En salle

Boyhood

24 juillet 2014

LE FILM DE LA SEMAINE

OURS D’ARGENT DU MEILLEUR RÉALISATEUR (Richard Linklater)
Festival de Berlin 2014

En quelques mots

Texte : Guillaume Potvin
Cote : ★★★  1/2

On attendait impatiemment ce nouveau film de Richard Linklater depuis la révélation qu’il était en préparation secrète depuis plus d’une décennie. L’annonce de sa sortie imminente aura su piquer la curiosité de par l’envergure inégalée de sa conception: suivant le cheminement de Mason (Ellar Coltrane) de son entrée à l’école primaire jusqu’à sa graduation du secondaire, Boyhood aura pris 12 ans à compléter, au rythme naturel de la maturation de son acteur principal.

Le regard singulier du réalisateur texan est reconnaissable dès les premières minutes de Boyhood. Ce même regard inquisiteur qui aura dressé le portrait définitif de la bohème contre-culturelle à Austin (Slacker), le même qui aura su retracer l’insouciance adolescente des années 70 (Dazed and Confused). Car ici, malgré un titre et une affiche suggérant une subjectivité juvénile (boyhood référant à un état d’être) l’attention du réalisateur n’est pas tant dirigée sur son protagoniste que sur le contexte social, familial dans lequel il évolue. Optant plutôt pour une lentille anthropologique et détachée, la caméra de Linklater parvient à traduire que par brefs moments cette manière de voir le monde à travers le filtre de l’enfance.

Les épisodes qui composent la trame narrative de Boyhood deviennent donc anecdotiques; plus révélateurs de leur climat politique ou des tendances culturelles du moment que de l’essence d’être garçon. Les quelques moments banals et subtilement éloquents du quotidien de Mason sont supplantés par les nombreuses scènes emblématiques qu’on aura déjà vu ailleurs, ici toutes réunies : rentrée scolaire, premier baiser, graduation. Ces scènes nous permettent d’être témoins d’un garçon devenant un jeune homme, certes, mais surtout d’un individu s’affranchissant graduellement. Si le fim parvient à mettre en évidence quoi que ce soit à propos du passage à l’âge adulte, c’est le changement fondamental qui s’opère lorsqu’un individu passe d’un rôle passif à un rôle actif. Et cela est mis en évidence merveilleusement par le télescopage temporel qu’aura permis la structure même de ce projet de si longue haleine.

Au final, le film fonctionne mieux comme capsule historique qu’en tant que chronique personnelle. On se souviendra de Boyhood dans dix ans non pas pour le peu qu’il dévoile sur l’expérience de maturation masculine, mais pour l’exploit d’avoir capté naturellement, au fil des années, un certain zeitgeist américain au tournant du millénaire.

Sortie : Vendredi 25 juillet 2014
V.o. : anglais
S.-t.f. – Jeunesse

Genre : CHRONIQUE | Origine :États-Unis – Année : 2014 – Durée : 2 h 45 – Réal. : Richard Linklater – Int. : Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater, Marco Perella – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc [dès le 1er août 2014] – Cineplex – Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.