaire, ce qui
serre la gorge, ce sont les voix brisées ou
les visages masqués de femmes battues et
avilies obligées à vivre dans l’ombre.

Car, encore en 2015, l’industrie du sexe a tous les atours d’une insupportable dégradation humaine orchestrée et manipulée par la pègre devant laquelle notre société ferme les yeux. La cigarette est réglementée, l’alcool contrôlé, la rage au volant criminalisée. Qu’en est-il de la pornographie sur internet ou du tourisme sexuel ? Sans poser de jugement sur les acteurs de ce système, Ève Lamont nous laisse face à nous-mêmes en jetant les bases d’un examen de conscience sur ce commerce nourri de préjugés dont l’éradication semble illusoire malgré les avancées et les progrès de notre « modernité ». Parmi les nombreux témoignages chocs, celui de ce producteur de films porno louant les grands canaux de télé pour leur importance dans la diffusion de ses films donnera au spectateur une bonne occasion de s’offusquer du laisser-faire généralisé.

Mais au-delà de l’aspect judiciaire, ce qui serre la gorge, ce sont les voix brisées ou les visages masqués de femmes battues et avilies obligées à vivre dans l’ombre. Des voix de victimes d’un esclavage tenace et non celles de femmes consentantes et libres de leurs choix comme on a trop tendance à le croire. Avec Le commerce du sexe, Ève Lamont nous livre certes un documentaire engagé, essentiel à la compréhension de notre monde, mais propose surtout un regard de femme qui s’insurge contre le sort réservé à certaines de ses compatriotes. Faisant preuve d’un montage rythmé, d’une réalisation efficace qui, grâce à ses caméras et micros cachés nous immerge dans l’enfer du milieu, le film dénonce haut et fort une industrie marquée par la honte. Souhaitons que ce ne soit pas qu’un prêche dans le désert.

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 1er mai 2015
VO : anglais, français
STF < Le Commerce du sexe

Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : Canada [Québec] – Année : 2014 – Durée : 1 h 16 – Réal. : Ève Lamont – Dist. / Contact : ONF.
Horaires : Excentris

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

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